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Du point-de-vue de l'histoire et de l'art, et en dehors de tout parti pris religieux, nous demeurons persuadé que la croyance au surnaturel est aussi nécessaire aux hagiographes que la négation du miracle leur est funeste. M. Émile Baumann, imaginatif puissant, qui croit ce que son héros a cru, ce n'est pas assez dire qu'il peut se mettre à la place de saint Paul; il atteint à vivre dans saint Paul. Le saint palpite, espère, souffre, prie sous nos yeux; l'amour du Christ l'embrase, l'oblige à courir le monde, lui arrache des cris, des lettres, des adjurations; il ne s'endormira qu'il n'ait conquis le monde à son Dieu.
Si le lecteur de M. Baumann n'est pas un croyant, il peut réfléchir à loisir sur cette image de l'apôtre qu'un de ses fils spirituels lui propose, et découvrir seul, sans être gêné par aucun commentaire, une explication rationnelle à tant de prodiges, et en particulier à celui du chemin de Damas. Quoi de plus gênant au contraire (et nous songeons toujours au lecteur incroyant) que les suggestions de Renan ou celles de M. Loisy? Il ne serait peut-être pas difficile de trouver mieux qu'une ophtalmie ou qu'un transport au cerveau pour expliquer ce foudroiement sur cette route. Dès que, dans une hagiographie, nous nous heurtons à un parti pris contre le miracle, mieux vaut fermer le livre. Mais, dira-t-on, l'adhésion au surnaturel n'est-elle aussi un parti pris? Nous répondrons que, croyant ou non, l'hagiographe n'a pas à nous instruire de sa métaphysique particulière; nous lui demandons que son héros vive; nous exigeons de lui qu'il le ressuscite et, pour cela, que les événements nous apparaissent tels qu'ils apparurent aux yeux du saint, tels que le saint lui-même les interpréta. Au lecteur de juger ensuite et de faire œuvre de critique. Nous sommes bien capables d'inventer tout seuls des ophtalmies, des insolations, des transports au cerveau; sinon de nous représenter les conditions dans lesquelles s'élabora la doctrine de Paul. L'essentiel est que l'imagination du lecteur travaille sur une image vivante et non sur des commentaires insidieux.
D'ailleurs, des écrivains non croyants ont souvent agi de cette manière: Sainte-Beuve, dans la plus grande partie de son Port-Royal et, plus près de nous, M. Léon Brunschwig: il n'est pas une note de son édition des Pensées où l'on ne sente l'effort pour comprendre Pascal de l'intérieur. Catholique, M. Baumann s'est tout naturellement incorporé à saint Paul; et d'autant mieux qu'il est, en vérité, son fils spirituel par la véhémence, par la flamme, par cette perpétuelle souffrance de “son corps de boue”, sans laquelle il n'existe pas de véritable artiste.
Le public ne s'y est pas trompé, et l'éditeur du Saint Paul s'étonnait un jour devant nous que cette Vie se vendît aussi bien que l'Europe galante. Nous ne saurions trop recommander aux admirateurs de Baumann de lire sans tarder: Trois villes saintes, la Paix du septième jour, l'Anneau d'or des grands mystiques. C'est la part de son œuvre à laquelle nous adhérons sans aucune réserve. Mais le romancier de l'Immolé nous intéresse aussi, et nous souhaiterions même de lui consacrer une longue étude; car, à son propos, toute la question du roman catholique se pose.
Baumann qui, par ses défauts et par ses qualités, se rattache au naturalisme, a voulu écrire des romans catholiques, c'est-à-dire qu'il a cru pouvoir introduire la grâce dans la trame de ses récits; on y voit partout ce que le peuple appelle le doigt de Dieu; il y mêle à l'observé l'inobservable. Chez un écrivain de qui le don essentiel est de voir le réel, et qui dans l'Immolé, dans la Fosse aux lions, dans le Fer sur l'enclume, dans Job a montré son pouvoir pour atteindre Dieu à travers le réel, nous souffrons pourtant de ces “vues providentielles” et de ces truquages édifiants. S'il nous plaît qu'un converti nous fasse le récit de sa conversion, c'est que nous avons ici le bénéfice d'une expérience particulière, car l'action de Dieu s'éprouve, elle ne s'invente ni ne s'imagine. Hagiographies, récits de conversion, tel est en littérature son domaine, mais le roman de la grâce, nous doutons qu'il puisse exister. Elle est un protagoniste trop mystérieux et ses cheminements, ses ruses nous échappent.
Est-ce à dire qu'il n'y ait pas pour le catholique romancier une façon de servir? Certes, mais qu'il admette d'abord la conformité entre l'homme (unique objet du roman) et le christianisme. Impossible que l'étude approfondie de l'homme ne serve finalement le christianisme: ainsi, arrive-t-il que les auteurs les moins édifiants nous édifient. (Je songe aux personnages de Proust, à cette absence effroyable de Dieu en eux: tous ces êtres pareils à des colombes auxquelles eussent été arrachées les plumes qui leur auraient permis de s'orienter.)
Nous concevons qu'un catholique comme Baumann redoute de scandaliser par la peinture des passions. Mais les sacrifices de ce scrupuleux, dont seul un romancier peut juger le mérite, ne lui ont servi de rien. Il a scandalisé tout de même; et, cette année encore, le Dictionnaire pratique des connaissances religieuses dénonce le pornographe du Baptême de Pauline Ardel. Quoi que fasse un écrivain comme Baumann, il scandalisera parce qu'il sait voir et qu'il sait peindre ce qu'il a vu. Tartuffe ne jette pas seulement son mouchoir sur le sein de Dorine mais sur tout ce qu'un artiste lui montre; c'est tout le réel, tout le visible, l'œuvre ineffable des sept jours qui l'offusque.
