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Title
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Représentations théâtrales
Texte
Ressource textuelle
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M. Henri Bataille atteint l'âge critique des écrivains de théâtre où ils croient qu'ils sont Shakespeare. Il faudrait à ce moment de leur vie les entourer d'une lance surveillance courtoise mais ferme, et leur interdire l'approche de certains sujets comme ce don Juan qui plus qu'aucun autre les attire. On souffre mal que sur ce visage qu'embellirent Molière, Byron, Mozart, Baudelaire, Mérimée, Barrés, un Bataille se pose et le corrompe. Miguel Manara, le don Juan de l'histoire, ne méritait pas cette injure. Dès trente ans, il renonce à la débauche, fonde un ordre pour assister les condamnés et recueillir leurs cadavres; enfin il fit une pénitence si admirable que depuis deux siècles, Rome s'inquiète de le canoniser. Devant son masque, à Séville, Barrés se rappela les traits de Pascal. Tant qu'il s'en donna à cœur joie, le héros s'intéressait aux corps mais aussi aux âmes: il aimait perdre les âmes et voler Dieu et c'est pourquoi il rôdait volontiers autour des couvents et les grilles sombres l'attiraient. Pécheur ou saint, le ruffian ne cesse d'être inquiet d'éternité. M. Henri Bataille, qui peut-être a le sentiment d'être épuisé et de n'en plus pouvoir, a-t-il cru que ce haut sujet le porterait et que la grandeur de son héros nous ferait illusion? Mais par un triste miracle, cet Espagnol, sensuel, dévot, et qui avait le goût du sang, se mue en un ennuyeux bavard qui, parlant à perdre haleine, au long de trois actes, atteint pourtant à ne rien dire. Il ne reste rien ni de la réputation de l'auteur, ni du personnage, ni de l'acteur, ni du plaisir des spectateurs: c'est enfin ce qui s'appelle un rôle écrasant. M. Henri Bataille lui-même a pris peur et a crié au secours vers le metteur en scène: les rossignols chantent dans un jardin d'Espagne; la cathédrale de Séville s'emplit des gémissements de l'orgue; l'homme à la rose porte un pourpoint d'argent et toutes les femmes comme Lola de Valence ressemblent à des bijoux roses et noirs. Mais quelle luxueuse monture embellirait jamais une pierre fausse? Alors M. Henri Bataille jeta le cri des auteurs de revue dans la détresse: “Faites donner les femmes nues!” Et deux femmes nues sont tout le mérite du dernier acte. Au premier, nous avions vu don Juan, déjà fourbu, confier à une doublure la séduction d'une dame sévillane; le mari jaloux tue la doublure qu'on enterre pompeusement sous le nom de don Juan, — ce qui permet au héros d'assister à ses propres obsèques. Cela prêtait à du comique, ou à du tragique, et la richesse même du sujet rend plus cruelle l'impuissance de M. Bataille à en tirer quoi que ce soit. Don Juan derrière un pilier compte ses maîtresses, celles qui pleurent et celles qui bâillent. Il fait peur à une petite nonne qui naguère l'aima, essaye de séduire en cinq minutes une enfant pénitente au confessionnal et s'entend appeler vieux dégoûtant; cette injure le décide à ne pas rentrer dans la vie et à faire le mort. Mais lorsque, au dernier acte, dans la pauvre auberge où il se cache, don Juan veut jeter le masque, nul ne le croit et il est réduit à payer cinq douros les faveurs d'une souillon. M. Bataille brûle ce qu'il adora; toutes ses autres pièces portent en exergue les vers de ce poète, dans un roman de Daudet:
Et de quelques lazzis dont la foule me raille.
Moi je crois à l'amour comme je crois en Dieu!
M. Bataille ne croit plus à l'amour et pour comble il prête à son romantique fantoche tous les ridicules d'un homme de lettres: don Juan écrit ses mémoires et veut violer une tombe pour les retrouver. M. Henri Bataille ne croit même plus à la littérature... Ce qu'il y a de pathétique dans l'Homme à la rose, c'est qu'on y sent partout l'auteur conscient du ratage, il se cache derrière l'accessoire, il décroche des apparitions, il prie M. de Curel de lui vouloir bien passer le squelette de l'Ame en folie; il veut faire rire par des anachronismes et don Juan tape à la machine ses mémoires: pas une larme, dans la salle, pas un rire — un immense ennui qu'atténuent décors et costumes.
