1
10
3
-
https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/803708fcd9b99a388545ea3466233e48.pdf
604cf0bfd0e49894d3b3a04ae77a376e
Texte
Ressource textuelle
Text
Any textual data included in the document
Le Port de Bordeaux
[Légende illustration]
Au coucher du soleil, des mots. En double page, le quartier voisin des quais, pris du haut de la tour Saint-Michel; le grand pont sur le fleuve énorme, sur “cette eau épaisse de la Garonne ou l’azur ne se reflète pas”; un aspect du port qui “a été conçu à une époque d’harmonie, de mesure, où marins et architectes avaient le sens des proportions justes”. (François Mauriac)
Les tunnels de Lormont à peine franchis, vois Bordeaux étalé, collé au fleuve énorme et sale, –ce port que j’ai cru fuir à vingt ans– mais ai-je jamais rompu une seule amarre? Il faudrait que Bordeaux m’apparût comme un port entre mille autres. Mais, de Brienne aux docks, chacun des clochers qui dominent l’arc immense et gris des maisons, fixe un moment de ma vie. Non loin du pont que le train traverse, à deux pas des quais, la flèche de Saint-Michel jaillit du vieux quartier où mes ancêtres maternels, les Abribat, avaient, rue Sainte-Croix, leur raffinerie. Un peu plus loin, un beffroi construit par les Anglais, la Grosse Cloche, vit à ses pieds les magasins où un autre grand-père “parti de rien”, s’enrichit à l’enseigne du “Magot”: tissus, châles de l’Inde. Si mon œil continue de suivre la courbe de la rade et s’arrête sur le vaisseau de Saint-André, je me souviens qu’enfant le bourdon de la tour Pey-Berland me tenait éveillé durant les nuits de Noël. D’un balcon proche de l’antique primatiale, par les beaux soirs d’été, je choisissais un martinet entre tous ceux qui criaient au-dessus de la ville encore brûlante, je m’efforçais de ne pas le perdre des yeux, de ne pas le confondre avec les autres, j’attachais mon cœur à cette flèche folle.
[Légende illustration]
“Le vent”, un des macarons qui ornent la façade de la Bourse. Page 15, “le chef-d’œuvre de Gabriel, la Bourse” qui “apparait, à l’extrémité du cours du Chapeau-Rouge, se détachant sur le fleuve fumeux, plein de voiles et de mats, pareille à ces architectures qui, dans les toiles du lorrain, sont dorées par le soleil déclinant sue la mer.”… “Cette bourse pourrait s’élever au bord d’une mer paisible, mais on ne l’imagine pas bravant les humeurs sombres de l’Atlantique”.
Au sommet de l’arc, au centre même du port, les colonnes rostrales s’élèvent, marquant l’entrée des Quinconces où, pendant les foires de mars et d’octobre, l’odeur des pommes de terre frites, des beignets, était plus forte que les relents de goudron, de vase et de marée qui règnent sur les quais grondants. Les sifflets des manèges, les orgues de Barbarie rassuraient le collégien casanier que j’étais et leur tapage recouvrait les sirènes des bateaux en partance, le sourd tumulte du trafic, des manœuvres à bord et des appareillages. Depuis les chevaux de bois qui me donnaient un peu mal au cœur, je voyais une grande voile grise glisser sur un fond de banlieue et d’usines.
Je ne m’accoudais qu’un instant à la balustrade qui sépare la place des quais: je me penchais sur ces pavés gras, où les chevaux glissaient, au milieu des jurements des charretiers, mais je ne tardais guère à tourner le dos à la vie dure et mauvaise du port, et remontais, parmi les musées Dupuytren, les tentations de Saint-Antoine, les dompteuses de puces, les géantes, les Aérogynes et les Galatées vers la colonne des Girondins. Aucun architecte n’a osé réclamer la paternité de cette chandelle blanchâtre flanquée d’allégories mafflues, et qui déshonore la rade. Je me souviens du beau bassin rond qui autrefois, à cette même place, reflétait le ciel. Suivons toujours la courbe du port: à mesure qu’elle s’étend vers l’ouest, la ville me devient plus étrangère; là-bas ce sont les docks, le bassin à flot, où mon enfance ne s’aventurait guère. Non que le port ne fût toujours présent dans ma vie: je le sentais proche, comme un être immense et redoutable dont je fuyais l’aspect hostile. Mais le brouillard qui baignait les vieux quartiers était son haleine. L’haleine du monstre mouillait les trottoirs où je courais, le matin, vers la pension; les cris déchirants de ses bateaux me faisaient peur, et aussi le halètement de la locomotive qui trainait le long de la Garonne des wagons de marchandises. Pourquoi aurais-je hanté le port? C’était lui qui me hantait, qui m’obsédait.