Rendons justice à Baumann: pas plus qu'un Barbey d'Aurevilly ou qu'un Claudel, il n'est homme à subir la loi des faibles; il est de ceux qui ont dénombré la foule immense des jeunes âmes que des nigauds tonitruants éloignent à jamais de la vérité qu'ils défigurent. Que ne se bornent-ils à mettre en garde les enfants et les jeunes filles contre les livres qui ne leur sont pas destinés! Baumann n'obéit qu'à Dieu, qu'à l'Église et qu'à sa conscience, et sans doute saurait-il répondre à nos objections contre le roman apologétique. Reconnaissons que son Saint Paul pourrait déjà l'y aider. Le livre refermé, nous craignons de nous être trop hâtés de prétendre que la grâce échappe à l'observation. Au récit du miracle sur le chemin de Damas, en effet, ce que d'abord nous éprouvons, c'est le sentiment du déjà vu, du déjà connu. Des noms nous viennent aux lèvres: tel et tel de nos amis, de nos camarades, voilà bien la manière dont ils ont rencontré Dieu. La certitude, l'assurance de saint Paul, la sécurité de sa foi, nous la retrouvons chez ceux qui furent comme lui l'objet d'un choix brutal, qui ont été violentés, subjugués, ravis. Dans la foule chrétienne, ceux-là composent une famille reconnaissable à des signes précis. Mais alors s'il existe une psychologie de la conversion, est-il donc défendu d'espérer qu'un Baumann en puisse écrire le roman?
Une distinction peut-être s'impose: un récit où les événements extérieurs s'enchaînent selon une logique providentielle nous paraîtra toujours entaché d'artifice; le Dieu du romancier ne saurait agir, extérieurement, selon des volontés particulières, sauf par un coup de foudre comme à Damas, par un miracle qui justement ne nous semble tel que parce qu'il rompt avec éclat la trame d'une destinée; mais c'est aussi la sorte d'aventure que, selon nous, aucun romancier ne saurait inventer avec vraisemblance. En revanche, peut-être essaiera-t-il avec bonheur de surprendre dans les âmes les préparations, les victoires de la grâce. Le Dieu du romancier, s'il agit par des volontés particulières, que ce soit au dedans des êtres et non dans l'enchaînement des faits. Nous nions qu'on puisse nous montrer sans arbitraire le doigt de Dieu dans les événements, mais nous croyons que cela est possible dans les cœurs. Il y faut pourtant une condition, qui n'est pas commune chez les faiseurs de romans, mais que nous admirons en Baumann: le culte de la vie intérieure, l'aspiration à la sainteté.
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1925-09-05
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"Saint-Paul" par Emile Baumann
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MEL_0730
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34e année, n°36, p.100-103
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Entre tous les Cahiers verts que M. Daniel Halévy a publiés cette saison, il en est un dont la portée nous a paru singulière, bien qu'il ait soulevé moins de scandale que plusieurs autres. Dans ce drame, Un homme de Dieu, M. Gabriel Marcel touche, avec une sûreté redoutable, la plaie dissimulée dans quelques-unes des meilleures consciences de ce temps. Peut-être est-ce là l'expression la plus haute de ce que l'on a appelé “le nouveau mal du siècle”.
A mesure que le Christ se retire, ou semble se retirer du monde moderne, ce serait folie de croire que ceux qui lui demeurent fidèles respirent sans dommage une atmosphère toute païenne. Le héros de M. Gabriel Marcel, Claude Lemoyne, est un pasteur de l'Église réformée. Ce saint homme fut, au début de son apostolat, un mari malheureux. Sa femme, après avoir mis au monde une petite fille qu'il sait n'être pas à lui, a demandé humblement et obtenu, dès ce premier appel, son pardon. La repentie s'est vouée aux œuvres pies; elle a condamné sa fille à une morne vie de patronages, d'ouvroirs. Un jour, survient celui qui fut son complice, Michel Sandier, mourant de débauches et qui souhaiterait revoir son enfant. L'intervention de cet homme incite le pasteur et sa femme à examiner d'un peu plus près qu'ils n'ont fait jusqu'alors la valeur réelle de leurs actes, et ils reconnaissent le mensonge dont ils ont vécu. Mme Lemoyne, qui s'admirait d'avoir confessé sa faute et rompu un lien coupable, découvre qu'elle ne céda qu'à la peur, qu'elle redoutait par-dessus tout l'aventure, enfin qu'elle préféra l'aveu comme un moindre péril. Ce lui fut plus aisé de dormir sa vie que de vivre. Non contente de violenter sa propre nature, elle a plié l'enfant du péché à une discipline mortelle. Michel, l'amant sacrifié, abattu par ce coup, incapable de relèvement, en fut réduit aux pires désordres dont il meurt aujourd'hui. Quant à Claude Lemoyne, si enchanté du pardon accordé à sa femme qu'il en éprouvait une continuelle, béatitude, ceci lui apparaît clairement que ce n'est pas l'amour, mais le manque d'amour, qui lui rendit ce pardon trop facile. Et certes, s'il avait aimé charnellement sa femme, peut-être se fût-elle sentie plus forte contre la tentation; mais c'était une chair délaissée. Claude, parce qu'il était sans amour, a pardonné sans effort; il a pardonné par métier; prêtre, il fait profession de miséricorde. Cette vertu dont Claude se targuait, il voit aujourd'hui qu'elle fut toute professionnelle. N'est-ce d'ailleurs l'intérêt d'un pasteur d'étouffer le scandale dans sa propre maison? Ainsi accabla-t-il sa femme d'une générosité qui ne lui coûtait guère. Est-ce assez dire? et ne s'est-il délecté de son propre geste?