M. André Brûlé a joué si longtemps Arsène Lupin qu'il ne peut plus s'arrêter: sous son pourpoint d'argent, il garde cet indéfinissable accent “apache et monde”. Ce n'est d'ailleurs pas désagréable, loin de là; et puis il inspire une sincère pitié: comme on comprend que le premier soir il ait crié grâce!
Mlle Ève Francis montre un goût étrange des contrastes, cette excellente artiste a la gloire d'être l'unique interprète de Paul Claudel. Elle passe de Claudel à Bataille avec une aisance miraculeuse. Ce brusque changement d'atmosphère ne lui coupe pas la respiration. C'est peut-être que de l'un à l'autre, il n'est de différence que le génie et qu'il y a aussi de la perversité dans Claudel. Nous aurons bientôt sujet d'étudier le cas de ce grand dramaturge.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1920-12-25
Title
A name given to the resource
L'Homme à la rose, pièce en trois actes de M. Henri Bataille,
au théâtre de Paris
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Revue hebdomadaire
Source
A related resource from which the described resource is derived
29e année, n°52, p.474-476
Type
The nature or genre of the resource
Chronique dramatique
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34350607j/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF<br /></a>Repris p.16-18, <span>in<span class="apple-converted-space"> </span><em>Dramaturges</em>, Paris : Librairie de France, 1928.</span>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0669
Subject
The topic of the resource
théâtre, molière, Espagne
Description
An account of the resource
Sévère condamnation sans appel d’une nouvelle version de Don Juan que François Mauriac qualifie de ratage bavard et ennuyeux.
Espagne
Molière
Théâtre
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a3efc4597e30b742ef2a53a8d4e29b4d
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Title
A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
Texte
Ressource textuelle
Text
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Nous vivons dans des temps où la victime du moment fait oublier la victime de la veille, où un crime chasse l’autre. Il faut que nous sachions garder fidélité à une cause même si elle n’est plus à l’ordre du jour. On ne parle plus beaucoup des Basques depuis quelque temps. Il n’empêche que le problème basque demeure posé, et qu’il reste actuel, tant que l’Espagne n’aura pas retrouvé la paix.
Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que dans l’univers catholique, et d’abord en France, les Basques ont gagné la partie devant l’opinion. Nous ne nous serons pas battus pour rien, et les injures reçues ne pèsent guère devant le résultat obtenu. Ces jours derniers, à une première réunion pour constituer le Comité international d’amis des Basques, la présence de l’archevêque de Paris, de l’évêque de Dax et d’autres personnalités dont il ne nous appartient pas encore de donner le nom, témoignait que la fraternité catholique, longtemps hésitante à cause de tant de calomnies répandues, s’affirme maintenant sans réticences en faveur des amis fidèles que possède la France sur la frontière des Pyrénées.
Durant les dernières vacances, en première page d’un grand quotidien modéré comme La Petite Gironde, une enquête très favorable aux Basques, de M. Pierre Dumas, a pu paraître durant plusieurs jours sans soulever de protestations. D’un certain nombre d’erreurs, qui naguère encore couraient la presse française, aucun journal n’ose plus aujourd’hui se faire l’écho.
Personne n’ignore plus en France qu’avant la guerre civile, non seulement aucune alliance n’existait entre les catholiques basques et les communistes, mais que, sur le terrain électoral comme sur celui des œuvres sociales, ils demeuraient des adversaires irréductibles. Attaqués par les rebelles, dès le premier jour, les Basques se sont trouvés à leur corps défendant au côté des gauches espagnols, de même qu’en septembre, une agression de l’Allemagne nous aurait placés, avec l’Angleterre conservatrice, dans le même camp que les Soviets.
Aucun catholique n’ignore plus que l’obéissance au pouvoir établi, au pouvoir légal, fût-il le pire, demeure la règle de l’Église, et que seule la passion politique pouvait faire un crime aux catholiques basques d’avoir refusé de se révolter. Même si l’on considère que l’état intérieur de l’Espagne rendait légitime le soulèvement militaire et l’appel à l’étranger, même dans cette hypothèse, aucune loi divine ni humaine n’obligeait en conscience les Basques à prendre parti contre le gouvernement officiel de Madrid auprès duquel étaient accrédités les ambassadeurs du monde entier. Les rebelles, et non les fidèles, ont à se défendre et à présenter leurs arguments. Nous admettons que ces arguments méritent d’être considérés. Mais ce que nous n’admettons pas, c’est que les Basques aient commis un crime en voulant demeurer hors du conflit.
