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c2c7f5df4b7b2ecb6de456a915d70ff6
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Title
A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
Texte
Ressource textuelle
Text
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Je ne crois pas beaucoup aux “cas de conscience” insolubles. Même dans l’horreur d’une guerre civile, l’homme sait qu’il peut donner sa vie pour ce qu’il croit être la vérité –qu’il peut défendre la vérité– sa vérité –les armes à la main. Mais il sait aussi que les exécutions en masse des vaincus, que l’extermination de l’adversaire –ce qui était la loi avant le Christ– représente le triomphe le plus affreux que la puissance des ténèbres connaisse en ce monde.
Les massacres et les sacrilèges de Barcelone dictaient aux vainqueurs de Badajoz leur conduite. Ils se réclament de “la religion traditionnelle de l’Espagne”. Ils ont célébré à Séville, le jour de l’Assomption, l’humble Reine du ciel et de la terre, la Mère des hommes. Celle qui a jeté ce cri que l’humanité n’oubliera pas: “Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles…” Ils n’auraient pas dû, en ce jour de sa fête, verser une goutte de sang de plus que ce qu’exigeait l’atroce loi de la guerre.
Quelle époque, hélas! que celle où le “camp de concentration” apparaît comme une mesure recommandée par la charité et par la pitié!
Eh! quoi, ces Espagnols amis des taureaux, accoutumés à parquer ces bêtes furieuses, n’auraient-ils pu entourer, désarmer leurs frères désespérés, les laisser, derrière des palissades, cuver le vin de la vengeance et de la haine? –N’auraient-ils pu commencer tout de suite l’œuvre de la réconciliation et du pardon, au nom de celle dont c’était la fête, ce jour-là, sur la terre et dans le ciel?
Victoire souillée, comme toutes celles de cette lutte fratricide. Et maintenant, Français qui êtes vous-mêmes au bord de la guerre civile, considérez ce qu’elle est: la guerre étrangère ne comporte, le plus souvent, aucune haine réelle. Un des soucis des états-majors, durant le conflit franco-allemand, ce fut la fraternisation des troupes. Ces jeunes hommes dressées les uns contre les autres ne se haïssaient pas –et secrètement ils s’aimaient.
Il n’y a de haine véritable que les haines de famille. Les plus atroces injures nous viennent toujours d’êtres tout près de nous par la foi, par la culture; le ton de la presse française, ces jours-ci, est un signe qui doit inciter à la réflexion les plus exaltés d’entre nous.
Quelles seront en France les répercussions de la lutte espagnole? Si le front populaire est écrasé à Madrid, cherchera-t-il à Paris une revanche? A-t-on songé en haut lieu à prévenir les contre-coups inévitables?
Nous demeurons, en dépit de tous nos malheurs, le peuple le plus capable de réfléchir, de se reprendre. Devant ce comble d’horreur, un peuple comme le nôtre devrait retrouver son sang-froid, prendre conscience de ce qu’il représente encore dans ce monde divisé.
Lucien Romier s’étonnait, hier, que les nations européennes ne fissent rien pour le salut des otages en Espagne. Comme il avait raison. Le problème de l’intervention est mal posé. Il faudrait toujours un plan d’action où tous les partis de tous les pays seraient d’accord pour intervenir. La non-intervention, il faut l’avouer, au degré de fureur où le drame a atteint, ressemble à une complicité. Au secours des otages dans les deux camps; pour le salut des prisonniers dans les deux camps; c’est sur ce plan-là que tous les Français deviendraient interventionnistes, tous ceux du moins qui ont assez d’imagination pour se représenter ce que signifie ce simple titre dans un journal du soir: La prise de Badajoz.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1936-08-18
Title
A name given to the resource
Badajoz
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Le Figaro
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0188
Source
A related resource from which the described resource is derived
111e année, n°231, p.1
Type
The nature or genre of the resource
Chronique
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://mauriac-en-ligne.u-bordeaux-montaigne.fr/items/show/798" target="_blank">Notice bibliographique BnF<br /><br /></a>Texte repris dans <em>Sept</em> le 21 août 1936 avec de légères modifications mais sous le même titre : <a href="http://mauriac-en-ligne.u-bordeaux-montaigne.fr/items/show/798" target="_blank"><em>Badajoz</em></a>.
