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L'esprit de parti n'a jamais rien inspiré de plus étonnant qu'une note de M. Ramon Fernandez dans la Nouvelle Revue Française sur les événements du 6 février: ce que ce critique de gauche nous invite à admirer, à droite, c'est “l'unité que créent naturellement possession et l'intérêt...”!
“La possession et l'intérêt”, voilà donc ce qui avait soulevé ces anciens combattants, ces petits bourgeois, ces étudiants! Et ils n'entraient pour rien dans les manœuvres de la Maçonnerie aux abois! Mon cher Fernandez, vous vous moquez de nous!
C'est contre l'argent volé, ou plutôt contre les puissances de l'Etat mises au service de l'argent volé, que Paris se dressa, le 6 février; et, depuis, nous avons vu pire: ce qui donne toute sa signification à l'assassinat du conseiller Prince, c'est l'aveu public de M. Albert Sarraut, ministre de l'Intérieur, touchant la nécessité de ne pas révéler le nom de la personne qui a remis au policier Bony les talons de chèques, “pour ne pas l'exposer à des représailles”.
L'Etat, lui-même, tremble donc aujourd'hui devant le pouvoir occulte dont il s'est servi, qu'il a servi peut-être, et dont nous, catholiques, nous connaissons le véritable nom.
Non, certes, “la possession et l'intérêt”, mais l'indignation, l’horreur, l'amour de la justice, la passion nationale animent les anciens combattants et la jeunesse de Paris.
Et sans doute un tel mouvement, comme toutes les insurrections, risque-t-il d'être utilisé par des forces moins pures; il est à craindre que certains intérêts se servent de lui et qu'il dévie: c'est ici que les catholiques ont un rôle qu'ils sont seuls à pouvoir tenir; car seuls ils savent que la lutte engagée depuis un mois est d'ordre spirituel.
Dressés contre les voleurs, contre la Maçonnerie et contre le crime, ils ne permettront pas à leurs adversaires de soutenir que les amis de la classe ouvrière sont du côté des voleurs, de la Maçonnerie et du crime.
Mensonge impudent, mais qui trouvera toujours en France des oreilles crédules. Voyez le cas de M. Frot. Ce socialiste S.F.I.O. abandonne son parti et s'inscrit chez les radicaux. Là, pendant des mois, il fait en-vain des avances à des députés de la droite; ayant échoué, il retourne encore sa veste, pour devenir enfin l'homme du 6 février. Eh bien! en dépit de ses palinodies, de ses trahisons et du sang versé par lui, il commence déjà à faire figure de martyr: la Ligue des Droits de l'Homme a fêté dimanche, à Montargis, cet ami des pauvres, et la foule applaudit ce citoyen vertueux et persécuté!
Nous qui sommes entrés dans un combat spirituel dont la portée dépasse infiniment les courtes vues des politiciens, nous devons dépenser tout notre effort à détruire cette équivoque. Et d'abord, nous ne mettrons pas sur le même plan l'armée des ténèbres, que les loges, d'obscures forces policières ont mobilisée contre le pays, —et les foules abusées qu'hélas! nous trouverons un jour peut-être, en face de nous.
Avec un redoublement d'activité, durant ces troubles, toutes les forces sociales du catholicisme doivent s'employer au service de la classe prolétarienne. Nous ne devons point permettre aux politiciens de détourner l’attention des crimes inouïs qui stupéfient l’opinion, en criant au complot contre les libertés ouvrières.
Certes, s'il existait, ce complot, nous serions les premiers à le dénoncer. Nous complotons, sans doute —mais contre un pouvoir occulte dont Fernandez ignore la puissance, parce qu'il ne croit pas au surnaturel. Quoi qu'il doive advenir, que chaque catholique, dans son humble sphère, s'attache à remplir sa mission temporelle —(car, de gré ou de force, nous avons tous aujourd'hui une mission temporelle)— qu'il dénonce le mensonge, de quelque côté qu'il vienne, et qu'il s'efforce dé garder intact dans son cœur —fût-ce au milieu des flammes de la guerre civile— le secret d'amour qu’il a reçu du Christ.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1934-03-10
Title
A name given to the resource
L’Équivoque
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sept
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0777
Source
A related resource from which the described resource is derived
1re année, n°2, p.2
Type
The nature or genre of the resource
Billet
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328675548/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Microfilm
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
Mensonge, Classe ouvrière, Ramon Fernandez
Description
An account of the resource
Critique argumentée de l’esprit de parti exprimé par Ramon Fernandez dans son interprétation à propos des insurrections du 6 février 1934. Mauriac conteste l’interprétation que cet intellectuel, très sensible à l’esprit de la lutte communiste, fait de la manifestation des anciens combattants, des étudiants et de la petite bourgeoise, descendus dans la rue contre les puissances corrompues de l’état. En s’opposant radicalement au "communisme moral" de R. Fernandez, Mauriac revendique l’intérêt du combat spirituel mené depuis longtemps par les forces sociales catholiques au service de la vérité, de la justice et des libertés de la classe ouvrière.