D’ailleurs, par quel miracle eussent-ils pu se résoudre à soutenir les ennemis de leurs libertés? Au moment d’obtenir de la République l’autonomie dans le cadre de la nation espagnole, leurs aspirations allaient être satisfaites. Il était inhumain d’attendre d’eux et stupide d’espérer qu’ils mettraient leurs forces au service de ceux qui souhaitent d’anéantir ces libertés auxquelles ils tiennent plus qu’à leur vie. Aucun Français raisonnable ne croit plus aujourd’hui qu’on pouvait raisonnablement attendre d’eux une telle attitude. Pas plus d’un peuple que d’un individu, nous ne saurions exiger qu’il se trahisse lui-même.
Et sans doute on objectera qu’ils ont tout perdu, qu’ils ont été écrasés. Défaite qui n’est qu’apparente. Les Basques l’ont tout de même emporté. Ils ne furent jamais si près de la victoire. Le gouvernement d’Euzkadi réside à Paris et ce n’est pas un gouvernement fantôme car il s’occupe des milliers et des milliers de Basques de tout âge et de toutes conditions qui ont franchi les frontières; il veille sur des milliers d’enfants.
Des amitiés fidèles les entourent dans le monde entier. La hiérarchie catholique, un moment influencée par les manifestes passionnés d’une partie de l’épiscopat espagnol trop engagé dans la guerre civile, ne traite plus son peuple fidèle en suspect. Nous savons que le Père commun les porte aujourd’hui dans son cœur et que l’archevêque de Paris se tient à leurs côtés. Quelle que soit l’issue de la guerre civile, personne ne doute plus que le vainqueur ne fondera rien de durable sans rendre aux Basques leurs libertés. Quant à nous, nous sommes assuré qu’en soutenant cette cause, c’est la France que nous avons servie. Elle a besoin, sa sécurité exige que sur la frontière des Pyrénées les forces allemandes et italiennes, plus ou moins camouflées, cèdent la place aux possesseurs légitimes, dont les frères sont Français –peuple petit, sans doute, mais tout de même le plus fort de l’Espagne, le plus pur de race, le plus riche non seulement en esprit, mais aussi matériellement: l’Euzkadi produisait, à la veille de la guerre civile, soixante pour cent du fer de la Péninsule; il frétait la moitié des bateaux battant pavillon espagnol, il fournissait plus d’un quart des comptes courants de la Banque d’Espagne.
L’Église basque dirigée par un clergé social dévoué aux œuvres populaires, opposait au communisme cette justice, cette charité, cet amour qui sont les seules armes efficaces du chrétien. Nous sommes en droit d’affirmer aujourd’hui que c’est dans la mesure exacte où les provinces basques auront reconquis leurs libertés que l’Espagne retrouvera la paix véritable. Ces libertés seront la pierre de touche d’un bon gouvernement, de même que leur suppression serait le signe d’un pays livré à la force, c’est-à-dire condamné à de nouvelles et interminables convulsions. Le rétablissement de l’Euzkadi dans ses droits marquera enfin l’entrée de l’Espagne dans la paix.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1938-12-30
Title
A name given to the resource
La Victoire des Basques
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Paris-Soir
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0595
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34519208g" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Source
A related resource from which the described resource is derived
16e année, n°6012, p.2
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
guerre d’Espagne, peuple basque, Espagne, catholicisme social, communisme
Description
An account of the resource
François Mauriac prend du recul sur la défaite militaire des Basques pour relever leur victoire dans l’opinion publique. Il apparaît que leur refus de se soulever contre le gouvernement républicain était justifié par la promesse que leurs libertés allaient être reconnues. Il appuie le gouvernement basque en exil à Paris, ainsi que le clergé basque dont les idées sociales étaient un rempart contre le communisme. Pour lui, la paix en Espagne ne s’établira que lorsque les Basques auront récupérés leurs droits.
Type
The nature or genre of the resource
Chronique
catholicisme social
communisme
Espagne
guerre d'Espagne
Peuple basque