D’ailleurs, à vol d’oiseau, quelques centaines de mètres m’en séparaient. Au bout d’une rue, que ce fût le Cours d’Alsace, le Cours du Chapeau-Rouge ou la rue Esprit-des-Lois, soudain j’apercevais une voile, elle bougeait, disparaissait derrière les maisons.
Parfois, collégiens, nous longions les quais, en promenade. Les hangars corrects, qui s’y élèvent aujourd’hui et qui empêchent de voir la rivière, n’existaient pas encore; barriques, caisses, ballots, tout s’entassait en vrac sur les pavés poisseux où stagnaient des flaques de vin. De lourds anneaux de fer rouillés retenaient des câbles dans lesquels je faisais semblant de m’entraver et mon œil sondait, entre la pierre du quai et le flanc calfaté du navire, l’abîme d’eau bourbeuse, cette eau épaisse de la Garonne où l’azur ne se reflète pas, d’un jaune horrible et telle que de s’y jeter ‘a toujours paru être le signe du désespoir le plus amer.
Les dockers roulaient des barriques dans nos jambes, les grues balançaient au-dessus de nos têtes des caisses peut-être mal attachées; et parfois la chaine s’abaissait sur nous, une mâchoire de fer semblait hésiter autour des écoliers et chercher une proie. Aux docks, il fallait se hâter de traverser le pont avant qu’il ait tourné pour laisser le passage à un navire. Les histoires de naufrage que nous avions lues revêtaient de poésie les transatlantiques et les bâtiments des Messageries Maritimes. Ils illustraient pour nous ces récits qui demeuraient la part la plus vivante de notre vie. Les chaloupes attachées à leurs flancs attestaient la réalité des naufrages. Je voyais Mme de Réan et Sophie précipitées dans un de ces canots. Ce vieux marin qui fumait sa pipe, c’était Pankroff, de l’Ile Mystérieuse. Plus tard, la poésie des docks se concentra dans les bouges où des marins étrangers jouaient aux cartes avec d’effroyables filles. Il ne faisait pas bon passer par là, disait-on, à la nuit tombée. Sur les quais, on était presque toujours suivi… Quand on allait au bal dans une maison sur le port, il fallait emporter son révolver…
En ce temps-là, les deux pylones du pont transbordeur inachevé ne s’élevaient pas encore. Ils se dressent, inutilisables depuis des années: des ingénieurs se sont trompés dans leurs calculs; Bordeaux est le seul port du monde où des Polytechniciens auront construit quelque chose d’inutile: ces pylones qui ne supportent rien, hors, parfois, un oiseau de passage.
D’ailleurs Bordeaux ne peut-il se passer de pont transbordeur? A-t-il tant de marchandises à transborder d’une rive à l’autre? Ville charmante et molle, Bordeaux n’a jamais pu franchir l’obstacle du grand fleuve au flanc duquel elle s’endort un peu. Napoléon a construit le fameux pont de pierre dont les arches nombreuses barrent la route aux voiliers, et les quartiers en amont du fleuve en ont perdu peu à peu toute vie. Mais la rive droite ne semble guère avoir tiré bénéfice de ce pont. Après un siècle, la Bastide demeure un grand faubourg. Sans doute, du côté de Lormont, les Chantiers de la Gironde continuent de travailler pour notre marine et il s’est élevé, de ce côté-là, assez d’usines de produits chimiques pour empoisonner les Bordelais qui possèdent un château sur ces coteaux heureux.
Il n’empêche que les quais construits sur la rive droite, lors de l’invasion américaine de 1918, supportent des files de grues endormies qui attendent la prochaine guerre pour se réveiller. Rien ne décidera Bordeaux à s’étendre sur l’autre rive et les pylones du transbordeur sont les deux bras inutilement étirés de la ville engourdie.
[Légende illustration]
A gauche, la place et l’église Sainte-Croix, vieux quartier où les ancêtres maternels de François Mauriac avaient leur industrie. “De Brienne aux docks, dit avec émotion le grand écrivain, chacun des clochers qui dominent l’arc immense et gris des maisons, fixe un moment de la vie.” Ci-dessus, les nobles flèches de la cathédrale Saint-André, à laquelle est attenante la tour Pey-Berland.
Elle n’a d’ailleurs pas non plus cherché à s’agrandir du côté de la terre; quand les Bordelais, en parlant de leurs quais, disent “la façade”, ils usent du terme le plus juste. Cette cité immense qu’admirent depuis le train, les voyageurs de Paris, n’est qu’un trompe-l’œil: derrière les Quinconces, voici ramassés sur un étroit espace le ravissant Théâtre, le Cours de l’Intendance, les Allées de Tourny, la place Gambetta. Puis plus rien: de vagues rues bordées de maisons sans étage rejoignent les boulevards extérieurs, sinistres, toujours vides, sauf une fois l’an, le mercredi des Cendres, lorsque de sordides cavalcades roulent vers Caudéran.