classe ouvrière
Mensonge
Ramon Fernandez
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82a57d311e209f5fd5e584f81d8d20c9
Texte
Ressource textuelle
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Nous connaissons assez souvent —nous, les vieux— le supplice de l'interview et ses trahisons (le mois dernier encore, un débutant journaliste qui m'avait juré ses grands dieux de me soumettre son travail et qui s'en est bien gardé, me prêtait, dans un hebdomadaire, des propos ineptes...) oui, nous avons été assez souvent trahis, pour avoir le droit d'intervertir les rôles: Je suis donc allé, à mon tour, interroger un jeune universitaire catholique, de droite... mais je l'ai fait avec conscience et me porte garant de l'exactitude des propos, qu'il tenus, en cette rentrée lugubre:
“Le drame des gens de mon âge, c'est la solitude, me dit-il. Avec un Bloy, un Péguy, un Rivière, nous aurions eu bien des choses en commun. Peut-être que la mort nous cache ce qui nous aurait séparés, et qu'en revanche la vie nous rend sensible ce qui nous sépare, aujourd'hui, de X... ou de Y... plus que ce qui nous unit à eux.
Le fait est là: nous sommes seuls. Dans un moment où le drame spirituel se joue peut-être définitivement (autant que l'humain est définitif) pour toute une part de l'Occident, nous nous sentons infiniment misérables parce que nous sommes jeunes, petits, seuls.
Le cas d'un Mounier, je le comprends chaque jour un peu plus; et aussi celui de quelques jeunes démocrates-chrétiens... D'un côté, un grand corps d'Ordre où l'on défend la famille, la religion, la pairie, mais à l'abri duquel on cache tant de “nœuds de vipères”. Et puis, en face, des hommes qui attaquent et insultent tout ce que nous considérons comme l'essentiel de l'être humain; la foi au dépassement de l’homme, la nécessité du surhumain, l'élévation de l'humanité par son renoncement; mais qui attaquent tout cela avec tant d'ardeur qu'on dirait venu —après le temps du héros, celui du saint et celui du bourgeois d'affaires— ce temps de l'héroïsme prolétarien dont parlait Georges Sorel.
Sans doute leur mystique est celle du rabaissement de l’homme, mais ils en ont une et ils savent lui faire des sacrifices. Pour elle, ils savent accepter l'effort, la discipline, la mort même. Ils arrivent presque à masquer l'égoïsme profond de ce déchaînement matérialiste des individus, en exaltant d'abord un bonheur commun, une joie de tous qui rappellent, avec une ironie terrible, notre bien commun et notre joie parfaite selon saint François.
C est la chrétienté, tout entière qu'il faut opposer au communisme et c’est elle seule qu’on y peut opposer. Il ne faut pas qu'elle confondre avec ce monde bourgeois tout replié sur la jouissance, sur la possession, sur la conservation, à un moment où il s'agit de se battre et de reconquérir. C’est un fait que le catholicisme, à cause des partis de droite, ne “rayonne” pas la justice, la charité... Et cependant c'est un autre fait qu’à droite, avec souvent beaucoup de courage et de charité personnelle, on défend ce que nous voulons aussi défendre...”
Un commencement de réponse aux exigences de ce jeune catholique sera donné, dimanche, à Notre-Dame. Vous vous sentez seul, perdu? Groupez-vous... d’abord corporellement, si j'ose dire, sans vous demander si vous venez de gauche ou de droite. Les jeunesses du monde entier ont un besoin du coude à coude que notre génération ignorait... ou du moins (car nous abusons du droit de parler au nom de notre génération) que, pour mon compte, je n'éprouvait guère à vingt ans: au contraire, je tendais à me mettre à part, à m’isoler du troupeau. Mais c'est vous, jeunes hommes d'aujourd'hui, qui avez raison. C’est vous qui obéissez à l’exigence du Christ sur ses amis. Il voulait qu’ils fussent un comme son Père et Lui sont un.
Et tel est le sens profond de cette manifestation du 28 octobre: jeunesse ouvrière chrétienne, jeunesse étudiante chrétienne, jeunesse catholique, fédération des étudiants catholiques, routiers scouts de France, patronages, etc., pour la première fois vont serrer les rangs. Ces garçons prendront conscience à la fois de leur multiplicité et de leur unité.
Réunis autour de votre Roi ou plutôt en Lui, vous éprouverez que rien d'essentiel ne vous sépare les uns des autres. Le programme que j’ai entre les mains résume parfaitement l'œuvre poursuivie: “un même maître: le Christ, une même équipe: l'Eglise, une même solution: l'Evangile, un même travail: le Monde, de mêmes frères: tous les hommes”.
Sans doute le jeune catholique que j'interrogeais, aurait aimé que fût ajouté: “une même prédilection: la France...” Cela va sans dire? Je pense au contraire avec lui qu'il serait urgent de le dire et de répéter, à cette heure confuse et triste où jamais le sort de l'Europe ne fut si étroitement dépendant du destin français... Dimanche, sans respect humain, nous prierons aussi pour la France.