“Être connu tel qu'on est”, voilà le suprême vœu du pasteur Lemoyne. Ce qu'il reproche au christianisme paraît d'abord n'être que cela: cette condamnation au masque, ce pieux camouflage de tous nos actes pour donner le change aux autres. Nous reconnaissons ce souci, cette manie de la sincérité envers soi-même dont fut possédé notre Jacques Rivière et qui se révèle avec un éclat gênant chez un de nos maîtres, dont c'est devenu la principale occupation de s'épouiller à la face du monde. On a invoqué à ce propos l'influence de Dostoïevsky; au vrai, les fanatiques de la sincérité envers soi-même se meuvent dans un tout autre univers. L'éminente dignité du pécheur humilié, repentant et rédimé par le sang du Christ, la prééminence du prodigue pénitent sur le frère aîné incapable de faillir, voilà l'essentiel de Dostoïevsky. Mais la vérité que croit découvrir le pasteur Lemoyne, c'est justement que le péché n'existe pas, ou plutôt qu'il n'existe qu'un seul péché: se faire passer pour un être différent de celui que l'on est. Encore n'est-ce pas assez dire: paraître différent ne serait qu'hypocrisie, mais se détruire pour se transformer, voilà, selon notre auteur, le crime des crimes, la mutilation, le suicide à quoi nous oblige le christianisme. Peut-être forçons nous ici la pensée de M. Gabriel Marcel. Nous croyons cependant difficile de donner à son drame une autre signification. Parce que les Lemoyne ont prétendu vaincre la nature, lui substituer cette surnature qu'instaure la grâce, ils accumulent en eux et autour d'eux les ruines; ils ont vécu dans le mensonge d'un faux repentir, d'une fausse miséricorde, d'un faux amour. L'amant abandonné meurt de débauches et le cœur plein de haine. Et l'enfant du péché? Voyez-la en révolte ouverte contre le joug qu'on lui impose. Elle rencontre, parmi les locataires de leur maison, un brave homme qu'elle aime et dont elle est aimée. Cet homme a une femme démente; la jeune fille ne peut donc vivre avec lui selon la loi chrétienne. Elle le suivra, en dépit du pasteur et de sa mère qui ne trouvent plus de quoi la convaincre et la retenir dans ce qu'ils ont cru, si longtemps, être la vérité.
Un catholique malin pourrait sans doute tirer à soi le drame de M. Gabriel Marcel; car ce ne saurait être sans raisons que l'auteur a choisi, parmi les hérétiques, ses personnages. L'un d'eux, à propos du débat qui les déchire, parle de “petits jeux protestants”. Ces êtres dépourvus de direction, soumis à leur propre loi, qui ne reçoivent aucune autre lumière que d'eux-mêmes, si solitaires devant Dieu à qui nul sacrement ne les relie, semblent jouer à nos yeux la parabole des aveugles. Et puis le célibat ecclésiastique a été assez tourné en dérision par nos frères séparés, pour que nous puissions, sans scrupule, admirer dans le drame de M. Gabriel Marcel les inconvénients du mariage pour un “homme de Dieu”.
Mais nous nous garderons de ce jeu trop facile: catholiques et protestants se trouvent ici attaqués sur un terrain qui leur est commun. La destruction du vieil homme, la renaissance de l'homme nouveau dans le Christ, c'est la doctrine prêchée à l'église comme au temple. Contre le temple et contre l'église, M. Gabriel Marcel plaide pour le vieil homme, pour l'homme charnel que nous sacrifions à une figure, à un automate. Reconnaissons que tout homme religieux, qu'il soit consacré à Dieu ou simple laïc, risque de subir un jour, et le plus souvent vers le milieu de sa vie, cette tempête où sombre le pasteur Claude Lemoyne. Le drame de la vie chrétienne n'est-il pas de découvrir, après des années de domination sur soi-même, cette persistance, cette survivance du vieil homme contre lequel aucune victoire n'est jamais décisive? Dans ces temps que les mystiques dénomment “nuit obscure”, lorsque Dieu se tait, qu'il ne laisse plus au cœur que le sentiment d'un vide atroce, d'une absence infinie, le chrétien continue de faire les gestes de la grâce, il incline l'automate; mais comme lui paraît vivant alors, cet adversaire auquel rien ne peut plus être opposé que des gestes sans amour! Comme ses exigences lui semblent, à ces heures-là, naturelles! Précipitée de cette sur-nature où elle aspira, incapable pourtant de consentir aux abaissements de la nature déchue, l'âme du chrétien rappelle, selon une sublime image de Maurice de Guérin, “un feu du ciel qui frémit à l'horizon entre deux mondes”. Ce qui achève de la troubler, c'est de rencontrer chez quelques-uns de ses frères, comme chez le pasteur Lemoyne, un point de vue professionnel dans tout ce qui touche, non pas seulement aux choses de la foi, mais même à tous les ordres de connaissance et jusqu'à la connaissance de l'homme. Rien de troublant comme cette certitude où il est de leur déplaire dans la mesure où il sera véridique, où il dérangera une certaine mise en scène.
Quand donc finirons-nous d'imputer les vices de l'homme aux doctrines qu'il professe? Les Lemoyne se perdent, non parce qu'ils sont chrétiens, mais au contraire dans la mesure où, en dépit d'une apparente adhésion au christianisme, ils le trahissent à chaque instant. Dieu est Amour, mais Claude Lemoyne est sans amour. A ce pasteur, à ce maniaque de l'examen de conscience, il a donc fallu tant d'années pour connaître sa tiédeur? La complaisance, la satisfaction, voilà son vice, le plus opposé qui soit à l'Évangile. Comme tant de chrétiens, les Lemoyne, loin de tuer le vieil homme, lui ont donné, par un savant maquillage, une figure édifiante. Leur manque d'amour, ils l'ont appelé sainteté; ce goût du confort, qui les sauve de la passion, est devenu renoncement. Vertueux à bon compte, sans lutte, sans conquête, sans victoire, il ne leur a fallu remonter aucune pente. Mais on monte durement vers Dieu; on ne se laisse pas glisser jusqu'à Lui. “Être connu tel qu'on est,” certes! Mais d'abord de soi-même, et, se connaissant, s'offrir par les humiliations aux inspirations.
Dans le drame de M. Gabriel Marcel, les yeux de la femme s'ouvrent d'abord, parce que l'instinct du sexe lui découvre le détachement charnel de l'époux et l'ignoble facilité de sa miséricorde. La bénignité du pasteur lui a dénoncé son indifférence: une femme, une amoureuse sait qu'humainement la trahison en amour ne se pardonne pas sans un immense effort. Et elle ne se pardonne pas à elle-même d'avoir été lâche devant la passion; elle en arrive à croire que la passion seule exige du courage et que le renoncement chrétien est le masque de notre lâcheté. Un tel aveuglement châtie le pasteur et sa femme de ce qu'ayant choisi Dieu par manque et non par excès de passion, ils se sont glorifiés de cette fausse vertu. Le royaume des cieux appartient aux violents. Comme beaucoup d'ouvrages qui d'abords nous troublent, Un homme de Dieu nous impose ainsi le plus salubre des examens de conscience. La critique de M. Gabriel Marcel n'atteint pas le christianisme, mais le pharisaïsme, et nous oblige à les opposer l'un à l'autre.