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
massacres, charité, guerre d'Espagne
Description
An account of the resource
François Mauriac est choqué par les massacres exercés, le 15 août, jour de l’Assomption, par les troupes de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Francisco_Franco" target="_blank">Franco</a> après leur victoire à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Badajoz" target="_blank">Badajoz</a>. Il commence à mettre en doute son choix premier de la non-intervention.
charité
guerre d'Espagne
massacres
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https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/c7e4342f8e4f7a3600bc6f7388f03d5c.pdf
61e3a48cb63f267e67f8158d20128de4
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Title
A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
Texte
Ressource textuelle
Text
Any textual data included in the document
Un article de Mauriac
Nous avons déjà dit notre reconnaissance à Mauriac pour avoir exprimé “dans des circonstances troubles et troublées notre conscience catholique”; voici de nouveau un magnifique article, que publie le Figaro du 18 août sous le titre: “Badajoz”:
Je ne crois pas beaucoup aux “cas de conscience insolubles. Même dans l'horreur d'une guerre civile, l'homme sait qu'il peut donner sa vie pour ce qu'il croit être la vérité –qu'il peut défendre la vérité– sa vérité –les armes à la main. Mais il sait aussi que les exécutions en masse des vaincus, que l'extermination de l'adversaire –ce qui était la loi avant le Christ– représente le triomphe le plus affreux que la puissance des ténèbres connaisse en ce monde.
Les massacres et les sacrilèges de Barcelone dictaient aux vainqueurs de Badajoz leur conduite. Ils se réclament de “la religion traditionnelle de l'Espagne”. Ils ont célébré à Séville, Je jour de l'Assomption, l’humble Reine du ciel et de la terre, la Mère des hommes. Celle qui a jeté ce cri que l'humanité n'oubliera pas: “Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles…” Ils n'auraient pas dû, en ce jour de sa fête, verser une goutte de sang de plus que ce qu'exigeait l'atroce loi de la guerre.
Quelle époque, hélas! que celle où le “camp de concentration” apparaît comme une mesure recommandée par la charité et par pitié!
Eh! quoi, ces Espagnols amis des taureaux, accoutumés à parquer ces bêtes furieuses, n'auraient-ils pu entourer, désarmer leurs frères désespérés, les laisser, derrière des palissades, cuver le vin de la vengeance et de la haine? –N’auraient-ils pu commencer tout de suite l'œuvre de la réconciliation et du pardon, au nom de celle dont c'était la fête, ce jour-là, sur la terre et dans le ciel?
Victoire souillée, comme toutes celles de celle lutte fratricide. Et maintenant, Français qui êtes vous-mêmes au bord de la guerre civile, considérez ce qu'elle est: la guerre étrangère ne comporte, le plus souvent, aucune haine réelle. Un des soucis des états-majors, durant le conflit franco-allemand, ce fut la fraternisatipn des troupes. Ces jeunes hommes dressés les uns contre les autres ne se haïssaient pas –et secrètement ils s’aimaient.
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Lucien Romier s'étonnait, hier, que les nations européennes ne fissent rien pour le salut des otages en Espagne. Comme il avait raison. Le problème de l’intervention est mal posé. Il faudrait toujours un plan d'action où tous les partis de tous les pays seraient d'accord pour intervenir. La non-intervention, il faut l'avouer, au dégré de fureur où le drame a atteint, ressemble à une complicité. Au secours des otages dans les deux camps: pour le salut des prisonniers dans les deux camps; c'est sur ce plan-là que tous les Français deviendraient interventionnistes, tous ceux du moins qui ont assez d'imagination pour se représenter ce que signifie ce simple titre dans un journal du soir : La prise de Badajoz.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1936-08-21
Title
A name given to the resource
Badajoz
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sept
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0798
Source
A related resource from which the described resource is derived
3e année, n°130, p.2
Type
The nature or genre of the resource
Note de lecture
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328675548/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF<br /></a><br />Reprise d'un article intitulé <a href="http://mauriac-en-ligne.u-bordeaux-montaigne.fr/items/show/188" target="_blank"><em>Badajoz</em></a> et publié dans <em>Le Figaro</em> le 18 août 1936.
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Microfilm
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
Eglise, massacres, haine, guerre d'Espagne
Description
An account of the resource
Cet article, paru en page 2 de <em>Sept</em> reveint sur celui que François Mauriac avait publié dans <em>Le Figaro</em> le 18 aout précédent pour s'indigner du massacre fait le 15 août, jour de l'Assomption, par les troupes franquistes agissant au nom de l'Eglise traditionnelle. Il s'attriste de voir que la haine caractérise les guerres civiles.
Église
guerre d'Espagne
haine
massacres
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https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/f0bad977715041bd4c6e3b55edd57ba8.pdf
ee44532b1da33e3a217a048ee3afb06a
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Title
A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
Texte
Ressource textuelle
Text
Any textual data included in the document
Nous qui sommes nés entre les Pyrénées et la Garonne, Gascon, Béarnais, Basque, nous qui avons presque tous du sang d’Espagne dans les veines et dont l’enfance fut bercée d’un patois mêlé d’espagnol, nous ne pouvons nous résigner à ce que nos frères d’au delà des montagnes tombent sous des balles françaises.