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Date
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1934-10-26
Title
A name given to the resource
Un jeune catholique m’a dit
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sept
Identifier
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MEL_0778
Source
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1re année, n°35, p.1
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The nature or genre of the resource
Billet
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328675548/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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Microfilm
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Français
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The topic of the resource
Jeunesse, Solitude, Opposition, Unité spirituelle
Description
An account of the resource
Avant la manifestation parisienne du 28 octobre, qui rassembla une grand nombre d’associations et de fédérations de la jeunesse (estudiantine et ouvrière) chrétienne et catholique, Mauriac recueille la parole d’un étudiant catholique. Ce denier lui fait part de son sentiment de solitude, alimenté, d’un côté, par les hypocrisies, le manque de justice et de charité de certaines institutions catholiques, et de l’autre, par les insultes et les attaques en provenance des tenants du matérialisme communiste. Le grand rassemblement du 28 octobre constitue selon Mauriac l’occasion pour cette jeunesse de prendre conscience dans leur diversité de leur unité spirituelle profonde.
Jeunesse
Opposition
Solitude
Unité spirituelle
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bc4ec6511a6077566dd27bad475f253a
Texte
Ressource textuelle
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Si nous avons été un enfant chrétien, Freud restera sans pouvoir sur nous; à toute sa science, nous opposons une certitude: pendant des années notre ange a vu la face du Père, et c'était à nous qu'il fallait ressembler pour être sauvé.
Les petits enfants d'avant le Christ étaient-ils tout à fait semblables à ceux qui sont nés après sa venue? L'enfance humaine portera jusqu'à la fin des temps le reflet de l'Incarnation. Qui a jamais vu un petit dans les bras de sa mère sans adorer l'image du Dieu qui nous est né?
Il n'est .pas jusqu'aux étables... Je me souviens que lorsque j'entrais dans l'ombre chaude et saturée d'une odeur puissante, et que je voyais l'œil énorme des bœufs où buvaient les mouches, et la crèche mystérieuse, mon cœur débordait de tendresse pour le petit Enfant invisible.
Qu'il est difficile d'imaginer une enfance qui n'ouvre pas sur le ciel! Et pourtant Jésus est aussi présent dans les petits sans-Dieu. Eux ne jouissent pas de lui, ne savent pas qu'il est là... Ils le reflètent à leur insu.
Beaucoup d'enfants sont capables de dépasser les impressions de joie, le ravissement de Noël. Malades et au seuil de l'éternité, ils prononcent parfois des paroles surprenantes. Mon neveu Bertrand Gay-Lussac, qui avait été un joyeux et violent petit garçon, peu de jours avant sa mort interrompait ses plaintes pour dire: “Mon Dieu donnez-moi la force de supporter mes souffrances; il y en a tant qui ont plus souffert que moi. Je ne refuse pas de souffrir davantage...” Il avait treize ans.
C'est la lettre du catéchisme qui souvent reste morte pour eux. Mais ils savent plus de choses qu'ils n'en comprennent et surtout qu'ils n'en comprendront plus tard.
Ces figures émerveillées autour d'une crèche se transformeront en races mornes et sournoises. Ces visages ouverts deviendront des visages masqués.
Ce ne sera pas trop de toute une vie pour enlever ces masques un à un, arracher le dernier, collé encore à notre figure, retrouver enfin ce visage d'enfant que nous devons avoir pour mourir. Parfois l'enfant enseveli sous la couche épaisse des années et des crimes pousse un cri d’une pureté si déchirante que le monde l'entendra jusqu’à la fin des temps: Rimbaud, Mozart.
Les cantiques de Noël, le chant de l’Adeste: d'une douceur presque insupportable. Ne pas trop se fier à ces larmes: “Je ne yeux point d'une ferveur qui se répande dans les sens; prenez garde à vos larmes.” C'est une dure parole de Saint-Cyran, que n'approuve peut-être pas l'Enfant de la crèche. Ce que notre mère nous disait du temps de nos grands chagrins, il nous le répétera pendant la nuit de Noël: “Pleure! Ne te retiens pas de pleurer.”
L’homme pécheur garde-t-il devant Dieu le bénéfice de son enfance pieuse? L'enfance est-elle un bien inaliénable? L'enfant que nous fûmes est plus nous-même peut-être que l'homme grimaçant venu après lui. Cette avance de pureté, au départ, nous a a été concédée. Cette réserve sur laquelle nous vivrons... Malheur à qui en dissipe la dernière goutte!
Quand des hommes nous irritent ou nous font horreur, pensons à l’enfant qu'ils ont été.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1934-12-14
Title
A name given to the resource
La Sainte enfance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sept
Identifier
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MEL_0780
Source
A related resource from which the described resource is derived
1re année, n°42, p.1
Type
The nature or genre of the resource
Billet
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328675548/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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A language of the resource
Français
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Texte
Ressource textuelle
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La politique manque d'homme purs; mais un homme pur qui touche à la politique a vite fait de devenir moins pur —n'y toucherait-il même que de loin.