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1925-07-11
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"Un homme de Dieu", par Gabriel Marcel
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Revue hebdomadaire
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MEL_0729
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34e année, p.235-239
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Critique littéraire
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François MAURIAC
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Voici encore un jeune auteur: M. Jean Davray, dont le premier roman, où brillent les plus beaux dons, paraîtra d’un lugubre trop appuyé. Le titre renferme la seule plaisanterie du livre, et l’épigraphe empruntée à Rimbaud: “Un peu de fraîcheur, Seigneur, si vous voulez, si vous voulez bien…” nous avertit d’abord qu’il s’agit d’une descente aux enfers.
Pourquoi toujours distinguer, entre tout ce que publient les nouveaux venus, le livre le plus noir? C’est qu’en vérité il n’en existe presque aucun de joyeux. A propos d’Adrien Lanquais, nous avions déjà noté qu’un jeune homme qui a la vocation d’écrire cherche à se délivrer, dès son premier livre, du tourment propre à l’adolescence et qu’il n’est guère d’adolescent qui ne soit un inadapté.
Si nous ne devions désigner, entre tous nos jeunes confrères, que ceux qui partent “gais et contents”, il faudrait nous épuiser à battre les buissons; d’autant que la plupart des auteurs gais ne le sont pas devenus tout de suite et qu’ils ont commencé par le drame et par l’élégie. Osons dire que, chez nous, le vieux fleuve rabelaisien, d’un débit si longtemps magnifique, a tari peu à peu. Déjà, en 1853, Sainte-Beuve se lamentait, dans son étude sur Regnard: “Cette gaîté franche, ronde, inépuisable, cette source qui n’avait rien de mince, et qu’on voyait sortir à gros bouillons, qui nous la rendra?” Ce ne sera pas, je le crains, M. Jean Davray.
Parmi les garçons de trente ans, si je cherche un auteur gai, je trouve Marcel Aymé… et qui encore? L’auteur du Voyage au bout de la nuit appartient sans doute à la descendance de Pantagruel, mais son œuvre n’est plus, justement, qu’un immense marécage d’où monte une odeur de putréfaction.
Et sans doute vais-je encore m’attirer le reproche de projeter la lumière sur un livre désespéré où s’exprime le dégoût de vivre et qui calomnie la jeunesse française, alors que, dans les pays voisins, une génération forte et disciplinée s’avance au pas de parade, en d’impressionnants défilés… A ce propos, je me trouvais, dernièrement à Venise, en même temps qu’une véritable armée de jeunes hitlériens dont les fanfares et les cris emplissaient non seulement la ville, mais la Vénétie tout entière. Ce qui d’abord m’avait frappé, c’était l’apparente uniformité de ces garçons: chacun d’eux ressemblait à son voisin comme un poussin jaune ressemble à un autre poussin jaune. Or, un matin que j’étais assis dans une salle du palais des Doges, en face d’in Tintoret, le flot des jeunes hitlériens brusquement déferla. Je ne quittai pas ma place, m’assurant à considérer une à une ces petites vagues vivantes qui me pressaient de toutes parts. Il m’apparut alors que chacun de ces visages exprimait un univers différent. Pour quelques expressions brutales ou stupides, combien de beaux regards inquiets et graves… Si parmi eux il en était qui écrivaient leur journal ou qui ébauchaient un roman, rien ne prouve qu’on y eût découvert un idéal de puissance et de force: car les hitlériens véritables, ce sont ceux justement à qui l’action suffit, que ne presse pas la nécessité d’écrire, que ne tourmente pas l’instinct de se délivrer. Ce qui est supprimé, chez nos voisins, ce n’est pas l’angoisse de la jeunesse, c’est l’expression de cette angoisse.
Sauf par l’absence de joie, M. Jean Davray ne ressemble en rien à M. Alexis Néret, dont le roman fut le sujet de mon dernier article. Son œuvre me paraît beaucoup plus concertée, beaucoup plus méditée; la réflexion chez lui l’emporte sur le jaillissement. Non seulement Jean Davray a dû [lire] tous les livres, mais il a beaucoup étudié et approfondi l’art du roman, il a comparé les œuvres de ses aînés, et n’a choisi qu’après [mûr] examen la méthode qui lui agréait le mieux.
Il ne monte pas de son livre ce cri, cet appel déchirant que nous avions aimé dans Adrien Lanquais. Jean Davray illustre par des exemples empruntés à la vie que certaine idée qu’il se fait de la solitude des hommes et dont seule la mort les délivre. Il considère que l’amour (et c’est une idée profonde) naît souvent entre deux êtres du pressentiment de leur ressemblance et de leur destinée commune. Les oiseaux qui s’accouplent ne se trompent pas d’espèce… L’être humain, lui, cherche à tâtons son semblable et il meurt quelquefois de ne pas le trouver.
Jean Davray ne part pas de la vie pour aboutir à une idée générale. Il part de l’idée et la traduit en drame vécu. Si je dis que cette idée de l’incommunicabilité des êtres se rattache à ce que j’ai appelé autrefois, après Rimbaud, le “désert de l’amour”, on va m’accuser encore de porter aux nues un écrivain qui me ressemble. En réalité, celui de ses aînés à qui Jean Davray se rattache évidemment, c’est l’auteur d’Adrienne Mesurat, c’est Julien Green.
Le monde greenien est un prodigieux univers de rêves et de cauchemars bien liés; mais quelquefois (rarement) dans ses demi-réussites, on a aussi l’impression d’un monde filmé, d’un travail en studio. Le défaut capital de Jean Davray, c’est d’avoir isolé chacun des types humains qui illustrent ses idées sur la vie, de les avoir transportés dans un laboratoire et mis en observation sous des cloches de verre. On sent trop qu’il tente une démonstration: voici deux frères, voici deux amis, voici deux amants: l’expérimentateur fait régner autour d’eux le même désert. Dès qu’un romancier démontre, il ne montre plus, et le lecteur se désintéresse de ses personnages parce qu’il ne peut plus penser à eux comme à des créatures libres et vivantes.
