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Guerre d'Espagne (1936-1939)
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Dans un discours prononcé à Bilbao (1), le ministre de l’Intérieur du gouvernement de Salamanque attaque avec violence Jacques Maritain et la Croix. Il me fait aussi l’honneur de me nommer. Je voudrais, à ce propos, essayer de dissiper quelques équivoques et marquer ma position et celle de mes amis, dans le conflit qui divise l’Espagne.
Mais il faut d’abord avertir le ministre espagnol qu’ici, en France, Jacques Maritain, tendrement aimé de ses amis, est aussi respecté de ses adversaires. Pour beaucoup qui peuvent ne pas entrer dans ses vues sur le Thomisme, ni approuver toutes ses initiatives et toutes ses démarches, il est demeuré, il restera toujours ce “bien-aimé Jacques”, à qui Ernest Psichari écrivait en 1914: “Ce que tu as fait pour moi, les prières par lesquelles tu as fléchi le Bon Dieu, tes paroles persuasives, l’exemple plus persuasif encore de ta vie si noble, si épurée par la Grâce, ta fraternelle affection qui me soutenait constamment dans la voie royale de la vérité, tout cela ne peut être pesé avec les pauvres mesures humaines, il faudra bien que tu en trouves la récompense ailleurs que sur cette terre…”
Jacques Maritain n’est pas un “converti juif”, comme l’assure le ministre de Salamanque. S’il l’était, il ne me paraîtrait pas moins digne d’être admiré et d’être aimé, mais enfin il ne l’est pas. Nous croyons, pourtant, que celle à qui Dieu l’a uni, dut l’aider à devenir ce chrétien exemplaire qui, comme son Maître, ne fait pas acception des personnes, mais vénère dans toute créature une âme rachetée, et sur les visages de toute race, discerne la ressemblance du même Père. II en est plusieurs aujourd’hui, qu’on pourrait croire désespérés, qui savent que rien n’est perdu pour eux tant qu’il existera, dans une maison de Meudon que Dieu habite, cet homme et cette femme dont le regard et la voix leur apportent plus qu’une promesse: la présence visible de la Miséricorde.
* * *
Après ce témoignage rendu à nos amis, je voudrais donner à M. le ministre de l’Intérieur de Salamanque les raisons de notre attitude. Et d’abord, nous avons toujours cru que la pensée du catholique, à l’égard des choses temporelles, reste libre. Comme le disait Gabriel Marcel dans une conférence de Chrétienté: “Un catholique ne peut être obligé en tant que catholique de prendre parti pour tel ou tel clan en guerre contre un autre.” En ce qui me concerne, aux premières nouvelles du soulèvement militaire et des massacres de Barcelone, j’ai d’abord réagi en homme de droite; et de Vichy où je me trouvais alors, je dictai en hâte, par téléphone, cet article sur l’Internationale de la haine, dont quelques lecteurs du Figaro se souviennent peut-être. La présence des Maures, l’intervention massive des escadrilles et des troupes italiennes et allemandes, les méthodes atroces de la guerre totale, appliquées par des chefs militaires à un pauvre peuple qui est leur peuple, les souffrances des Basques coupables du crime de non-rebellion, posèrent aux catholiques français un cas de conscience douloureux. Ils n’ignoraient pas, en effet, que de l’autre côté de la barricade le gouvernement légal était soutenu par les forces conjuguées du marxisme et de l’anarchie.
Ce qui fixa notre attitude, ce fut la prétention des généraux espagnols de mener une guerre sainte, une croisade, d’être les soldats du Christ. Ici, je voudrais qu’on nous comprît enfin. D’aimables confrères ont écrit plaisamment que je regrettais qu’il n’y ait eu que quinze mille prêtres massacrés et que je trouvais que ce n’était pas assez. Parlons sérieusement: les sacrilèges et les crimes commis par une foule armée et furieuse, au lendemain d’une rebellion militaire réprimée, sont d’une horreur insoutenable. Nous disons seulement que les meurtres commis par des Maures qui ont un Sacré-Cœur épinglé à leur burnous, que les épurations systématiques, les cadavres de femmes et d’enfants laissés derrière eux par des aviateurs allemands et italiens au service d’un chef catholique et qui se dit Soldat du Christ, nous disons que c’est là une autre sorte d’horreur, dont vous avez le droit d’être moins frappés que nous ne sommes; mais il ne dépend d’aucun de nous que les conséquences n’en soient redoutables pour la cause qui devrait nous importer par-dessus toutes les autres, et qui est le règne de Dieu sur la terre.
* * *
Que M. le ministre de l’Intérieur n’aille pas croire que nous nous exprimons ici en partisan. Chrétiens, nous n’avons pas à nous faire juges des raisons qui ont pu décider certains de nos frères d’Espagne à prendre les armes contre un gouvernement qu’ils trouvaient injuste. Les conséquences terrifiantes de leur geste, il ne les avait pas toutes prévues. Nous comprenons aussi que l’Épiscopat et le Clergé aient peine à dominer un conflit dans lequel ils se trouvent si tragiquement engagés. Mais il reste ceci, il reste cet épouvantable malheur que pour des millions d’Espagnols, christianisme et fascisme désormais se confondent et qu’ils ne pourront plus haïr l’un sans haïr l’autre.
“Dans les circonstances difficiles où vous vous trouvez, écrivait le Saint-Père à l’Épiscopat mexicain, le 2 février 1926, il est plus que jamais nécessaire, vénérables frères, que vous et votre clergé tout entier, comme aussi les associations catholiques, vous restiez complètement à l’écart de tout parti politique, afin de ne fournir à vos adversaires aucun prétexte pour confondre la Religion avec une faction politique quelconque.”