[Légende illustration]
A droite, la fontaine de la place de la Bourse. Ci-dessous, la grosse cloche. (L’aspect général de l’édifice rappelle un peu celui de la grosse horloge de Rouen). Encore un lieu plein de souvenirs pour l’écrivain: “Un beffroi construit par les anglais, la grosse cloche, vit à ses pieds les magasins où un autre grand-père, parti de rien, s’enrichit à l’enseigne du magot”.
Ce port du dix-huitième siècle, dont presque toutes les maisons sont de proportions parfaites et ornées de balcons du style le plus pur, avait été créé pour accueillir des galères, des frégates, des voiliers. Il est à la mesure des légers vaisseaux d’autrefois. Moins paresseux que je ne l’ai dit, Bordeaux, à mesure que les bateaux grossissaient, devenaient monstrueux, creusa son cheval. Il a lutté contre la vase du fleuve. Cet été encore, le fameux Atlantique, lui-même, qui a fait à Bordeaux, son port d’attache, l’affront de ne pas remonter au-delà de Pauillac, aurait pu, s’il y avait consenti, jeter l’ancre non loin des Quinconces. (Les assureurs ne l’ont pas voulu.) Spectacle étrange que celui de ces bâtiments énormes engagés dans un fleuve, comme s’ils subissaient l’attrait périlleux de la terre, comme s’ils voulaient s’y avancer, s’y enfoncer le plus possible, insolites, pareils à des goélands qui s’aventurent au-dessus des vignes et rasent les vagues immobiles des collines. Tel est le drame du port de Bordeaux: il a été conçu à une époque d’harmonie, de mesure, où marins et architectes avaient le sens des proportions justes. Cette relique de l’ancien régime, avec ses ferronneries, ses balustrades, s’épuise à tenir son rang dans un temps où il faut atteindre au gigantesque. Sans doute n’est-il pas au monde un port fluvial qui le dépasse en beauté.
[Légende illustration]
“… Au centre même du port, les colonnes rostrales s’élèvent, marquant l’entrée des quinconces… Les sifflets des manèges, les orgues de barbarie rassuraient le collégien casanier que j’étais et leur tapage recouvrait les sirènes des bateaux en partance… Depuis les chevaux de bois…, je voyais une grande voile grise glisser sur un fond de banlieue et d’usines.”
Lorsque le promeneur s’arrête à l’angle des Allées de Tourny et du Cours de l’Intendance, le chef-d’œuvre de Gabriel, la Bourse, lui apparaît, à l’extrémité du Cours du Chapeau-Rouge, se détachant sur le fleuve fumeux, plein de voiles et de mâts, –pareille à ces architectures qui, dans les toiles du Lorrain, sont dorées par le soleil déclinant sur la mer. Un des rares ports du monde où les palais et les vaisseaux se touchent, où les bâtiments immobiles construits par les architectes d’autrefois et ceux qu’édifient les ingénieurs d’aujourd’hui pour traverser l’Océan, confondent leurs pavillons, leurs attiques, leurs cheminées en une éphémère harmonie.
Cette Bourse, de Gabriel, pourrait s’élever au bord d’une mer paisible, mais on ne l’image pas bravant les humeurs sombres de l’Atlantique. Le paisible Bordeaux attire à lui les vaisseaux fatigués, le plus loin possible du golfe de Gascogne aux tempêtes effrayantes. A Bordeaux, l’Océan lointain ne se manifeste qu’au long de ces nuits dont j’ai gardé le souvenir, où les cheminées tombaient dans les rues; les contrevents claquaient, une porte s’ouvrait seule dans les greniers. On nous disait de prier pour les marins perdus.
Cette noble ville délicate et dont les proportions ne sont pas à l’échelle du monde moderne, fait commerce d’une merveille que les barbares d’aujourd’hui ne savent guère apprécier. Ces barriques, sur les pavés des quais, renferment le vin qui, entre tous les vins, exige pour être goûté une extrême finesse de goût, d’odorat, la plus savante éducation du palais. A chaque aristocratie qui meurt, Bordeaux s’appauvrit. La chute d’un trône, la disparition d’une cour impériale ou royale ébranle la ville de Louis XVI. La victoire des démocraties lui a été fatale. Les grands-ducs fatigués, les lords spleenétiques qui ne peuvent plus boire supportent encore un bordeaux très vieux, dépouillé de tout ce qui n’est pas “le bouquet”.