Ce n’est pas que les héros de Fraîcheur manquent de vérité, ils existent et nous les avons rencontrés dans la vie; mais ils y sont mêlés à une foule qui ne leur ressemble pas; ils sont entourés de frères qui se connaissent, d’amants qui se rejoignent, et d’amis qui n’ont qu’un seul cœur. Aussi profond que soit leur désespoir, ils n’en ont pas moins le ciel au-dessus de leur tête, et en levant les yeux, ils peuvent voir les étoiles à travers les branches. L’air ne circule pas autour des damnés de Fraîcheur. Il manque à ce livre l’odeur du vent, le froid de la pluie. On ne saurait trop répéter à un jeune écrivain aussi doué que l’est Jean Davray, que chaque créature humaine est le centre du monde créé, et qu’on n’a pas le droit de la séparer du monde pour la peindre. Le plus humble romancier, dès qu’il décrit un homme, doit avoir l’ambition formidable de peindre tout l’univers, parce que chacun de nous fait partie intégrante de l’univers.
Ces défauts si évidents, qui risquent de créer chez le lecteur un état d’indifférence à l’horreur du drame, ne doivent pas nous rendre injustes envers un livre parfois puissant, fortement construit, et qui ne témoigne pas seulement que son auteur a beaucoup réfléchi sur la destinée de l’homme; nous y discernons aussi une recherche, un désir d’évasion du côté de Dieu. Sous l’apparente et arbitraire horreur de ces trois cents pages, où plusieurs personnages (et même un petit garçon) aboutissent au suicide, palpite évidemment une espérance. Il faudrait apprendre à toutes ces créatures de bonne volonté qu’il n’est pas impossible de posséder Dieu sans mourir, que le royaume promis est pour maintenant, pour tout de suite, que dans ce royaume notre frère devient notre “prochain” –qu’il nous est si proche qu’en vérité nous ne faisons qu’un avec lui– étant les pampres de la même vigne.
Et s’il n’est pas donné à tous d’adhérer à cette conception chrétienne de la vie, il reste aux malades dont Jean Davray exprime le tourment de renoncer à cette recherche d’une connaissance et d’une possession individuelle des êtres. Le mot de Karl Marx (que je cite de mémoire): “Le temps n’est plus de comprendre le monde, mais de le changer…” peut être pris dans un sens plus étroit et transposé sur le plan moral. Il importe peu de ne pouvoir entrer en contact avec tel ou tel, si nous atteignons, aussi peu que ce soit, à servir une cause que nous croyons juste, et à agir indirectement sur tant de cœurs inaccessibles.
Aux lecteurs de Jean Davray qui, comme quelques-uns de ceux d’Alexis Néret, me reprocheront peut-être de leur avoir recommandé un ouvrage morbide, je répondrai qu’on ne saurait rien exiger de plus des jeunes écrivains qu’une certaine attitude noble et désintéressée devant cette vie dont l’horreur ne leur est pas encore familière, devant les monstres qu’ils n’ont pas encore eu le temps d’apprivoiser.
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1936-10-30
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“Fraîcheur” de Jean Davray
(Albin Michel, édit.)
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MEL_0078
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9e année, n°417, p.4
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Divers journaux ont émis l’idée qu’il fallait perpétuer le souvenir des membres de la Résistance torturés ou fusillés par les Allemands. Dimanche prochain, aura lieu une cérémonie du souvenir, au Mont-Valérien et au cimetière d’Ivry, puis dix-huit rues de Paris recevront le nom de martyrs de la Résistance; mais il s’agit là de manifestations sporadiques. C’est à notre éminent collaborateur André Billy que revient l’idée d’une manifestation collective destinée à rendre hommage aux morts de la libération parisienne. André Billy envisageait le projet d’un tombeau collectif où, dans un sublime anonymat, reposeraient les corps de ceux à qui nous devons la liberté.
Nous avons interrogé un certain nombre de personnalités et plus simplement un certain nombre de personnes, au hasard des rencontres dans la rue, sur ce sujet d’une si douloureuse actualité.
[…]
“UN MUR, propose François MAURIAC. Un monument, mais quelque chose de simple et de terrible: un mur, quelque chose qui fait penser au murs des Fédérés; mais il faudrait confier cette tâche à un grand sculpteur. Je ne vous propose aucun nom: je ne sais pas si tel ou tel a fait le voyage de Weimar: en tout cas, que l’on se garde des freluquets à monuments officiels qui sévissaient sous la IIIe République.”
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1944-10-19
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“Un tombeau collectif pour les morts de la Libération” a proposé André Billy
Ce qu’en pensent: L’homme de la rue Georges DUHAMEL et François MAURIAC
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L'Aurore
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MEL_0128
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3e année, n°51, p.1
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Enquête
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Marc SORIANO
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34371852k/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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Texte
Ressource textuelle
Text
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“… Une civilisation qui ne devrait
servir qu’au progrès humain”
MERMOZ
“Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie…” J’ai toujours cru que la valeur réelle d’un homme se mesurait au pouvoir de se donner. Je ne dis pas: au goût du risque. Des garçons risquent tout, souvent, par manque d’imagination, par vanité, par bêtise.
Un Mermoz, lui, connaît le prix de cette vie qu’il sacrifie. Il ne cherche pas la mort, il se prémunit contre elle dans la mesure où sa téméraire tentative le lui permet. Mais il ne tient plus compte de sa menace, une fois les précautions prises, et il part…
L’aviation, qui a élargi jusqu’aux étoiles l’empire de la Mort et qui trouble parfois avec des mitrailleuses le silence éternel des espaces infinis, a devant Dieu une excuse, une magnifique raison d’être: c’est d’avoir ouvert une route nouvelle à cette impatience de se dépasser soi-même qui fait toute la grandeur de sa créature –et quand une Nation est près de douter d’elle-même, c’est de lui susciter un Mermoz en qui elle reconnaît sa vertu la plus haute, sa vocation de Fille de Dieu.