Longtemps tous les partis ont accepté la règle du jeu: personne en politique ne se piquait de justice. La justice n'intervenait dans le débat que lorsqu'on avait besoin d'elle. En langage parlementaire, on peut dire que la justice a toujours été inscrite à un groupe: au temps de Panama, elle siégeait avec les conservateurs. L'affaire Dreyfus la fit passer à gauche. Nous la retrouvons aujourd'hui sur les bancs de la droite.
Il y eut toujours, dans chaque génération, des jeunes gens qui, abordant la vie publique, se scandalisaient de ces mœurs; mais toujours le gros de la troupe finissait par s'y conformer. Il nous semble discerner chez les garçons d'aujourd'hui plus de résistance: leur esprit de justice ne se laisse pas embrigader; ils nous donnent parfois l'illusion que la justice ne siège plus ni à gauche ni à droite et qu'enfin elle a retrouvé, grâce à eux, sa véritable place: le plafond.
Sans doute sont-ils le petit nombre, mais ils nous semblent irréductibles, et c'est là l'essentiel. Il n'est rien dans le monde moderne qui ne leur paraisse contaminé. Tout doit être repris par la base... Quelle base? Ils ont découvert que c'est le cœur de l'homme qu'il faut changer, ce dont nous nous doutions; mais ils exigent d'eux-mêmes que cette découverte influe sur leurs moindres gestes: ce qui les mène loin.
Des révolutionnaires qui commencent par cette réforme intérieure, la reforme du monde, sont bientôt amenés à quitter le monde. Il n'a pas fallu trois années aux jeunes gens d'Esprit pour en arriver à cette solution (si, du moins, j'ai bien compris le sens de la dernière étude que M. Emmanuel Mounier intitule bizarrement Technique des moyens spirituels). En face du fascisme et du communisme, il préconise une simple attitude de refus; il rompt ouvertement, pour lui-même et pour ceux qui le suivent, tout lien même, indirect (coupons de rentre, spéculations, etc.) avec l’injustice sociale.
Attitude en apparence négative, bien qu'il recommande aussi, sans trop y insister, et au risque d'être un peu vague, le boycottage, la désobéissance passive et autres armes à deux tranchants avec lesquelles il est fort dangereux de jouer... Mais tout cela aboutit à une proposition inattendue: la fondation d'un ordre laïc; et d'ores et déjà est établi, avec d'autres groupes, un centre de liaison permanente des mouvements pour la révolution spirituelle.
Quoi qu'on puisse attendre d'une pareille initiative, les catholiques ne sauraient accorder trop d'attention à ce que désigne cette appellation barbare. Une fois de plus, s'affirme l'exigence d'un ordre religieux laïque. “Depuis si longtemps, écrivait Christianus dans son billet de janvier, nous sommes habitués à réserver le terme de vocation, ou tout au moins de vocation chrétienne, au seul choix de l'état religieux ou sacerdotal. Mais aujourd'hui, sous les différentes formes des occupations humaines, de véritables vocations se révèlent; des vocations chrétiennes de médecins, d'ingénieurs, de professeurs, d'avocats, d'ouvriers...”
Cette avant-garde qui apparaît tout à coup dans notre triste monde, peut-être annonce-t-elle “les apôtres des derniers temps”?
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1935-02-22
Title
A name given to the resource
Les apôtres des derniers temps
Publisher
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Sept
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MEL_0781
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2e année, n°52, p.1-2
Type
The nature or genre of the resource
Billet
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328675548/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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Microfilm
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Français
-
https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/6c8df3db3c7924c3908567e0447cfa51.pdf
1ffb355396006a93e0ce09f1de76dffc
Texte
Ressource textuelle
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A l'Union pour la Vérité, Gide nous a donné de son adhésion au communisme une raison très simple: il lui était devenu insupportable d'être du petit nombre des privilégiés; il n'accepte plus d'être vivant sur le radeau, quand les autres, autour de lui, se noient. Est-il nécessaire d'ajouter que sa sincérité, nous apparaît évidente? Oui, il a toujours eu faim et soif de justice, ce Gide qui s'exprime tout entier dans un livre courageux, comme le Voyage au Congo.
Mais si le débat .n'avait pas été public, si nous avions pu nous parler à cœur ouvert, je lui aurais demandé: “Supposons que la révolution russe n'ait pas été réalisée, vous seriez-vous jamais converti au socialisme?” Sans doute m'aurait-il répondu négativement. Gide a toujours souffert d'être un privilégié, mais il a fallu l'expérience russe pour le décider à prendre parti. Avant qu'elle fût accomplie, il n'a jamais été attiré par aucune école révolutionnaire, ou du moins l'idée ne lui est même pas venue d'adhérer à aucune d'elles.
Ce n'est pas la révolution sociale qui, en Russie, l'a surtout séduit, mais une révolution morale. Il reconnaît volontiers que la lecture de Marx lui paraît accablante. Ce qui l'intéresse à Moscou profondément, c'est la suppression de la religion et de la famille; c’est la création d'une nouvelle éthique, d'un nouvel homme, d’un monde enfin où pour distinguer le bien du mal on aura recours à des critères très différents des principes chrétiens, au nom desquels depuis l’enfance Gide s'est senti condamné.