Et ici, je demande à ceux de nos lecteurs qui nous ont jugés sévèrement, de comprendre les raisons qu’ont les catholiques français, plus que d’autres peut-être, de redouter toute compromission de la cause du Christ avec celle des partis: depuis la Guerre, il s’est passé, dans la France catholique, un événement d’une portée immense et qui échappe aux observateurs du dehors. Les efforts des catholiques sociaux, les initiatives d’un épiscopat d’élite, ami des pauvres et constructeur d’églises, le dévouement d’un des meilleurs clergés qu’il y ait au monde ont porté leur fruit. Il existe une renaissance catholique de la classe ouvrière, il existe un syndicalisme catholique, il existe une jeunesse ouvrière chrétienne.
Des instituteurs et des institutrices de l’État trouvent dans le Christ le principe de leur dévouement aux petits que l’État leur confie . Une poignée dans la masse indifférente ou hostile? Sans doute, mais une poignée de sel: le sel de la terre! Dans les banlieues, des jeunes filles obscures se groupent “pour faire du chrétien”, comme me disait l’autre jour une assistante sociale d’Ivry. Nous ne pouvons décrire ici cette vie souterraine de la Grâce en France, telle que nous l’entrevoyons. Mais quand une dame hitlérienne me souffle, au dessert, que les peuples déliquescents doivent céder la place aux peuples forts, je repasse dans mon cœur les raisons de ma certitude que nous restons, en dépit de l’apparence, le peuple le plus fort, parce que nous sommes toujours, et plus que jamais, le peuple de Dieu.
Que le ministre de Salamanque me comprenne: ce n’est pas au moment où l’effort de tant de générations chrétiennes et de dévouements obscurs aboutit enfin, que sur l’humble plan où il nous est donné d’agir nous allons laisser compromettre l’Évangile. Que l’affreuse loi de la guerre vous ait entraînés à ces épurations dont Bernanos nous a décrit l’horreur dans un livre impérissable, à ces bombardements de villes ouvertes, qu’elle vous ait obligés de subir cette alliance monstrueuse avec le Racisme ennemi de l’Église, aussi redoutable, aussi virulent que le Communisme, encore une fois nous n’avons pas à vous juger ni à vous condamner sur ce point, parce que vos intentions peuvent être droites. Mais nous nous sentons responsables à l’égard de ce peuple fidèle que nous ne sommes pas libres de tromper. Jacques Maritain, en se dressant avec toute la puissance de sa dialectique et tout le feu de sa charité, contre cette prétention des généraux espagnols de mener une guerre sainte, a rendu à l’Église catholique un service dont la fureur qu’il suscite nous aide à mesurer la portée.
Nous ne nous croyons pas infaillibles, mais nous ne cesserons pas d’affirmer ce qui nous semble être vrai, à l’heure où la guerre civile touche peut-être à sa fin; car c’est lorsque tout paraîtra fini que le règne sans partage de la Force commencera. Et la Force qui se sert de l’Église, c’est le plus grand malheur qui puisse fondre sur un peuple chrétien. C’est aussi le plus grand crime, si la parole reste éternellement vraie que répétait au déclin de sa vie le vieil apôtre (celui dont la tête avait reposé sur la poitrine du Seigneur): “Mes bien-aimés, Dieu est amour.”
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1938-06-30
Title
A name given to the resource
À propos des massacres d’Espagne – Mise au point
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Le Figaro
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MEL_0211
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A related resource from which the described resource is derived
113e année, n°181, p.1
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
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Pdf
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
peuple basque, christianisme, fascisme, catholicisme social, guerre d'Espagne
Description
An account of the resource
Prenant la défense de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Maritain" target="_blank">Jacques Maritain</a>, attaqué par le Ministre de l'Intérieur du gouvernement de Franco à Salamanque, François Mauriac revient sur l'histoire de son engagement qu'il justifie par son refus que soient identifiés christianisme et fascisme et plaide en faveur des Basque, croyants fidèles qui avaient fondé un modèle de société fondé sur la renaissance catholique de la classe ouvrière.
Type
The nature or genre of the resource
Chronique
catholicisme social
christianisme
fascisme
guerre d'Espagne
Peuple basque
-
https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/0daf934134baf559ee6c9bfbac4120cc.pdf
5cd071815218662053fbc8921c8fcf54
Texte
Ressource textuelle
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Gide et vendredi
Une question débattue par des hommes de lettres, des “intellectuels”, n’en devient pas plus claire! Vendredi publiait récemment une lettre ouverte à André Gide. Il s’agissait de son attitude à l’égard des staliniens. Or, il était question, dans cette lettre, du dilettantisme de Gide, du soin qu’il a de sa biographie, de son goût pour la sincérité qu’il confond avec la vérité; il était question de beaucoup d’autres choses fort subtiles, sauf de l’essentiel et qui se ramène à ceci: André Gide, ami des communistes, a fait, durant son voyage à Moscou, un certain nombre d’observations qu’il a consignées dans deux petits livres. La plupart ont été reconnues exactes par les intéressés eux-mêmes.
Que Gide réagisse à sa manière, devant ces faits, et que ce ne soit pas celle de Vendredi, n’enlève rien de leur gravité. Le vrai est que la réaction de Gide à Moscou ne fut pas particulièrement “gidienne”. Ce fut celle de tout homme né chrétien et Français.