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1937-01-16
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(sans titre) Mermoz
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Le Flambeau
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MEL_0369
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9e année, 3e série, n°90, p.1
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32786524b/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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Texte
Ressource textuelle
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“Je ne formule pas de menaces, s’écriait dimanche M. Léon Blum, mais que personne n’oublie qu’il y a derrière nous les masses populaires, auxquelles on n’aurait pas besoin de faire appel deux fois si l’on s’insurgeait contre leur volonté.” Ainsi, dans le moment même où le chef socialiste se défend de menacer personne, il brandit une arme qui vise la capitale au cœur, et qui peut se retourner contre lui.
Car ces masses auxquelles un gouvernement socialiste ferait appel n’auraient plus l’aspect de cette inondation puissante, mais endiguée, qu’organisait le Front populaire et dont les Parisiens déjà ne s’effrayaient plus. Aujourd’hui, le même pouvoir qui déchaînera cette force tiendra en main la police et l’armée: il ne saurait à la fois recourir à l’émeute et lui opposer les gardiens de l’ordre. Qu’on le sache bien: ceux qui descendront dans la rue désormais y descendront en maîtres.
Il ne s’agira plus d’une manifestation, mais d’une de ces “journées” dont les dates demeurent inscrites sur le mur de l’Histoire pour y marquer les diverses crues de la Révolution. En 1924, le chef d’un gouvernement radical et tous ses ministres escortèrent au Panthéon les cendres de Jaurès; il n’en fallut pas plus: la foule devint grondante et menaçante et la panique de Paris gagna la France entière.
On ne peut à la fois s’appuyer sur l’émeute et la juguler. Le jour où, après avoir appelé à son secours la masse populaire, le président du Conseil socialiste en serait réduit à lui opposer la force armée, il serait balayé et, selon une loi inéluctable, d’autres chefs naîtraient de l’émeute même qui, ceux-là, ne distingueraient plus Léon Blum de Pierre Laval ou de Louis Marin.
Un gouvernement socialiste a tout à craindre de la rue, parce qu’il est désarmé contre elle. La règle du jeu, de l’horrible jeu, lui interdit ce qui est permis aux ministres radicaux. Ceux-ci ont souvent tiré quelque orgueil d’avoir maintenu l’ordre durement. Certains même en ont tiré profit: le brutal Clemenceau dut à sa poigne une part de son prestige. Mais, pour un gouvernement socialiste, toute victoire remportée sur la foule furieuse équivaudrait à un arrêt de mort.
M. Léon Blum a raison de l’affirmer: il n’aurait pas besoin de deux appels pour précipiter dans la rue les masses populaires. Seulement a-t-il réfléchi qu’elles y peuvent descendre sans être appelées par lui? D’autres voix que la sienne, plus puissantes que la sienne, s’élèveront. Ceux qui ne veulent pas partager la responsabilité du pouvoir ne lui demanderont peut-être pas son avis pour déchaîner la tempête.
“La menace des clubs”, écrivais-je l’autre jour. Elle se précise terriblement. On ne saurait trop méditer le passage, que l’on trouvera reproduit plus loin, d’un article de M. Jacques Duclos, publié hier dans l’Humanité.
De ce peuple soviétisé sur lequel le ministère S.F.I.O. s’appuiera, M. Léon Blum n’est donc pas l’unique chef. Plusieurs qui ne connaîtront pas les entraves du pouvoir n’auront d’autres raisons de ne point s’abandonner aux excès que le souci de ne causer nul embarras au chef du gouvernement. Mais que ce sera tentant pour eux d’obliger M. Léon Blum à défendre l’ordre et de le condamner à faire bon gré mal gré figure d’homme de droite!
Nous n’avons aucune raison de ne point croire sincère le futur président du Conseil quand il écrit: “Si nous réussissons, tout le monde en profitera…” Au point où en sont venues les choses, ce que nous redoutons, ce n’est pas que M. Léon Blum soit le maître, mais au contraire qu’il ne le soit pas assez.
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Date
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1936-05-12
Title
A name given to the resource
<p>La Menace des “journées”</p>
Publisher
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Le Figaro
Identifier
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MEL_0182
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111e année, n°133, p.1
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
communisme, masses, gouvernement
Description
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François Mauriac craint que <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Blum" target="_blank">Léon Blum</a>, parce qu’il agite la menace de l’intervention des masses, soit débordé par elles au profit d’une soviétisation de la société.
Type
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Chronique
communisme
Gouvernement
Masses
-
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Ressource textuelle
Text
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1939, année guérinienne
Toujours malchanceux, Maurice de Guérin s’est avisé de mourir le 19 juillet 1839, deux cents ans après que naissait Racine, de sorte que le centenaire de sa mort disparaît dans le rayonnement de l’année racinienne. Combien serons-nous, mercredi, à penser à lui, à prier pour lui?
Ce n’est pas Jean Racine qui nous séparera de Maurice, et sa grande ombre consentira un instant à s’écarter devant cette jeune ombre douloureuse. Mais il serait vain de chercher entre eux aucune ressemblance. Racine est si détaché de son œuvre que, du moins au premier regard, aucun événement de sa vie ne l’explique ni ne l’éclaire; il n’a rien livré de lui-même que ces quelques fruits intacts: ses tragédies. Maurice de Guérin, au contraire, ne nous a laissé qu’une tragédie, et c’est sa vie même. Bien sûr, ces deux poèmes Le Centaure et La Bacchante, eussent suffi à lui assigner une place éminente dans l’histoire de la prose française, mais ils n’eussent pas suffi à nous attacher à lui par des liens si tendres. Sa vie, telle que la reflètent le Cahier Vert où il s’est épanché, sa correspondance, le Journal d’Eugénie, les memoranda de Barbey d’Aurevilly, c’est cette vie qui nous a pris d’abord, et nous ne cherchons plus, quand nous lisons Le Centaure, que le secret d’un enfant baptisé qui appuyait plus volontiers son front contre l’écorce des chênes que sur l’épaule du Christ.
Il faut un grand effort pour retrouver dans ses tragédies l’homme que fut Racine, et l’esprit le plus ingénieux n’atteint sur ce sujet qu’à des conjectures. Mais il n’est pas une ligne de Maurice où nous ne surprenions les battements de son cœur. Sur la terrasse du Cayla, à La Chesnais, partout où il a traîné sa jeunesse souffrante, il a joué la tragédie qu’il n’a pas écrite, dont les protagonistes étaient le Dieu de son enfance, le Dieu d’Eugénie et Cybèle, déesse de la Terre.