Les diverses écoles socialistes d’avant la guerre étaient sans pouvoir sur lui parce qu'au fond l'Evangile en demeurait la source. Pour la première fois, en U.R.S.S., une tentative extraordinaire est faite sur tout un peuple: les deux pierres d'angle, Dieu, Famille, sont rejetées. Gide, maintenant, est en droit d’espérer qu’un monde va naître où certaines exclusions ne seront même plus imaginables.
La loi morale abolie, il ne saurait plus y avoir de hors-la-loi. Tout ce qui est dans la nature et qui relève de l'expérience sera étudié sans préjugé théologique.
Encore une fois, nous ne prétendons pas que Gide n'ait été inspiré aussi par une exigence intérieure de justice sociale; mais nous croyons que ce qui finalement l’a déterminé, c'est cette promesse de nouveaux cieux et de nouvelles terres où chacun enfin pourrait suivre son plus profond désir, sans honte.
Espérance qui sera déçue. Car aussi loin que puisse être portée la subversion, il existe une certaine misère qui, si l'on peut dire, parle d'elle-même, se condamne par son seul aspect. Une fois détruite la société visible, il restera toujours —ébranlé peut-être, enténébré, mais debout jusqu'à la fin des temps— ce tribunal de la conscience qui condamne tous les crimes.
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1935-03-22
Title
A name given to the resource
Un écrivain devant les Soviets
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Sept
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MEL_0782
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2e année, n°56, p.1
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Billet
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328675548/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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Microfilm
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Français
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d329a9d839492c89c82162db1afff3f5
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Les excès du racisme en Allemagne font horreur à un catholique. Certains problèmes ne s’en trouvent pas moins posés que nous avons tendance à éluder, mais qui, aujourd'hui, ne peuvent plus demeurer sans réponse.
Un chrétien atteint d'un mal héréditaire doit-il, en conscience, renoncer à fonder une famille? Car si la stérilisation est à nos yeux un crime évident, il n'en va pas de même d'un renoncement voulu; et nous nous rappelons la parole du Christ sur ceux qui se font eunuques en vue du royaume de Dieu. Il ne s'agit pas ici de porter atteinte à l'intégrité du corps, mais seulement de considérer le mal transmissible aux descendants comme un signe, comme un rappel à la vie héroïque.
A quoi un malade qui ne se sent pas la vocation du célibat me répondra que c'est là raisonner en homme de peu de foi et que même un lépreux a le droit de transmettre la vie, car le seul fait d'exister est une suffisante grâce et aucune menace de tare physique ne saurait contrebalancer le bonheur de posséder une âme immortelle.
Pour le chrétien, exister apparaît comme la grâce des grâces; et sans aller jusqu'à dire avec Pascal que la maladie est l'état naturel du chrétien, il est vrai qu'elle l'aide à se conformer au Christ. C'est déifier la race que de lui sacrifier l'existence de millions d'êtres qui, pour être chétifs, n'eussent pas eu un moindre droit au litre d'enfants de Dieu. Sélectionner comme des animaux dont la destinée n'a pas de prolongements au-delà de la mort, des créatures pour qui la terre n'est qu'un passage, il ne saurait y avoir de pire attentat contre le Créateur.
Et sans doute ou invoquera les répercussions des misères du corps sur l'âme. On objectera que les être tarés courent aussi le risque de devenir des êtres perdus. La damnation héréditaire! Aucun catholique n'en pourrait supporter l'idée. Mais elle ne faisait pas peur à un janséniste, et M. de Saint-Cyran se félicitait en ces termes de la mort en bas âge de sa propre nièce: “Il arrive rarement qu'un seul se sauve dans une grande et nombreuse famille, et la succession des damnés de l'autre monde est quelquefois, de père en fils, aussi longue que la durée de la famille: ce qui arriva presque toujours dans les maisons des riches, et peut-être nuls ne se sauveront, s'ils demeurent dans le train du monde, que ceux qui meurent en bas âge.” Il est vrai que dans cette hypothèse peu consolante du farouche abbé, ce ne sont pas les tares physiques, mais la fortune et le luxe qui, en se transmettant, vouent toute une race à l’enfer.
Nous ne sommes pas de ceux qui croient qu’il existe des rapports constants entre la maladie et la sainteté (non plus qu'entre la maladie et le génie). La sainteté exige le plus souvent beaucoup de force physique et d'équilibre. Mais enfin, il est évident que la débilité du corps coïncide parfois avec la puissance intellectuelle, comme avec la sainteté. Et si la République n'a pas besoin de savants ni même de romanciers, elle ne peut se passer de saints.