Hélas, ce n’est plus seulement de se vins que l’humanité se détourne. L’an dernier encore, aux docks, les poteaux de mine entassés composaient une étrange ville, à l’odeur de résine et de cendre: car beaucoup de ces pins avaient été incendiés et portaient encore sur leurs flancs la trace des flammes. Et moi qui connais le triste pays où ils ont germé, saigné, souffert, où ils ont été consumés, j’évoquais cette terre avare dont le sable se distingue à peine de la cendre. Sous le terrible soleil qui transformait en damnés les dockers demi-nus, sur ces pavés souillés de charbon et d’huile, tandis que criaient les sirènes, que haletaient les remorqueurs, je retrouvais en moi la secrète fraîcheur des sources dans les Landes; beaucoup de ces pins, dont les cadavres s’entassaient au bord du bassin à flot, avaient eu, pendant des années, leurs pieds caressés de fougères arborescentes. De rapides ruisseaux avaient reflété ces troncs écailleux, pareils à des poissons. Je les plaignais comme s’ils eussent été vivants, comme s’ils eussent été arrachés à leurs forêts innocentes par des négriers féroces, jetés dans les entreponts ensevelis au fond des mines anglaises, séparés à jamais du soleil, de l’humus et des sources.
Mais l’Angleterre n’a plus besoin de poteaux pour ses mines. La vieille grande dame ruinée était, depuis des siècles, la cliente de cette Aquitaine, sur laquelle elle avait régné. Que deviendrons-nous sans l’Angleterre? A ce malheur, s’ajoutent les désastres coloniaux, les drames du caoutchouc, du rhum. Triste Burdigala! Sa noble façade ravagée ne verra plus, de longtemps, les lustres s’illuminer derrière les vitres des salons aux boiseries merveilleuses. Armateurs, négociants luttent avec angoisse contre un monde nouveau, un monde inconnu, barbare, qui se passe de vin, qui s’est ravalé jusqu’à ne plus croire que le vin soit de première nécessité. Et la ruine du négoce entraînera la nôtre, car paysans, nous vivons de nos bois et de nos vignes.
[Légende illustration]
A gauche, le cours du pavé des Chartrons qui dresse les belles façades de ses maisons Louis XVI (demeures de l’aristocratie) entre la place des Quinconces et le cours du Jardin public, non loin de la Garonne. Ici la statue de Montesquieu, elle rappelle que l’illustre auteur de l’esprit des lois naquit en Guyenne (au château de la Brède) et fut président à Mortier au parlement de Bordeaux.
[Légende illustration]
Un charretier sur le quai de Bacalan. “Parfois, collégiens, nous longions les quais en promenade… Les hangars corrects qui s’y révèlent aujourd’hui et qui empêchent de voir la rivière, n’existaient pas encore: barriques, caisses, ballots, tout s’entassait en vrai sur les pavés poisseux…” Page 23, au-dessus d’un pylone du transbordeur inachevé, une huilerie que la verve bordelaise a surnommé Notre-Dame-des-Cacahuettes.
Mais elle peut attendre des jours meilleurs, la vieille ville d’un vieux pays. Elle demeure détentrice d’une richesse qui ne lui sera pas ôtée. Derrière la noble façade, la forêt landaise attendra ce qu’il faudra et le ciel de Guyenne, les tièdes cailloux consommeront chaque année le miracle qui transmue le jus de la vigne blanche et rouge, en cette liqueur de soleil, en ce vin léger et bouqueté. Et plus le temps passera, et plus les nations oublieront le goût du bordeaux, et plus, dans les chaix ténébreux du port, il se débarrassera de sa verdeur, s’enrichira de vertus. En ces années de surproduction, les marchandises des autres ports s’abîment et pourrissent. Mais Bordeaux couve, sous ses voûtes illustres, des milliers de bouteilles qui auront passé le temps de la crise à atteindre la perfection par le dépouillement.
Ne plaignons pas trop la vieille ville de Montesquieu et de Montaigne, ni la race qui, alentour, cultive la vigne, cueille des pêches et des abricots, résine les pins, engraisse la volaille, recouvre de papier huilé les terrines où le confit de canard et d’oie embaume les grandes cuisines dans le parfum de sa suave graisse. La livre peut baisser et le dollar aussi, mais les aloses, au printemps, remonteront toujours la rivière, bien au-delà de Bordeaux, pour transformer le carême girondin en un temps de liesse.