Vers elle, il inclinait de toutes les puissances de son être. Il n’attendait rien de la vie, semble-t-il, que le silence nécessaire à la contemplation de la Nature. Et de cette contemplation, il n’espérait la découverte d’aucune autre vérité que celle qui est chuchotée par les chênes, lorsque le vent émeut leurs cimes. Peut-être ne serait-il pas mort si on l’avait laissé rêver en paix.
Mais il était de ces petits provinciaux à la poitrine faible, comme j’en ai tant connus, qui doivent se faire une position à Paris, courent le cachet dans des rues boueuses, toussent au fond d’immondes garnis, et qui écrivent le soir à leurs chers parents, fort exigeants quant aux nouvelles, et parents pauvres sans doute, mais surtout parcimonieux, et qui ont toujours professé que la vache enragée, ça ne fait pas de mal à vingt ans. Qu’on ne voie là aucune intention de reproche à l’égard du père de Maurice, noble et bon entre tous. Il est pourtant vrai que devant le cadavre de leurs fils, bien peu de pères établissent un rapport de cause à effet entre cette dépouille et les travaux forcés d’une jeunesse d’étudiant.
Maurice de Guérin n’a pas goûté la mort dans la paix: à Paris, sa sœur Eugénie, grande âme sainte et passionnée, et Caroline de Gervin, sa jeune femme, menèrent autour de son lit une lutte sourde. Quand la sœur se penchait vers lui, il surprenait dans la glace le regard de l’épouse blessée. Et lui, peut-être, échappait-il à l’une et à l’autre, pour retrouver au plus secret de lui-même, la baronne de Maistre, son unique amour.
A cent ans de distance, j’ai pris jusqu’à Bordeaux la même route qu’il a suivie, dans son dernier voyage au Cayla. J’ai tâché de discerner les maisons assez anciennes, les murs assez ruinés pour se souvenir de lui, et ils m’ont été chers parce qu’ils avaient vu passer Maurice. Il croyait que l’air natal le guérirait; ou peut-être obéissait-il au profond instinct animal atteint: mourir au gîte, se dissoudre dans une terre aimée.
Cependant l’approche de la mort réconciliait en lui le Christ et Cybèle: à Dieu il donnait son cœur et son âme, à la terre ses ossements. L’impossible partage se consommait enfin, le 19 juillet 1839. Entre tant de larmes répandues ce jour-là: “date éternelle”, celles d’Eugène de Guérin, grâce au Journal, ne finiront jamais d’être versées.
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1939-07-19
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1939, année guérinienne
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Le Figaro
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MEL_0894
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114e année, n°200, p.1
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Chronique
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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26 Septembre
Aujourd’hui, lundi 26 septembre, l’irréparable n’est pas encore accompli et c’est là notre unique raison de ne pas perdre cœur. Puisque les dés ne sont pas jetés, nous espérons “désespérément”. Si les événements sont, comme le dit Pascal, des maîtres que Dieu nous donne de sa main, nous récuserons celui-là, de toutes nos forces, tant que son poing ne pèsera pas sur notre nuque, tant que nos enfants resteront auprès de nous.
Mais même si la menace s’éloigne une fois encore, l’approche seule du fléau immonde, vingt ans après la grande guerre, nous juge et nous condamne, nous, les survivants. En juillet dernier, j’ai fait faire à mon plus jeune fils le pèlerinage de Verdun. Vingt années n’ont presque rien changé à l’aspect du Mort-Homme. La terre y est encore en agonie. Et déjà, il faudrait recommencer!
Outre nos responsabilités particulières, il existe pour toute notre génération une responsabilité collective. Le néant ridicule dans lequel sombre la Société des Nations mesure la faillite de cette espérance dont les morts de Verdun nous avaient faits les héritiers.
Mais à quoi bon parler, maintenant? Je demande pardon à ceux qui me lisent: si le signal de la tuerie était donné, je ne serais même pas bon à “remonter le moral” . Déjà écrire me paraît criminel. Aligner des mots, arranger des phrases… j’ai pu me laisser aller lorsqu’il s’agissait d’autres peuples. Mais aujourd’hui “le reste est silence” … Non! corrigeons ce mot de Shakespeare et disons: “le reste est prière” .
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1938-09-30
Title
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26 Septembre
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Temps présent
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MEL_0855
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2e année, n°46, p.1
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Billet
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344256497/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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Microfilm
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M. le président du Conseil –qui passe notre espérance– nous invite à nous réunir aujourd'hui dans les églises pour prier. Nous ne manquerons pas de suivre ce pieux avis, d'autant que lui-même conférera par sa présence, aux cérémonies funèbres, un caractère tout ensemble officiel et sédatif.
Le chef du gouvernement accomplit son devoir en veillant à ce que le sang ne soit pas de nouveau versé. Entre les victimes pour lesquelles il va prier ce matin, et lui, un malentendu n'en persiste pas moins: car ces pauvres gens sont morts pour que “ça change”, et il occupe le pouvoir pour que “ça ne change pas”.
Mais on finit toujours par s'entendre avec les morts. Les morts sont de bonne composition, surtout lorsque les vivants qui parlent en leur nom font figure d'hommes raisonnables. M. le président du Conseil peut tout espérer de la sagesse des ligueurs qui ont répondu à l'étranglement du vieux Doumergue par un défilé de troupes, à vrai dire impressionnant.
Il est d'ailleurs toujours avantageux pour le gouvernement d'avoir en face de soi une opposition composée d'hommes d'ordre, parce qu'au nom de la patrie, on a vite fait d'inquiéter leur conscience.
Les chefs de cette opposition ont-ils une idée de derrière la tête? Cela est vraisemblable bien que nous n'en soyons pas très sûr. Aux jours naïfs de notre jeunesse, nous prêtions volontiers à autrui de mystérieux desseins et de vastes pensées; mais l'expérience nous enseigne que la plupart des hommes, même parmi les chefs, vivent dans l'immédiat, que leur secret le plus souvent est de n'en avoir aucun et qu'ils redoutent fort que le public ne finisse par s'en apercevoir.