Adversaires déterminés de l'eugénisme raciste, nous pensons que les catholiques doivent être au premier rang (et ils le furent toujours) pour travailler au perfectionnement physique de la racé. Il est d’ailleurs impossible de défendre les âmes sans défendre en même temps les corps. Les vices: voilà les grands pourvoyeurs de la maladie, et la racine du mal ne réside pas seulement dans la chair, elle réside aussi dans le cœur. Le véritable eugénisme ne consiste pas à stériliser les corps, mais à purifier les cœurs. Une sainte vie selon le Christ retentit sur toute une descendance. C'est la débauche qui empoisonne une race et c'est le Christ qui la guérit.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1935-05-24
Title
A name given to the resource
Cas de conscience
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sept
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MEL_0784
Source
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2e année, n°65, p.2
Type
The nature or genre of the resource
Billet
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François MAURIAC
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Je ne crois pas beaucoup aux “conflits de devoirs” dans la vie intérieure du chrétien. Le plus souvent, c’est nous qui inventons la difficulté pour nous fournir d'un prétexte et nous dérober devant une exigence de Dieu.
Mais il n'en y a pas de même sur le plan politique et social; et jamais la conscience de l'écrivain catholique n'eut autant qu'aujourd'hui de raisons d'être alarmée. Et par exemple, le bon droit de l'Abyssinie est si éclatant qu'il arrive ce que personne n'eût jamais cru possible: le cynisme de la presse nous étonne; elle bat ses propres records et se dépasse dans l'outrage aux victimes. Oui... mais Mussolini, qui a écrasé en Italie la Maçonnerie, se trouve être le point de mire de toutes les puissances antichrétienne. Quelles seraient, pour l'Eglise et pour notre pays, les conséquences de la ruine du fascisme en Italie? S'il en est, parmi tous, qui envisagent cet événement d'un cœur léger, nous ne sommes pas de ceux-là.
Qu'il y ait un mot d'ordre de Moscou pour tenter un rapprochement momentané du communisme, avec les forces catholiques de gauche, c'est l'évidence. Après la victoire, nous savons qui serait mangé. Faut-il être une dupe aux yeux ouverts?
Et du côté allemand? Certes, un catholique n'a pas le choix: le racisme est essentiellement ce que le Christ a condamné, ce qu'il haïssait par-dessus tout. Au delà des brebis perdues de la Maison d'Israël, il a appelé à lui, toutes les races, toutes les âmes: la vie de la grâce est la véritable égalité; le pain que nous rompons crée entre nous une fraternité plus étroite que celle du sang... Et avec le peuple juif, nous sommes unis dans l'amour du Dieu d'Abraham, d'lsaac et de Jacob, nous qui puisons dans les Psaumes le suc de notre liturgie. Oui! Mais notre dernière chance d’éviter la tuerie, c'est l'entente avec l’Allemagne d'Hitler.
Consciemment ou non, la politique de gauche, la politique d'alliance avec les Soviets continue la politique de Delcasse et aboutira aux mêmes tranchées. Sur la pente qui nous entraîne à la guerre, le frein des gauches ne joue plus; et ce n'est pas assez dire, ce sont elles qui mènent le train.
Impossible, aujourd'hui, d'écrire une ligne sans avoir l'impression de “porter pierre” - - pour quelle œuvre? Pour construire ou pour lapider?
Il nous reste de parler toujours d'un cœur sincère et devant chaque problème qui se pose de ne dissimuler aucun de nos scrupules. Etre soi-même, c'est cela le devoir, sans tenir compte des opinions du journal qui accueille notre prose.
J'ai, sinon scandalisé, du moins chagriné quelques amis, en publiant mon dernier roman dans un hebdomadaire qui, pour diverses raisons ne leur agrée point. Si j'avais écrit mon ouvrage dans la ligne de ce journal, je les comprendrais. Mais je n'en ai tenu aucun compte, et ce récit, entre tous ceux que j'ai composés, est peut-être le plus “surnaturel”. Si un écrivain catholique, qui a une vaste audience, doit se livrer à une discrimination scrupuleuse, entre les divers périodiques qui s'offrent à lui, je doute qu'aujourd'hui, il en puisse retenir aucun.
Il me semble qu'on est eu droit d'exiger de lui une seule chose: c'est de ne pas changer un iota à ce qu'il écrirait dans un journal catholique; et que partout, son œuvre rende témoignage. Et sans doute, la perfection serait d'avoir comme Péguy, son journal, ses cahiers et de ne consentir à aucune alliance même matérielle et, si j'ose dire, typographique... Mais Péguy était Péguy. Et chacun de nous s'en tire comme il peut en regardant le ciel avec une humble confiance.
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Date
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1935-10-11
Title
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Cas de conscience
Publisher
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Sept
Identifier
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MEL_0785
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2e année, n°85, p.2
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The nature or genre of the resource
Billet
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François MAURIAC
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Nous avons le plaisir d’annoncer à nos lecteurs que M. François Mauriac va désormais collaborer plus fréquemment à Sept. Il a bien voulu nous promettre un article chaque quinzaine. C’est une bonne nouvelle non seulement pour Sept et ceux qui le suivent, mais pour tous les patriotiques de France, à qui il sera ainsi donné d'entendre l'un de leurs maîtres les plus aimés s'exprimer pour eux, en pleine franchise et liberté, sur tout ce qui intéresse une âme chrétienne.