Et je sais bien que Guéhenno, que Chamson pour qui j’ai de l’estime et de la sympathie, sont aussi nés Français (et même chrétiens et plus qu’ils ne l’imaginent!). Mais ils sont presque les créateurs de la mystique Front populaire; ils en demeurent les derniers croyants; leur dieu n’est déjà plus que poussière, et ils en embrassent encore l’autel, étroitement…
Il n’empêche que dans le dernier numéro de Vendredi paraissait un commentaire douloureux de Moscou; et je ne crois pas être mauvais prophète en annonçant à Guéhenno, à Chamson: avant six mois, les garçons que vous êtes ne jugeront pas Staline et ses méthodes autrement que ne le font Gide, Bergery ou Galtier-Boissière. Et déjà peut-être, dans le secret de leur cœur…
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1937-12-31
Title
A name given to the resource
Gide et <em>Vendredi</em>
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Temps présent
Identifier
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MEL_0818
Source
A related resource from which the described resource is derived
1e année, n°9, p.1
Type
The nature or genre of the resource
Billet
Creator
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François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344256497/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a><br />Repris p.170-171 in <em>Cahiers André Gide 2 : Correspondance André Gide-François Mauriac 1912-1950</em>, Paris : Gallimard, 1971.
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Pdf
Microfilm
Language
A language of the resource
Français
Description
An account of the resource
<p>François Mauriac défend André Gide contre ses amis de <em>Vendredi</em> qui l’accusent de dilettantisme pour la façon dont il a rendu compte de son voyage en URSS. Il prévoit même que la vision du stalinisme qui s’en dégage sera bientôt partagée par ceux qui le critiquent.</p>
Subject
The topic of the resource
Gide, France, Chrétien, URSS, lucidité
christianisme
France
Gide
lucidité
URSS
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https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/c9742a424dc38f8153b6e838f77174be.pdf
a12c76e4b01f07cfdf7e19695b58ece1
Texte
Ressource textuelle
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“Nous te tendons la main, catholique…” Cet appel du communiste Thorez est apparu à beaucoup comme une ruse électorale, comme une manœuvre de la dernière heure. En vérité, la question posée est des plus graves –la plus grave peut-être de celles qui, aujourd’hui, exigent notre réponse; n’espérons pas nous en tirer par un haussement d’épaules.
Cette réponse, à quoi nous servirait-il d’ailleurs de l’éluder? Elle a été donnée ici et là: dans plusieurs paroisses de la banlieue, catholiques et communistes déjà collaborent contre le chômage. Au lieu de gémir, faisons effort pour nous mettre à la place du pasteur dont tout le troupeau est “soviétisé”. Lui fût-il démontré que l’adversaire obéit à un mot d’ordre et chercher à “noyauter” la jeunesse fidèle, le petit prêtre nous répondra que sur le terrain des œuvres de justice sociale aucun refus, de la part d’un disciple du Christ, n’est possible ni même imaginable. A la Ruse présumée de l’adversaire, il oppose cette Grâce à laquelle le communiste ne croit pas, mais qui, pour être méconnue de lui, n’en est peut-être que plus puissante. Le prêtre accepte le risque d’être dupe, parce que c’est l’unique voie qui lui permette d’introduire auprès du Christ ceux qui n’en avaient jamais entendu parler. Cette foi de tout grand amour le possède: celle qui nous fait dire en songeant à l’objet de notre tendresse: “Comment pourrait-on le connaître sans l’aimer?”
En même temps, il saisit cette occasion inespérée de témoigner que sur un point essentiel les communistes se trompent ou qu’ils nous calomnient: Christianisme et Capitalisme ne sont pas solidaires; certaines compromissions ne prouvent rien contre l’Eglise; le Christianisme a pu être souvent accaparé, exploité, détourné de sa fin véritable; mais sa fin véritable c’est que la volonté du Père s’accomplisse sur la terre comme au ciel; c’est d’étancher dès ici-bas la soif de justice que le Fils est venu éveiller dans les grandes âmes.
A cette défense du petit prêtre, un catholique raisonnable opposera l’autre côté de la question. “Il n’empêche, lui dira-t-il, que vous favorisez l’avènement du régime communiste. Or, le Communisme ne s’oppose pas au Christianisme sur tel ou tel point; ils sont irréductibles l’un à l’autre; le premier se fonde sur les ruines du second. Le Marxisme ne peut s’établir que dans une humanité sans Dieu; la lutte contre Dieu a pris en Russie un caractère officiel.
Le Communisme, au même titre d’ailleurs que l’Hitlérisme, hait toute vie spirituelle qui échappe à sa prise. “La vérité vous rendra libre…” Cette promesse du Christ à ses amis a été tenue au point qu’un vrai Chrétien se moque de toute tyrannie, que ce soit celle de la Classe, de la Race ou de l’Etat; il demeure l’ennemi juré des trois idoles du monde actuel.
Dans une société où il n’est plus question que de “masses”, le Catholique est le seul à qui il demeure impossible de se confondre dans la masse, parce que le Christ a fait de lui une personne que nulle puissance au monde ne saurait désagréger. Pour lui, aucune place n’est à espérer dans un Etat totalitaire où la conscience collective se substitue à la conscience personnelle.
La question posée est donc celle-ci: avons-nous le droit de collaborer (fût-ce sur le plan des œuvres sociales) au règne d’un adversaire –d’un adversaire pour qui c’est une nécessité que de détruire dans l’homme la ressemblance avec Dieu, que de le récréer à une autre image et à une autre ressemblance, et qui ne reculera devant rien pour donner toute sa signification à cette parole mystérieuse du Christ, dont la menace s’étend sur l’Eglise visible: “Lorsque le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-il encore de la foi sur la terre?”