J’ai vu des étrangers sourire de ce port désuet, de son outillage. “Si vous connaissiez les quais de Hambourg…” Comment leur rendre sensible cet accord entre l’architecture du XVIIIe siècle français et les vins glorieux dont le commerce anoblit ceux qui le pratiquent? Quand l’Amérique ne sera plus sèche et que la livre aura remonté, quand le monde, rendu à la mesure et à la raison, aura compris que les bateaux ne doivent pas être trop grands pour s’engager dans l’estuaire d’un honnête fleuve de chez nous, quand les nouveaux riches ruinés se seront de nouveau enrichis et, affinés par le malheur, ayant enfin accompli l’étape nécessaire, sauront préférer au Lafite à tout autre vin rouge, Bordeaux connaîtra de nouveau des temps heureux. Le plus beau port fluvial du monde en deviendra le plus fortuné. Des forêts de voiles, de mâts et de cheminées peupleront, jusque devant les Quinconces, la grande rivière jaune. Les Chiliens, les Argentins, les Créoles de la Martinique, les fils des rois nègres débarqueront de bateaux qui ne seront pas arrêtés à Pauillac, et, les poches pleines de piastres, ils iront, la terre à peine touchée, boire au Chapon Fin une bouteille vénérable, qui aura attendu sans faiblir le retour de l’âge d’or.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1931-12-01
Title
A name given to the resource
Le Port de Bordeaux
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Art et médecine
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0012
Source
A related resource from which the described resource is derived
1re année, n°3, p.12-23
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32702568b.public" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
-
https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/8c4b0b1129f0df8d1b12683046ea0ec0.pdf
790fad77f7b2111b69207d1d3c29c219
Texte
Ressource textuelle
Text
Any textual data included in the document
L’Esthétique de la sécurité dans le renoncement
Lorsque les circonstances m'obligèrent à meubler un nouveau logis, je n'eus pas recours à des principes esthétiques depuis longtemps conçus. La nécessité, plus que le goût, avait fixé mon choix sur l'un de ces immeubles blêmes qui surgissent partout où il fleurissaient, naguère, les derniers lilas d'Auteuil.
Bien qu'il soit entendu que l'on y possède son appartement, ce n'est pas assez de dire que l’on s'y sent très peu chez soi et qu'il ne faut pas espérer d'éternuer à l'insu du voisin. C'est un marché où l'on ne gagne rien, mais où l'on perd, en revanche, le droit d'être soi-même: nul doute que la vie de famille ne soit épiée et interprétée par les voisins de palier, d'en dessus et d'en dessous.
Entre ces semblants de murs, je n'ai vu que ce qu'il ne fallait pas faire. Et d'abord, impossible d'imiter, dans les cellules d'un immeuble moderne, les styles des grandes époques classiques. D'autre part, comment vivre au milieu d'un mobilier 1930? Comment transformer chaque pièce en un stand des arts décoratifs? D'ailleurs, pour des raisons à la fois financières et sentimentales, j'étais résolu à ne pas renier mes vieux fauteuils Régence (anciens, mais à la façon du couteau de Jeannot, car ils durent changer souvent, an cours des siècles, de pieds et peut-être de bras).
[Légende illustration]
A gauche, le grand salon de François Mauriac: murs blancs, fauteuils régence en bois naturel non ciré, recouverts de toile bise à gros grains, canapé moderne en cuir tabac blond clair, portes en paille. Ici, la salle à manger “Anglais 18e”, meuble acajou, rideaux de grosse toile.
Mon ami Jean-Michel Frank voulut bien me prêter quelques-unes de ses lumières, et, oublieux un instant de sa clientèle milliardaire, appliquer son esprit aux sordides problèmes que je lui proposai. Il les résolut, en badigeonnant de blanc les murs, comme dans les métairies de mon enfance. Après avoir décapé les fauteuils, dont les bois eussent été trop noirs, il les recouvrit de toile bise, et suspendit aux fenêtres des rideaux de ficelle. Ce siècle aura inventé une ruineuse pauvreté et cette étrange indigence qui n'est pas à la portée de toutes les bourses. Il avait même été question de recouvrir un divan de cette toile à laver dont les femmes de journée se servent pour le ménage. Mais je reculai devant une telle folie, et me contentai de la simple peau de vache. Les ravissantes portes de paille inventées par Jean-Michel Frank, un escalier en staff (défense de se servir de la rampe) achevèrent de donner “à mon délicieux home” un cachet vraiment moderne.
[Légende illustration]
La rue d’Auteuil, où habite François Mauriac: “La nécessité plus que le goût, avait fixé mon choix sur l’un de ces immeubles blêmes qui surgissent partout où fleurissaient, naguère, les derniers lilas d’Auteuil…” Malgré l’avenante blancheur des façades et malgré les arbres qui donnent ici tout ce qu’ils peuvent d’amitié, il semble que le maître écrivain garde une prédilection pour les forêts, les pampres et le soleil de sa Guyenne.