En ce triste automne, la liturgie dont le langage éternel s'adapte mystérieusement aux circonstances, nous rappelle chaque jour de quel esprit nous sommes. En la fête du Christ-Roi, le dernier dimanche d'octobre, l'Eglise implorait le Père: “Accordez dans votre honte que toutes les familles des nations qui vivent en désaccord, à cause de la blessure du péché, se soumettent au très doux pouvoir de votre Fils bien-aimé...” Et elle invoquait le Christ: “Christ, princeps pacifer!”
Et voici que les Béatitudes, aujourd'hui, retentissent de nouveau dans toutes les églises du monde. Les pauvres en esprit, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les pacifiques, les persécutés pour la justice, y a-t-il de quoi faire, avec tout ce rebut, une civilisation selon le cœur des intellectuels français défenseurs de l'Occident?
Et pourtant, aux confins de ce Royaume de Dieu, si méprisé des hommes, s'étend la barbarie véritable, d'autant plus barbare qu'elle est plus savante et mieux armée.
Non, l'Ethiopie n'est pas le seul pays d'esclaves. L’Europe d'aujourd'hui est couverte d'hommes asservis. La notion même de l'homme n'y est pas seulement menacée: on pourrait la croire déjà perdue.
Mais dans ces troupeaux humains, vêtus de chemises noires, brunes ou rouges, que la civilisation occidentale dresse les uns contre les autres, il ne subsiste d'hommes libres que les chrétiens —les seuls qui se trouvent dans cette condition dont parle Pascal où l'on ne saurait recevoir de mal ni de bien de la part des hommes: ceux-là seulement échappent à tout empire; une porte secrète de leur cœur ouvre sur le ciel.
Si la religion chrétienne était l'opium du peuple, elle n'aurait pas contre elle tous les tyrans du monde, ni tant de redoutables “civilisés”. Ils ne la haïraient pas tant, si elle ne nous avait rendus libres, à jamais.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1935-11-01
Title
A name given to the resource
Nous sommes libres
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sept
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MEL_0786
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A related resource from which the described resource is derived
2e année, n°88, p.2
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Billet
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François MAURIAC
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Le 11 novembre 1935, nous devons nous interdire toute éloquence, nous garder de tout lyrisme et réfléchir sur les événements qui nous pressent. Que leur caractère tragique ne nous détourne pas d'être attentifs à la leçon qui s'en dégage. Et d'abord, les vieilles positions de droite et de gauche se trouvent définitivement bouleversées. Sans y apporter aucune passion politique, ni aucun parti pris de dénigrement, nous pouvons considéré comme acquis deux points essentiels:
1° L'arme redoutable qu'Hitler est eu train de forger, oblige la Russie des Soviets à reprendre la politique des Romanov, la politique de Delcassé. Pourquoi s’indigner? La Russie obéit à l'instinct de conservation. Un communiste reconnaissait, devant moi, l'autre jour, qu'en France, le Front Commun est essentiellement, à l'insu de la plupart de ses membres, une mobilisation pour la défense des Soviets. Il existe d'ailleurs, au Gouvernement et à l'Etat-Major de l'armée, des voix autorisées qui affirment que cette politique est conforme à l'intérêt de la France. Pertinax, en réponse à certaines accusations, déclarait récemment dans l’Echo de Paris qu'il n'avait soutenu l'alliance russe qu'avec l'approbation des représentants qualifiés de l'Etat-Major. Et le 5 novembre encore, dans le même journal, Henri de Kérillis glissait, dans son article, cette parenthèse: “Autrefois, quand après avoir pris conseil du Grand Etat-Major militaire, nous nous sommes ralliés à l'idée d'un rapprochement franco-russe...” Quoi qu'on puisse penser à ce sujet, et quoi que prétendent leurs chefs, c'est l'évidence même que les forces de gauche aujourd'hui ne travaillent pas pour la paix. Contre Hitler, contre Mussolini, la guerre est en quelque sorte sanctifiée à leurs yeux. Elle devient croisade.
2° Le conflit italo-éthiopien a démontré que beaucoup de patriotes, dont la bonne foi n'est pas en cause, mettent leurs préférences idéologiques au-dessus de l'intérêt le plus évident du pays. La campagne contre la Société des Nations et contre l'Angleterre comporte pour la France un risque trop grave pour ceux qui la mènent puissent se faire aucune illusion. Mais la passion mussolinienne les entraîne, comme la passion pour les Soviets entraîne leurs adversaires. Au cas où les sanctions nous eussent engagés dans un conflit avec l'Italie, l'objection de conscience aurait fleuri du côté où elle suscitait, hier encore, le plus d'horreur. Il ne s'agit pas d'ailleurs, ici, de s'indigner: tous les conflits de conscience doivent être considérés avec respect; il ne faut pas s'indigner, mais s'instruire.
Presque toute la droite repousse l'instrument que l'Angleterre veut forger à Genève, celui-là même que Tardieu réclamait, parce qu'il ne vise plus l'Allemagne, mais l'Italie —sans vouloir tenir compte que demain, au cas d'une attaque allemande, là résiderait peut-être notre plus sur garant. (J'écris “peut-être”, car le risque demeure d'une Angleterre interprétant à son gré les événements et usant de plusieurs poids et de plusieurs mesures.)