Tel est aujourd’hui le choix qui s’impose à une conscience catholique.
Le congrès de l’Association catholique de la jeunesse française qui va s’ouvrir, osera-t-il aborder la question brûlante? Faut-il repousser les deux doigts tendus par le camarade Thorez? Faut-il, au contraire, les serrer en fermant les yeux? Dans ces sortes de débats, nos passions, nos convoitises et nos rancœurs trop souvent ont déjà choisi pour nous, alors que nous croyons hésiter encore. Les uns obéissent au vieux sang bourgeois qui coule prudemment dans leurs veines, tandis que les autres, mûs par des confuses raisons qui leur réchappent, cèdent à l’attrait des alliances téméraires.
Ainsi, dans un article d’Europe, un jeune Catholique communisant se rassure en songeant que les vrais amis de Dieu sont peut-être ceux qui le nient et que ses pires ennemis se trouvent parmi ses adorateurs officiels; il se persuade qu’un Chrétien ne risque pas de se tromper en allant “dans le sens des forces rayonnantes de l’univers”. Que répondra à ce dernier trait? Que nous sommes las de nous payer de mots: de toutes les monnaies, la plus avilie.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1936-05-26
Title
A name given to the resource
La Main tendue
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Le Figaro
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MEL_0183
Source
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111e année, n°147, p.1 et 3
Type
The nature or genre of the resource
Chronique
Creator
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François MAURIAC
Relation
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
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Language
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Français
Subject
The topic of the resource
christianisme, communisme, argent, ouvriers
Description
An account of the resource
François Mauriac essaie d’éclairer le choix à faire vis à vis de la politique de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Thorez" target="_blank">Maurice Thorez</a> de la main tendue aux catholiques : communisme et catholicisme sont incompatibles, mais comment dissocier l’Église du capitalisme et accueillir les ouvriers ?
argent
christianisme
communisme
Ouvriers
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https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/4f9e9ad2f3f517b4d54442c7706272f7.pdf
5c3fee5612f666481c7b56549f65aa11
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Title
A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
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Ressource textuelle
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Je voudrais ici rapprocher un petit effet d’une grande cause. Si j’ai signé ce manifeste à propos du bombardement de Guernica, ce ne fut pas sans balancer: Pourquoi ne protester que contre les atrocités d’un des partis aux prises? Le crime, en Espagne, est-il d’un seul côté? Trouverait-on un seul exemple d’un manifeste de gauche contre les assassinats, les viols et les sacrilèges de Barcelone et d’ailleurs?
J’ai pourtant signé et j’en donne ici la raison: autour de ce peuple basque profondément catholique, et aujourd’hui atteint aux sources mêmes de sa vie, dans ses enfants, s’empressent des communistes et des Anglicans. Il cherche, il appelle ses frères dans le Christ et ne les trouve pas. Il est bien temps de se demander s’il a mérité son malheur ou si on lui peut trouver quelque excuse! C’est ici que j’avoue ne pas comprendre la position du plus grand de nos maîtres. Même si les raisons qui ont fixé le choix du peuple basque n’étaient point de celles qui échappent en partie aux étrangers, nous n’avons qu’un droit qui se confond avec un devoir: nous pencher sur ses blessures. Pour le reste, Dieu seul est juge.
A un être gisant, accablé de coups, nous devons épargner les il fallait et les pourquoi. En ces jours de la fête du Corps du Christ, nous nous rappelons que lorsqu’un membre de ce corps est souffrant, tous les autres souffrent. Il ne faut pas que le jour où ce peuple basque s’éveillera de son cauchemar, il puisse attester que seuls les ennemis mortels de l’Eglise l’ont secouru; il ne faut pas qu’à ses yeux le prêtre, le pharisien qui passent sans tourner la tête soient des catholiques; ni qu’on lui fasse croire que sur le turban du Bon Samaritain, il y a un marteau et une faucille.
Voilà ce qui m’a décidé. J’ai souffert de sembler apporter de l’eau, ou plutôt du sang, au moulin communiste, de paraître fournir des armes aux hommes qui, depuis vingt ans, en Russie, ont montré le cas qu’ils faisaient de la vie humaine, eux qui en fait de crimes n’ont de leçon à recevoir de personne.
Mais un peuple chrétien gît dans le fossé, couvert de plaies. Devant son malheur, ce n’est pas faire le jeu du marxisme que de manifester au monde la profonde unité catholique. Voici le cep et voici les pampres. L’un des rameaux est menacé de périr et toute la vigne souffre.
Enfin, de quelque côté que nous penchions dans cette guerre atroce, quelles que soient nos préférences, il ne semble pas que les catholiques soient libres de ne pas désirer une médiation; et c’est pourquoi j’ai accepté d’adhérer au Comité fondé à ce propos par Jacques Maritain. A une de nos réunions, Madaule, dont on sait que le cœur est à gauche et tous les vœux pour Madrid disait: “Chacun de nous doit se faire violence pour ne pas souhaiter l’écrasement du parti qu’il déteste.” Et je sentais bien, et j’admirais toute sa volonté tendue dans un effort que Dieu voyait. Et ce que Dieu voyait aussi ce soir-là, c’était tous ces chrétiens venus d’horizons opposés et qui pourtant n’avaient qu’un cœur: “Partout où sera le corps, là s’assembleront les aigles.”