En tout cas c’est sur le scrupule patriotique des ligueurs que le gouvernement a raison de compter aujourd’hui. Après une année, les assassins n’ont pas été punis, le silence se fait sur la tombe des victimes; la Maçonnerie qui a eu son Charleroi le 6 février, qui a eu sa Marne le 8 novembre, veille à ce qu’il ne soit pas changer un iota à cette Constitution dont l’usage lui assure dans ce pays un règne sans fin. Il est vrai… Mais il est vrai aussi que le cours de la vie dérange les trames les mieux ourdies et que ce gouvernement modéré que la Maçonnerie avait chargé d’occuper le tapis en attendant qu’elle reprenne au grand jour la première place, accomplit au dehors une œuvre qui étonne le monde.
Autant que les profanes en puissent juger, le morne piétinement de la diplomatie française est interrompu. O merveille! les débats entre nations ne sont plus stériles. La politique des pactes prend figure; elle fait honneur à ceux qui l'ont conçue et à ceux qui l'inscrivent dans le réel. Depuis trois jours, les peuples comme autrefois regardent le ciel sans terreur.
Et sans doute on nous expliquera que les événements ont aidé les hommes; nous voyons bien ce que Laval doit à Hitler, ce qu'il doit plus encore peut-être au besoin qu'a l'Angleterre d'une Europe pacifiée, pour n'être plus distraite de la partie qu'elle joue en Asie. Mais les considérations de cette sorte n'enlèvent rien au mérite des négociateurs français: la politique est l'art d'utiliser les événements, c'est l'exploitation raisonnée du hasard, au profit d'un plan longuement mûri.
Dans le silence de cette journée, dans ce recueillement au bord des tombes de ceux que nous n'avons pas vengés (mais Dieu s'est réservé la vengeance) aucune voix ne soufflera-t-elle aux maîtres de l'heure: “Profitez du prestige que vous donnent vos succès au-dehors pour accomplir au-dedans ce qu'ont voulu ces victimes: brisez la résistance de conjurés qui se servent de vous, si vous ne voulez pas qu'ils vous étranglent, vous aussi, entre deux portes. Car ce qu'ils attendaient de vous, ce n'était pas de servir la France et l'Europe comme vous le faites avec tant d'éclat, mais de détruire les ligues nationales, comme vous vous y êtes efforcés avec tant de maladresse.”
Que les hommes de premier plan manquent donc d'audace! Ils n'ont de force que pour résister à la tentation de jouer un rôle décisif. Imaginons un président du Conseil ou un ministre des Affaires étrangères qui, revenant de Rome et de Londres, choisirait le 6 février pour annoncer au pays un programme de réformes, à la fois politique et social... Le plus modeste programme, mais qui serait une amorce, qui ressemblerait à un premier pas... De quels cris d'espérance et de joie ce message serait salué. Que cet homme serait aimé! Hélas! le pays est seul dans la partie qu'il joue contre les politiciens.
Et nous savons bien que personne, en démocratie, n'a moins de pouvoir qu'un ministre: il faut considérer l'animal parlementaire dans son milieu réel, ses attaches de toutes sortes, les promesses échangées, les amitiés et les inimitiés, les menaces occultes qui le pressent. En politique, c'est peut-être dans la mesure où un homme n'est pas libre qu'il atteint aisément aux hautes places.
Mais une autre menace depuis le 6 février 1934 pèse sur le chef du gouvernement: non occulte, celle-là, une menace à ciel ouvert, si l'on peut dire, et que le plus malin ne saurait esquiver. Pour des politiciens, c'est peut-être un jeu d'enfant que de rouler ce peuple malheureux (ils le lui ont bien montré le 8 novembre) mais ce dont nous sommes assurés, c'est qu'avec toute leur ruse ils n'arriveront plus jamais à le rendormir.
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1935-02-06
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6 février
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MEL_0158
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110e année, n°37, p.1
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8 mai 1945
IL n'y aura plus aujourd'hui, comme le 11 novembre 1918, un vieux Paul Bourget à sa fenêtre, penché sur la rumeur enivrée de Paris et grommelant: “Voilà les bêtises qui commencent!” Les Français savent qu'ils ont été sauvés de “justesse”, comme on dit. Ils gardent leur tête froide, bien que leur cœur déborde d'une amère tendresse pour les morts de la guerre, pour ceux sur qui les maisons de nos vieilles villes se sont écroulées, pour les suppliciés de la Gestapo, pour les revenants des camps de l'épouvante, pour l'immense foule anonyme dont le sacrifice nous a mérité de voir ce jour auquel obstinément nous avons cru (et c'est notre modeste honneur…) durant ces noirs hivers de l'occupation, alors qu'en si grand nombre les Français étaient traqués, grelottants et affamés; et qu'ils soient bénis avant tous les autres, ces fils de France à qui nous devons d'avoir vu cette aube se lever au delà du Rhin, –car c'était un rêve hier inimaginable et qui s'est accompli pourtant: le drapeau français flotte à Stuttgart et à Ulm, confondu avec les glorieux étendards de nos frères américains et anglais. Que leur sacrifice et celui des innombrables soldats de l'Armée rouge demeure inscrit à jamais dans la mémoire et dans le cœur des écoliers de France.
Voici pour nous le jour du grand rassemblement. Les injures ne sont pas des raisons. A tous cux qui m'en accablent, je répète avec le calme de la certitude: “Vous voyez bien que vous vous êtes trompés, que vous avez été trompés. Mourir ignominieusement ou vivre dangereusement –mais vivre! Pris dans ce dilemme, nous avons choisi le parti de la vie. Regrettre-vous aujourd'hui de n'avoir pas déclaré la guerre aux Alliés? Regrettez-vous que les hommes de la Résistance aient réduit à néant les accords de Montoire?” Réjouissez-vous donc avec nous, et avec tous les peuples délivrés d'une monstrueuse servitude. Tressaillez de joie parce que l'Europe avait été réduite en esclavage par des tortionnaires et par des assassins et qu'elle est redevenue la patrie des hommes libres, et qu'elle n'a pas été abandonnée, et que nos yeux ont vu la manifestation de la Justice.
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A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1945-05-08
Title
A name given to the resource
8 mai 1945
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Le Figaro
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MEL_0355
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119e année, n°226, p.1
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Français