Où sont donc les véritables défenseurs de l'intérêt national? Chez ceux, qui ne subissent aucune consigne, qui ne prennent le mot d'ordre d'aucun parti et que la vérité rend libres. Nous voyons maintenant ce qu'il faut penser du pseudo-conflit entre ce qui est dû à Dieu et ce qui est dû à la Cité. Alors qu'autour de nous existe une aveugle conjuration des forces antagonistes, en faveur d'une politique redoutable, nous savons ici qu'en demeurant fidèles au mot d'ordre de Jeanne d'Arc: Dieu premier servi, nous sommes assurés d'être, du même coup, les bons serviteurs de la France.
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Date
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1935-11-15
Title
A name given to the resource
La conjuration des forces adverses
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sept
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MEL_0787
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A related resource from which the described resource is derived
2e année, n°90, p.2
Type
The nature or genre of the resource
Billet
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An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328675548/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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Français
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https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/019713c4178d38b8b5b742187452a8df.pdf
18a03b5982f7819fd321c4ccce913a4e
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Le chrétien a beau faire, il n'est jamais, dans les luttes civiles, tout à fait à sa place. Le seul parti, auquel il pourrait s'agréger, n'existe pas. Il ne saurait prendre que des partis successifs: chaque événement pose un problème nouveau et risque de le dresser contre ceux auprès desquels il combattait, la veille.
La vérité le rend libre, sans doute; elle l'empêche d'être le prisonnier d'aucune faction. Mais tandis que les forces ennemies échangent des projectiles, lui il erre dans la campagne, isolé, ramené, par une pente invincible, à d'autres luttes, à d'autres débats, d'ordre intérieur.
Car c'est au dedans de lui que le chrétien trouve le plus grand empêchement à s'enrôler. Il a été, dès sa jeunesse, entraîné à des luttes, à des résistances; il connaît son ennemi, et l'émeute des passions; il a conquis, peut-être, lentement, sur une murée de désirs, un terrain sans cesse rongé et qu'il n'a jamais fini de drainer ni d'assécher.
Le véritable conflit, pour beaucoup, est entre les nécessités de la vie intérieure, ou simplement le goût, l'habitude de la vie intérieure, et le tumulte, l'éparpillement du forum.
Pour une conscience accoutumée à juger de tout ce qui la touche, dans le secret et dans le recueillement, l'atmosphère est irrespirable de ces mêlées confuses où le mensonge est également réparti entre les deux camps, où la mauvaise foi est partout maîtresse.
Ainsi, dans la rue, au plus épais d'une manifestation, au milieu des poings dressés, le chrétien, mal réveillé de son drame secret, de son éternelle révolution, éprouve tout à coup que ces remous du dehors sont infiniment moins réels que cette pauvre lutte quotidienne au dedans de lui et que les mouvements divers de la nature et de la grâce.
Peut-être n'est-ce pas très bon signe lorsque l'intérêt finit par passer, pour nous, du dedans au dehors: chez un jeune homme, surtout, la tentation est forte de recouvrir les défaites intérieures, de masquer certains abandons par l'agitation partisane et par le service civique.
Et sans doute ce sont deux plans d'activité différents, mais qui réagissent sans cesse l'un sur l'autre, —non pas toujours, d'ailleurs, au détriment de la vie chrétienne: il faut reconnaître qu'il existe chez beaucoup de volontaires nationaux, quoi qu'en pensent leurs adversaires, un mouvement très profond, très généreux contre l'injustice sociale. (Et c'est de ce côté qu'il faudrait chercher et trouver pour les jeunesses des divers groupements un terrain d'union).
Peut-être y a-t-il là un problème de vocation. En voyant certains des nôtres faire parfois des “pas de clerc”, dès qu'ils se mêlent de politique, on est en droit de se demander s'il ne faut pas admettre franchement que beaucoup parmi nous sont appelés d’ailleurs qu'aux luttes civiles: ils servent la chose publique avec d'autant plus d'efficacité qu'ils demeurent confinés dans un rôle spirituel, dans un travail obscur et tout intérieur. J'y songeais l'autre soir, assis à la table d'un groupe d'instituteurs qui se réunissent pour la méditation et pour la prière en commun. Celui qui les dirige ne s'occupe pas de politique et n'a souci que de leurs âmes. Et, pourtant, il sert davantage par cet apostolat qu'il ne ferait par des discours et des meetings.
Le levain, le sel de là terre... Par ces deux images, le Christ fixe la vocation politique des chrétiens. L'essentiel est qu'ils ne s'affadissent pas. Il leur suffit d'être ce qu'ils doivent être pouf remplir leur mission.
Un homme qui serait sur le chemin de la vie parfaite n'aurait plus à s'inquiéter d'imposer le cadre d'un parti à son activité de citoyen, car entre toutes les choses données par surcroît à ceux qui cherchent le Royaume de Dieu et sa justice, il y a d'abord cette certitude qu'ils collaborent au bien commun, par leur seule croissance dans le Christ.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1935-11-22
Title
A name given to the resource
Entre les partis
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Sept
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0788
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2e année, n°91, p.2
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