Mais ce qu'il faut admirer surtout dans la mode actuelle, c'est ce vide dont elle n'a pas horreur et qui est au fond sa grande découverte. Rien sur les murs, rien sur les meubles; pas de couleur, hors le blanc et le beige. Aucune faute de goût ne semble plus à craindre: c'est l'esthétique de la sécurité dans le renoncement.
Comme on dît d'un estomac qu'il ne tolère plus rien, le goût moderne fatigué vomit les bibelots et les tableaux des jeunes maîtres achetés 20.000 francs en 1925 et dont personne ne veut plus, même pour rien. Et il faut reconnaître qu'à l'âge où je suis parvenu, cette formidable purge ordonnée par le docteur Frank est fort salutaire: il y avait encore, après vingt ans, des cadeaux de mariage qui n'étaient pas encore empiètement éliminés, des bonbonnières, des vases de Martine.
L'Esthétique, aujourd'hui, a donc recours à la “table rase”, mais ne remplace pas ce qu'elle supprime. Du moins, cet étrange luxe du rien nous aidera-t-il à recréer la cellule nue où le philosophe suivait sa pensée, où le chrétien trouvait son Dieu? Je ne crois pas calomnier les décorateurs d'aujourd'hui en affirmant qu'ils n'y songent guère. La suppression de presque tout ce qui n'est pas le divan –ce divan-omnibus fait à souhait pour entasser quantité de sardines humaines– les tables basses qui ne sont à portée que des personnes vautrées, et d'où la lampe qu'on y pose ne saurait éclairer ni l'ouvrage à l'aiguille, ni le livre ouvert sur les genoux, tout cela nous incline à penser que ce dépouillement ne ressemble en rien à celui qui nous est recommandé par l'Évangile. Au vrai, l'homme désire de moins en moins fixer ses traces sur la terre. Nos appartements trahissent l'état d'esprit de gens qui ne croient pas au lendemain. On dirait que nous sentons venir l’époque où des “camarades” disposeront des cubes d'air et des mètres carrés auxquels nous n'aurons plus droit. Sur mes murs blancs, j'imagine déjà des dessins au charbon et les cœurs percés de flèches dessinés par des voyous que nous n'aurons pas invités.
[Légende illustration]
Le cabinet de travail, aux meubles recouverts de toile beige et aux murs tapissés de livres. Toutes les grandes œuvres de la littérature, qui exaltent ou consolent, et celles aussi qui charment ou délassent tous les bons et surs compagnons de l’homme de pensée sont là, sur ces rayons. Ils voient l’auteur célèbre de “Genitrix”, du “Baiser au lépreux”, du “Nœud de vipères”, continuer leur plus haute lignée.
Peut-être le hasard est-il le meilleur des ensembliers? J'écris ces lignes dans le vieux salon de Malagar, où l'on n'a point cherché à faire le vide, mais où, au contraire, les ventes, les héritages, les partages ont amené des quatre coins de ma famille les meubles les plus disparates. C'était ce que ma mère appelait un “fourre-tout”. Il n'est pas une maison d'un de mes grands-parents qui, avant de disparaître, n'ait laissé ici quelques épaves. Presque rien de voulu dans l'arrangement, sauf peut-être ce verre d'eau en opaline qui devrait être dans une chambre et qu'on a descendu pour faire bibelot. Tout le reste, ce sont les circonstances qui l'ont apporté. Tel qu'il est, cet humble salon me semble vivant. Chaque objet a de la mémoire et je raconte à mes enfants ce dont il se souvient. De tous les horizons paternels et maternels, de Bordeaux, de Langon, l'acajou Louis-Philippe est venu se mêler au palissandre Second Empire. Mon portrait et celui de mon fils aîné, peints par Jacques-Emile Blanche, ont perdu ici leur caractère moderne et sont déjà de vieux portraits de famille. Le privilège d'un tel ensemble, c'est que tout s'y incorpore, y prend sa place, selon les lois d'une harmonie non préconçue et qui est celle même de la vie. Si je ne possédais cette très humble maison des champs, dont les murs épais conservent tant de reliques, peut-être me résignerais-je moins volontiers à l'appartement d'Auteuil et à ses murs sans histoire.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1932-10-01
Title
A name given to the resource
L’Esthétique de la sécurité dans le renoncement
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Art et médecine
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0010
Source
A related resource from which the described resource is derived
2e année, n°13, p.36-39
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32702568b.public" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
-
https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/6bfffdba8df9e5972d8dedf57fd4ee68.pdf
33d38c21f76d2c51e8b13ececab514d4
Texte
Ressource textuelle
Text
Any textual data included in the document
Malagar
J’écrivais sur Malagar tout ce qui me venait à l’esprit et au cœur. Autour de Malagar, cristallisaient mes souvenirs innombrables. La pensée ne me venait pas que mes dires pussent être, un jour, contrôlés. La chaleur des étés de mon enfance s’accumulait sur cette terrasse. Cette immense plaine muette, je ne la voyais pas directement, mais reflétée par des regards aujourd’hui éteints. Au vrai, Malagar vivait au dedans de moi sans que j’eusse jamais songé à le confronter avec ce vignoble à trois kilomètres de Langon, avec cette maison, ces communs, ces quelques arbres malades.