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1937-05-28
Title
A name given to the resource
Le membre souffrant
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sept
Identifier
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MEL_0804
Source
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4e année, n°170, p.2
Type
The nature or genre of the resource
Billet
Creator
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François MAURIAC
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328675548/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF<br /></a>Repris p.81-82, in <em>Mémoires politiques</em>, Paris : Grasset, 1967.<br />Repris p. 216, in <em>La Vague et le rocher : Paul Claudel-François Mauriac, correspondance 1911-1954</em>, Paris : Lettres Modernes Minard, 1988.
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Microfilm
Language
A language of the resource
Français
Description
An account of the resource
François Mauriac justifie sa signature donnée au manifeste à propos du bombardement de Guernica par la nécessaire solidarité avec tous les chrétiens du vaste ensemble catholique.
Subject
The topic of the resource
Front populaire, guerre d'Espagne, christianisme, solidarité, peuple basque
christianisme
Front populaire
guerre d'Espagne
Peuple basque
Solidarité
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c898c9b323092c2581fbb53de57a5a30
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A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
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Sur un fond rougeâtre, le pâle Malraux s’offre, hiératique, aux ovations. L’avant-bras qu’il replie, le poing serré, va-t-il se multiplier et faire la roue autour de sa tête d’idole? Les Indes et la Chine ont curieusement marqué ce Saint-Just. Pour moi seul, sans doute, dans cette foule, il rappelle Chan-Ock, le jeune pirate d’un récit de mon enfance, dans un Saint Nicolas des années 90.
Dès que Malraux ouvre la bouche, son magnétisme faiblit. Non qu’il n’y ait en lui de quoi faire un tribun, et même un grand tribun; mais le littérateur lui coupe le sifflet. Les images qu’il invente, au lieu de réchauffer son discours, le glacent: elles sont trop compliquées, on y sent la mise au point laborieuse de l’homme de lettres. Ainsi l’aube pressentie de la victoire de Madrid devient pour Malraux ce reflet de chevaux de bois qui, dans la glace d’un café, révéla sa guérison à un milicien aveugle: ce n’était pas facile à expliquer, cela semblait interminable; et nous n’en sortions plus.
Le problème de Malraux, futur commissaire du peuple, sera de passer du style écrit au style parlé. Dans les rares instants où il y réussit, son éloquence dégagée du larmoiement, du trémolo des vieux ténors politiciens, m’a paru sèche et coupante à souhait. Je doute qu’il en ait conscience, car il cherche à émouvoir comme les camarades; mais la sensiblerie n’est pas son fort: dès qu’il veut attendrir, il ennuie.
Son exorde fut excellent. M’avait- il aperçu au fond de la salle? A travers cette forêt de poings tendus, il reprenait un dialogue interrompu depuis des années, du temps que ce petit rapace hérissé, à l’œil magnifique, venait se poser au bord de ma table, sous ma lampe. Alors il m’adressait la même question qu’il me jette ce soir, du haut de cette estrade où l’aviateur, le risque-tout éclipse de sa trouble gloire le troupeau des écrivains fonctionnaires —où les Chamson, les Cassou et les Jean-Richard Bloch sont les escabeaux de ses pieds.
“L’Église a eu ce peuple sous sa coupe... qu’en a-t-elle fait?” Pas plus en public, aujourd’hui, qu’autrefois dans nos conversations privées, Malraux ne traite la religion avec dédain. Il hait peut-être, mais il ne méprise pas. Déjà, à dix- huit ans, quand il parlait du Christ, ce réfractaire savait de qui il parlait. Rien ne rappelle en lui cette horrible espèce de vieux radicaux maçons qui s’attendrissent sur le doux vagabond de Judée; Malraux connaît le Christ: ce doux vagabond est toujours son dur adversaire.
S’il m’avait directement interpellé, je lui eusse répondu: “Je sais ce que les prêtres ont fait de ce peuple, parce que je sais ce que ce peuple a fait de ses prêtres: seize mille ecclésiastiques massacrés, onze évêques assassinés...” Le Frente popular brûle de zèle pour son Église: grâce à lui, elle ne manquera jamais de martyrs.
Le point faible de Malraux, c’est son mépris de l’homme —cette idée qu’on peut entonner n’importe quoi aux bipèdes qui l’écoutent bouche bée. Quoi qu’il ait raconté de lui, nous ne l’avons jamais cru tout à fait. Dieu sait pourtant que ce joueur, qui depuis l’adolescence s’engage à fond, perd sa vie, aurait le droit de ne rien ajouter à son histoire; mais il faut qu’il nous trompe: son démon l’exige.
Il y a de l’esbroufeur dans cet audacieux, mais un esbroufeur myope, qui n’a pas d’antennes, qui se fie trop à notre bêtise. Par exemple, lorsque l’autre soir, à la Mutualité, il affirmait que le général Queipo de Llano avait ordonné par Radio de bombarder les hôpitaux et les ambulances “pour atteindre le moral de la canaille”, il n’arracha pas à cette salle pourtant passionnée le rugissement d’horreur attendu: on ne le croyait pas. De même, après une description trop soignée de paysans espagnols faisant cortège à des aviateurs gouvernementaux blessés, il ajouta: “Chez l’ennemi, quand leurs aviateurs tombent, si l’on n’envoyait les carabiniers à leur secours, personne n’irait les relever...” A ce moment, il dut sentir quelque résistance dans la salle, car il ajouta mezzo voce: “sauf en Navarre...”
Il ne sait pas mentir, voilà le vrai: il ment mal. Il ne sait pas plaire non plus, ce Malraux, en dépit des folles acclamations qui l’accueillent. Il ne mâche pas les mots à cette foule venue pour entendre des paroles consolantes. “Toute la question est de savoir si nous arriverons à transformer la ferveur révolutionnaire en discipline révolutionnaire...” Cette dure vérité, assenée d’une voix mauvaise, répandit la consternation. Des fascistes tapis dans les coins se pourléchèrent les babouines. J’entendis mon voisin dire à mi-voix: “S’ils n’ont pas encore résolu le problème, ils sont cuits.”
Lorsque le héros quitta l’estrade, la température de la salle avait baissé. Les acclamations tournèrent court. Malraux rentra dans sa solitude.
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1937-02-11
Title
A name given to the resource
Le Retour du milicien
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Le Figaro
Identifier
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MEL_0192
Source
A related resource from which the described resource is derived
112e année, n°42, p.1
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
Front populaire, guerre d'Espagne, Brigades internationales, christianisme, portrait
Description
An account of the resource
Assistant à un meeting de Malraux à la Mutualité, François Mauriac donne de l’écrivain engagé dans la guerre d’Espagne un portrait doucement ironique et laisse percer ses doutes sur l’avenir des républicains espagnols.
Type
The nature or genre of the resource
Chronique
Brigades internationales
christianisme
Front populaire
guerre d'Espagne
portrait
-
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Texte
Ressource textuelle
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Est-ce parce que je n'ai pu l’apercevoir de profil? Je ne retrouve pas, dans M. Léon Blum, l’insecte féroce, la mante religieuse des dessins de Sennep. La bouche est invisible; le binocle remplace les yeux; le front ne manque pas de lumière.
Tant de belles dames l'impressionnent, peut-être; car il adoucit sa voix et sa doctrine. A travers les murs, contemple-t-il en esprit la file des autos luxueuses, les grands chauffeurs et les pékinois minuscules qui attendent qu'il ait fini? J'aurais voulu lui souffler:
“Ces dames sont venues pour avoir peur, ne les privez pas de leur frisson.” Mais M. Léon Blum, qui est bien élevé, choisit de rassurer tout ce beau monde: à l’entendre, le socialisme ne coûtera pas une goutte de sang; nous nous réveillerons, un beau matin, en pleine idylle. Le socialisme est pacifiste, comme l'est aussi l'Eglise catholique, et pour les mêmes raisons. Dans Jaurès, “esprit synthétique, esprit symphonique”, l’habile homme met l'accent sur le lettré délicat, sur l'admirateur du moyen âge et des cathédrales, presque aussi éloquent... que Bossuet.
S'il craint d'effaroucher son auditoire, M. Léon Blum trahit, en revanche, un désir assez touchant de l'instruire. Il ne lui aurait rien coûté d'être brillant; mais il songe peut-être aux deux ou trois esprits qu'il pourrait atteindre. Aussi commence-t-il par le b-a ba de sa doctrine, et quelques petites mains étouffent des bâillements.
De Jaurès, de son désintéressement et, comme il ose dire, de sa sainteté, M. Léon Blum parla avec une passion telle que j'aurais rougi de ma froideur, si je ne m’étais rappelé un Jaurès bien différent de celui que son disciple, aujourd'hui, voudrait nous faire aimer.
Non que je l'aie jamais approché; mais on juge mieux de loin les montagnes et les hommes de cette importance. Elève d’un collège libre, sous le règne de Combes, la politique m’était plus familière qu’elle ne l’est d’habitude à cet âge: la partie qui se jouait affectait ma vie la vie profonde. La guerre sauvage faite aux ordres religieux, les coups affreux portés à l'Eglise de France, nous les ressentions presque dans notre chair. Or, à chaque instant, au bord de la chute, Combes était toujours sauvé par Jaurès. Pendant ces interminables années, le grand orateur socialiste assuma le rôle de terre-neuve, et rien ne s’accomplit que par lui.
Sans doute, aux yeux de M. Léon Blum et de Jaurès lui-même, c'était là prêter les mains à une besogne nécessaire et préparer, par les moyens les plus bas, le lit du socialisme. J'ai bien remarqué la petite phrase du conférencier sur le courage qu'il faut, pour avoir l'air, quelquefois, d'agir en désaccord avec ses idées. C'est qu'ici M. Léon Blum a pris la suite de son maître: lui aussi joue les terre-neuve de ministères, et a hérité de ce rôle ingrat qui, dans son parti même, fait horreur aux purs.
Pourtant, s'il avait développé ce point délicat, je doute qu'avec tout son esprit, M. Léon Blum eût atteint à nous faire prendre pour du courage le long abaissement de Jaurès sous Combes. Où j'ai failli crier, parce que malgré tout, le trait m'a paru trop fort, ce fut lorsque le conférencier cita les deux vers des Contemplations que Jaurès avait le front de s'appliquer à lui-même:
“Je me suis étonné d'être un objet de haine,
Ayant beaucoup souffert et beaucoup travaillé.
Beaucoup souffert? Mais, plus encore, fait souffrir. C'est par lui que des retraites conventuelles furent profanées, de saintes filles jetées sur les routes. Il s'est fait le complice de ces honteuses violences; de ce “régime abject” dont les jeunes Français d'aujourd'hui, même à gauche, ne parlent qu'avec dégoût. Au début de sa conférence, M. Léon Blum put bien évoquer, d'une voix frémissante, Jaurès assassiné, à l'heure même où il se précipitait avec toute la puissance de son génie en travers des événements: au vrai, ce cime affreux l'a transfiguré; cette fin grande et tragique coupe court à toute controverse, et assure à jamais au tribun l'alibi du martyre.