[Légende illustration]
La vigne de Malagar, objet des soins attentifs de François Mauriac. –Le Médecin, l’Écrivain, le Prêtre: trois frères Mauriac, trois missions noblement remplies. –La maison familiale.
Tel est l’inconvénient de la notoriété auquel je ne m’attendais guère: on veut connaître ce Malagar où tant de mes héros ont vécu, ont souffert. Pour la première fois, je m’efforce de le contempler avec les yeux d’un visiteur étranger. Je m’applique à me rendre compte de ce qu’il en reste, lorsque je le dépouille de tout ce dont ma poésie l’avait revêtu, et que j’en retire tout le sang dont je l’avais gonflé. J’oblige les vivants, les morts, les êtres inventés, ce peuple nombreux de fantômes que j’avais lâché dans ces allées, sous ces charmilles, à se replier, à disparaître.
Que dira-t-on, devant ce Malagar réduit à n’être plus que ce qu’il est réellement? Déjà, les airs déçus de certains visiteurs me reviennent en mémoire: “Ça, la terrasse de Malagar?... Où sont les charmilles?... Quoi? ces buissons?”
Oui, qu’est-ce en somme que Malagar? On monte une côte, dans le soleil. On traverse une maigre garenne, devant les communs. La terre ici n’aime pas les arbres; et les hommes, eux non plus, ne les aiment pas. La terre, sèche et dure, les nourrit mal. Centenaires, les miens sont petits et rabougris. Comme partout en France, beaucoup d’ormes meurent. (Les grand’routes sont bordées de ces cadavres qui ne pourrissent pas et dont l’anéantissement s’accomplit sans odeur.) Souvent une seule branche est atteinte; j’ordonne qu’on la coupe; l’arbre reprend; son agonie se prolonge. Mais parfois, l’orme le plus vigoureux est frappé d’apoplexie. D’un seul coup, il se dessèche comme le figuier maudit.
La garenne traversée, s’étendent les vastes hangars agricoles sous lesquels ouvrent l’étable, l’écurie, les logements des charretiers. Pourquoi mon grand-père a-t-il fait construire ce ridicule chalet de l’homme d’affaires, tout en hauteur, que l’on voit de dix lieues à la ronde, qui domine et écrase ma propre maison, et qui faisait dire à un paysan autrefois, que Malagar ressemblait à une “basque escornade”? (à une vache n’ayant plus qu’une corne).
Nous débouchons devant l’habitation, côté nord. Pas de perron. Dans la plupart de mes romans, je n’ai pas hésité à en construire un. Réparations imaginaires et qui ne coûtent rien. Je me contente d’un tertre bordé de sauges. Façade plate, sans autre ornement que la “génoise” au long des toits, qui orne toutes les maisons de maîtres, dans le Midi (mais qui n’est pas, ici, connue sous le nom de génoise). Mon grand-père a coiffé le pavillon central d’un lourd chapeau d’ardoises. Dieu merci, les deux ailes, les chais, le cuvier ont gardé leurs vieilles tuiles rondes. Édouard Bourdet m’a dit: “La première chose que je ferais serait d’enlever ces ardoises”. Je ne causerai pas ce chagrin aux mânes de mon grand-père qui s’est donné tant de peine pour déguiser sa maison en château (et jusqu’à le flanquer d’une tourelle supplémentaire). Enlever les ardoises? Je n’ai pas envie que mes paysans me prennent pour un fou!
De ce côté-là, une grande prairie descend en pente douce vers les coteaux de Benauge, derniers vallonnements de ce pays perdu, appelé l’entre-deux-mers; –paysage que j’aimerais, me semble-t-il, même si ma grand’mère et ma mère ne l’avaient tant chéri, même s’il n’eût pas enchanté André Lafon et si mon ami n’en eût pas rêvé en 1914, grelottant sous une tente du camp de Souges: “La prairie où le foin est peut-être en meules; les routes endormies sur lesquelles, tous ces soirs-ci, la lune a dû veiller…” écrit-il dans une des dernières lettres que j’ai reçues de lui.