Pourtant, l'histoire est l’histoire. Dans ce personnage que je dessine, artisan et soutien de la politique combiste, il ne faut pas voir une imagination de petit garçon catholique et fanatisé: ainsi apparut-il au plus pur de ses disciples, à Péguy, dont M. Léon Blum s'est bien gardé de prononcer le nom. Péguy a rompu avec Jaurès, parce que Jaurès s'enlisait dans le marécage parlementaire. M. Léon Blum se souvient-il du dernier entretien de Péguy et de Jaurès au moment où fut fondée l'Humanité? Comme le naïf disciple s'offrait à faire le journal avec ses amis, Jaurès leva les bras au ciel: “Des collaborateurs, s'écria-t-il, mon journal en est plein! Ce qui est difficile à trouver, ce sont les commanditaires!” Ce cri du cœur, M. Léon Blum a omis de nous le rappeler. En revanche, il nous a cité d'autres mots fameux.
Loin de moi la pensée de sous-estimer un orateur prodigieux. Il n'empêche qu'en rapportant les phrases les plus célèbres de son maître, M. Léon Blum avait l'air d'aligner, sur la table, des petites fusées noircies. L'image la plus connue me parut aussi être la plus mauvaise, bien qu'elle enchantât visiblement M. Léon Blum: le christianisme assimilé à “la vieille chanson qui berce la douleur humaine”. La splendeur d'une image réside dans une fulgurante conformité entre deux termes, tellement éloignés l'un de l'autre que le génie seul les puisse rapprocher. Or, qu'on aime ou qu'on haïsse le christianisme, amis et adversaires tomberont d'accord pour juger qu'il n'a bercé aucun sommeil, mais, au contraire, qu'il a introduit dans le monde un énorme bouleversement. Jaurès ne l'aurait pas nié; il le savait bien, cet homme qui, par la puissance de son verbe, put détourner de la vie spirituelle les foules douloureuses, mais qui n'empêcha pas l'aigle divin de fondre sur son propre foyer et de lui ravir sa fille unique.
Noua écrivons ceci sans la moindre haine sachant que dans le divorce, survenu entre Dieu et une grande partie de la classe ouvrière française, la responsabilité d'un Jaurès risque d'apparaître, au jour du jugement, moins écrasante que la nôtre, chrétiens de toutes confessions. Il est difficile de ne point souscrire, sur ce point, à l'implacable réquisitoire contre certains catholiques, paru dans le dernier numéro de la Vie Intellectuelle, publiée par les Pères Dominicains. L'auteur anonyme aurait dû, pourtant, rappeler, à leur décharge, que les catholiques, fussent-ils les plus dévoués aux intérêts matériels du peuple, apportent avec eux (même quand ils la dissimulent) une exigence qui ne vient pas d'eux, mais du Christ. A leurs yeux, il s'agit, sans doute, pour les ouvriers, d'obtenir, dans l'ordre économique, toutes les réformes essentielles; mais il s'agit aussi de se réformer eux-mêmes et de devenir des saints. Ceux-là seront toujours battus qui ne flattent pas les passions, qui ne caressent pas la nature. Voilà pourquoi l'étonnant n'est pas que, dans tel centre industriel, des centaines d'ouvriers professent le socialisme révolutionnaire; mais qu'au milieu d'eux, trente ou quarante garçons de la jeunesse ouvrière catholique (ceux qu'on appelle Jocistes) s'agenouillent chaque dimanche à la Sainte Table, vendent ouvertement leur journal qui tire presque à 100,000 et, en dépit des moqueries de l'atelier, demeurent purs.
Jaurès comparait les objections de Maurice Barrès au socialisme et aux morales laïques, à celles que les derniers païens formulaient contre le christianisme naissant. Maintenant, disait Jaurès, c'est au tour du christianisme de n'être plus qu'un squelette et le socialisme est devenu le germe. Mais il oubliait que l'Evangile détruisit les fondements mêmes du monde païen, et renouvela la face de la terre. Le socialisme, lui, dans ses parties les plus hautes, démarque le Sermon sur la Montagne, qu’il ampute seulement d’une espérance infinie. Dans la mesure où Jaurès avait faim et soif de justice, qu'était-il, sinon un chrétien? Et M. Léon Blum lui-même...
Pour le reste, comment une doctrine économique remplacerait-elle une religion? Elle peut, tout au plus, confisquer à son profit ce besoin que les peuples ont de Dieu (ce qui apparaît clairement Russie). Mais vous aurez beau dire: le germe, c'est toujours, et ce sera jusqu'à la fin des temps, le grain de sénevé qui a été jeté, une fois pour toutes, dans le limon humain par Celui que vous ne connaissez pas.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1933-02-25
Title
A name given to the resource
Léon Blum parle de Jaurès
Publisher
An entity responsible for making the resource available
L'Echo de Paris
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0457
Source
A related resource from which the described resource is derived
49e année, n° 19489, p. 1
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429768r/PUBLIC">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Microfilm
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
socialisme, christianisme, classe ouvrière, parlement, Front populaire
Description
An account of the resource
Derrière la figure de Léon Blum, François Mauriac reconsidère le personnage de Jaurès, rappelant son soutien à Émile Combes dans sa lutte "sauvage" contre l’Église. On voit l’antiparlementarisme de François Mauriac et son regret que l’Église laisse échapper la classe ouvrière.
Type
The nature or genre of the resource
Chronique
christianisme
classe ouvrière
Front populaire
laïcité
Parlement
Polémique
portrait
Socialisme
-
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Title
A name given to the resource
La Seconde Guerre mondiale (1939-1945)
Description
An account of the resource
Tous les textes qui traitent de la seconde guerre mondiale.
Texte
Ressource textuelle
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Les pierres ont crié
Dimanche, à Reims, la France a pris conscience de sa mission. Le légat du Pape n’a eu qu’à définir la vocation de la France chrétienne dans le monde pour interpréter les sentiments de tous les Français qui ont gardé la foi dans leur patrie: “La France, a-t-il dit, a été constituée messagère de liberté, source de paix. Mais où est donc cette liberté?” Le cardinal légat la désigne d’un mot: “La primauté de la personne humaine.”
Nous ne désespérons pas d’une nation chargée de défendre, comme le proclamait encore l’archevêque de Reims, “ce que saint Paul appelle la loi de l’esprit qui doit libérer l’homme de toute servitude.” Ainsi donnait-il un démenti à cette campagne de démission poursuivie sournoisement dans une partie de la presse française.
Car c’est au rôle qui est confié que nous jugeons de l’importance d’un protagoniste. Quand on découvre ce qui repose, aujourd’hui, entre les mains de la France, quand ce dépôt sacré apparaît à tous les yeux, il n’est plus possible de douter d’elle, ni de ce qui lui reste encore à accomplir.
Mais qui ne voit qu’en face des manifestations “spectaculaires” de Berlin et de Rome, la démocratie française n’a pas assez souvent l’occasion de prendre conscience d’elle-même et de son rôle providentiel?
Les lieux sacrés de l’Église de France et les grands souvenirs qui s’y rattachent devraient être plus souvent le rendez-vous proposé à tous ceux qui croient que la Nation à laquelle ils appartiennent est toujours la grande Nation
En montrant cette force-là, qui est toute spirituelle, nous assurerons la Paix. Car ce qui se dresse entre la guerre et nous, la dernière barrière qui nous sépare de cette horreur, c’est le doute, c’est l’hésitation du chancelier allemand et de ceux qui l’inspirent, touchant le degré de notre décadence. Ce visage humilié de la France, cette grimace que certains journaux français lui imposent, il ne la reconnaît plus. La cathédrale de Reims a tenu bon. L’unité française tiendra. La présence du chef de l’État et des ministres du Front populaire, sous ces voûtes qui ont vu Jeanne d’Arc, l’avertissent que la France, le jour où il lui sauterait à la gorge, ne serait plus qu’un corps et qu’une âme, défendue par les vivants et par les morts.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1938-07-15
Title
A name given to the resource
Les pierres ont crié
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Temps présent
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0846
Source
A related resource from which the described resource is derived
2e année, n°37, p.1
Type
The nature or genre of the resource
Billet
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344256497/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
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Microfilm
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
France, christianisme, Hitler, paix
Description
An account of the resource
François Mauriac profite des paroles du légat pontifical à Reims pour rappeler la force de la France porteuse depuis des siècles d’un message spirituel. La fidélité à cette mission est le seul moyen pour impressionner Hitler et sauvegarder la paix.
christianisme
France
Hitler
paix
-
https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/a29918d8402a7496daaa7ec4e5dee919.pdf
d4c2271c792a2059b9a3481281e9094e
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Title
A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
Texte
Ressource textuelle
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Le Comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne et le Comité espagnol pour la paix civile nous communiquent:
Les méthodes de guerre totale employées contre les non-combattants sont un crime qu’aucune raison stratégique ne saurait justifier et qui déshonorent le camp, quel qu’il soit, qui les utilise. En particulier, les bombardements aériens massifs sur des centres de population civile où les objectifs militaires, s’ils existent [---] doivent être considérés comme des mesures de terrorisme, que ce motif soit avoué ou non.
Nous constatons en ce moment une recrudescence de ces procédés. Barcelone vient d’être la proie du plus écrasant bombardement que l’on ait enregistré depuis les débuts de l’arme aérienne.
Si des raisons de simple humanité suffisent pour condamner un tel massacre de non-combattants, ce massacre devient plus révoltant encore s’il est possible lorsque les chefs responsables des opérations se réclament de la civilisation chrétienne.
Au moment où les gouvernements français et anglais joignent leurs efforts pour obtenir la fin de ces hécatombes, il est utile que l’opinion publique se fasse entendre.
Nous élevons une protestation solennelle contre ces procédés et appelons les hommes de bonne volonté, et spécialement les chrétiens, à joindre leurs voix aux nôtres.
Pour le Comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne:
Mgr E. Beaupin, directeur du Comité catholique des Amitiés françaises à l’étranger; Georges Duhamel, de l’Académie française; docteur de Fresquet, Louis Gillet, de l’Académie française; Jacques Madaule, Gabriel Marcel, Jacques Maritain, François Mauriac, de l’Académie française; Paul Vignaux, Claude Bourdet, secrétaire.
Pour le Comité espagnol pour la paix civile:
Alfred Mendizabal, Victor Montserrat, Juan Roca.
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Title
A name given to the resource
Une protestation contre le bombardement des populations civiles
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1938-03-22
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Le Figaro
Source
A related resource from which the described resource is derived
113e année, n°81, p.1
Relation
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne
Comité espagnol pour la paix civile
Subject
The topic of the resource
guerre d'Espagne, massacres, christianisme
Description
An account of the resource
Manifeste signé par le comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne et par le comité espagnol pour la paix civile.
Type
The nature or genre of the resource
Manifeste
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
François MAURIAC
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_1009
christianisme
guerre d'Espagne
massacres