A gauche, vers l’ouest, s’étend la vigne, dans le sommeil de la sieste, ou dans l’approche du crépuscule; la vigne, pour moi vivante, heureuse, souffrante, pressant contre elle ses grappes; mille fois menacée: les orages, la grêle, la canicule, la pluie; sans compter les maladies aussi nombreuses que celles qui atteignent les créatures humaines. Impossible à son maître de la voir du même œil que le visiteur indifférent.
Traversons le vestibule où, comme tous les enfants de toutes les grandes vacances, les miens, vautrés sur le divan, attendent que la chaleur soit tombée. Au sud, la cour brûle, entre les chais longs et bas. Deux piliers délimitent le panorama qui est la gloire de Malagar; les vieilles charmilles descendent vers la terrasse et le point de vue: Saint-Macaire, Langon, les landes, le pays de Sauternes. Que de fois ai-je décrit cette plainte “où l’été fait peser son délire”! Ce brasillement sur les tuiles et sur les vignes, ce silence de stupeur, tout cela existe-t-il “en soi”? A force d’avoir été contemplé par les êtres que j’ai aimés et par ceux que j’ai inventés, ce paysage est devenu pour moi humain, trop humain; divin aussi. A travers lui, je vois les ossements des miens qu’il révèle et dans chacune de ces pauvres églises dont les clochers jalonnent le fleuve invisible, la petite hostie vivante.
Tant pis! J’oserai dire ce que je pense: paysage le plus beau du monde, à mes yeux, palpitant, fraternel, seul à connaître ce que je sais, seul à se souvenir des visages détruits dont je ne parle plus à personne, et dont le vent, au crépuscule, après un jour torride, est le souffle vivant, chaud, d’une créature de Dieu (comme si ma mère m’embrassait). O terre qui respire!
A droite des charmilles, quelques bosquets: buis antiques, lauriers, les séparent de la vigne embrassée. A gauche, un verger, une allée de tilleuls qui longe la vue. Remontons vers la maison. Ouvrant sur le vestibule, une grande pièce que je me suis réservée, où les mouches bourdonnent dans l’odeur des murs salpêtrés. J’ai souvent décrit (Le Nœud de Vipères) cet acajou, ce palissandre, ces bibelots laissés là par les générations, comme les coquillages des marées successives… Lieu excitant pour le travail; véritable “forcerie” à l’usage du romancier où les livres mûrissent en trois semaines, où, bousculé par le démon, j’écris si vite que je ne puis même plus me relire si je néglige de dicter, le soir même, mon travail de l’après-midi. Pièce où je vivrai seul lorsque la rentrée aura ramené à Pairs mes enfants, où je demeurerai enfermé, au long de ces soirées pluvieuses d’automne qui sentent le pressoir, le vin nouveau, la brume.
Tel est Malagar. Et ces pages témoignent de mon impuissance à en réussir une description objective; d’ailleurs ai-je jamais rien pu décrire sans fermer les yeux? Il me reste d’espérer que les amis inconnus qui graviront un jour cette colline, n’auront aucune peine à passer par moi pour atteindre le vieux domaine. Puisque leur puissance imaginative leur permet de se plaire à mes pauvres inventions, ils sauront aussi ne pas en croire le témoignage de leurs yeux, et substituer au décor trop réel de la vie campagnarde, le monde sombrement enchanté où mes héros aiment, souffrent et meurent seuls. Pas plus qu’à moi-même, Malagar ne saurait apparaître à mes lecteurs tel qu’il est. Ils verront ici ce que les autres ne voient pas. Même après ma mort, tant qu’il restera sur la terre un ami de mes livres, Malagar palpitera d’une sourde vie… Jusqu’à ce que ce dernier admirateur soit, lui aussi, endormi. Alors Malagar redeviendra une propriété de vingt hectares plantés en vignes de plein rapport, située sur la commune de Saint-Maixant, à quarante kilomètres de Bordeaux, et où l’on récolte un bon vin, genre Sauternes, bien qu’il n’ait pas droit à l’appellation. Point de vue magnifique sur la vallée de la Garonne; maison de maître; vastes communs… Que de fois ai-je imaginé, dans une étude de campagne, l’affiche rose, la mise à prix que déchiffre un maquignon enrichi!
[Légende illustration]
Mme François Mauriac. –L’auteur du “Baiser au lépreux”, du “Désert de l’amour”, du “Nœud de vipères”, du “Mystère Frontenac”, naguère appelé, par l’Académie française unanime, à siéger sous la coupole. Il regarde ici sa terre: “Paysage le plus beau du monde à mes yeux, palpitant, fraternel, seul à connaître ce que je sais, seul à se souvenir des visages détruits dont je ne parle plus à personne…”
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1934-01-01
Title
A name given to the resource
Malagar
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Art et médecine
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0011
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32702568b.public" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
Source
A related resource from which the described resource is derived
4e année, n°28, p.21-25