Quand je dis nos frères, je ne pense pas seulement aux fascistes, aux royalistes. Notre horreur serait la même si la France fournissait d’avions et de mitrailleuses un dictateur aux prises avec les masses ouvrières.
Hier soir, devant la photographie de deux garçons de Barcelone étendus la bouche contre le pavé, nous nous sentions bouleversés jusqu’aux larmes sans chercher à savoir s’il s’agissait de républicains ou de rebelles. Mais qu’eussent été notre douleur et notre honte si un ami espagnol avait été en droit de nous crier: “Ces deux enfants sont peut-être des victimes de M. Blum.”
Il faut que le président du Conseil le sache: nous sommes ici quelques-uns à essayer de remonter le courant de haine qui emporte les Français; depuis l’avènement du Front populaire, nous nous sommes efforcés à la modération. Dans une atmosphère de guerre civile, nous avons voulu “raison garder”. Mais s’il était prouvé que nos maîtres collaborent activement au massacre dans la Péninsule, alors nous saurions que la France est gouvernée non par des hommes d’Etat, mais par des chefs de bande, soumis aux ordres de ce qu’il faut bien appeler: l’Internationale de la Haine. Nous saurons que le président du Conseil d’aujourd’hui n’a rien oublié de la rancune séculaire qui tenait aux entrailles le partisan Léon Blum.
Un tel geste risquerait de jeter les plus sages dans le parti des violents. Chacun est libre de juger selon sa conscience le pronunciamiento. Pour mon compte, reprenant le mot de Mme de Sévigné, sur Bajazet, j’avoue que je n’entre pas dans la raison de ces grandes tueries que rien à mes yeux ne légitime.
Je ne m’en sens que plus libre d’envelopper du même amour, sans distinction de parti, Navarrais et Castillans, Catalans et Andalous.
Nous ne voulons pas qu’une seule goutte de sang espagnol soit versée par la faute de la France. L’Espagne est indivisible dans notre cœur: celle du Cid, de sainte Thérèse, de saint Jean de La Croix, celle de Colomb et de Cervantès, du Gréco et de Goya.
Et je crois être l’interprète d’une foule immense appartenant à tous les partis, de la Guyenne et de la Gascogne au Béarn et au Pays basque, en criant à M. Léon Blum qui brûle d’intervenir, qui, peut-être, est déjà intervenu dans ce massacre: “Faites attention, nous ne vous pardonnerions jamais ce crime.”
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1936-07-25
Title
A name given to the resource
L’Internationale de la haine
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Le Figaro
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0186
Source
A related resource from which the described resource is derived
111e année, n°207, p.1
Type
The nature or genre of the resource
Chronique
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
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Pdf
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
massacres, guerre d'Espagne
Description
An account of the resource
François Mauriac défend la non-intervention en Espagne, au nom de son amour pour ce pays pris dans son ensemble, et signale à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Blum" target="_blank">Léon Blum </a>qu’il y aurait un danger pour lui à aider aux massacres.
guerre d'Espagne
massacres
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https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/1e5c8579272cd17ac0738e1bb40e1949.pdf
d2426990d86a71b57b7425a3cbaf77eb
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Title
A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
Texte
Ressource textuelle
Text
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De la brume et de l’engourdissement d’un music-hall, où j’ai été entraîné, ce soir, une Espagnole jaillit, la tache rouge d’un œillet au sein. Sa danse est une sorte de rage qui cède à la torpeur, renaît, puis retombe. L’Espagne est-elle encore vivante? Depuis plusieurs semaines nous ne l’entendions plus respirer. Il ne venait d’au delà des Pyrénées qu’une rumeur d’injures échangées dans tous les dialectes du monde: des races ennemies s’entre-tuaient sur un cadavre… Et voici tout à coup que la mantille sombre de la morte flotte au-dessus d’un de ces spectacles où la forme féminine, livrée aux regards, est séparée de l’esprit qui la transfigurait. Parmi tous ces jeunes corps sans âme, l’Espagnole seule est pour un soir une âme désincarnée. Absente enfin de la tuerie dont elle est le prétexte, elle a abandonné son corps aux bourreaux; et la voici qui danse pour nous qui l’aimons et la laissons mourir.
Elle danse, elle danse… J’ai sur les genoux un journal, frais imprimé, où j’ai lu tout à l’heure: “Dans la morgue de Chamartin de la Rosa, dans le quartier de Tétouan, cinquante corps étaient déjà allongés à cinq heures de l’après-midi…” Dans cette foule venue pour s’enchanter de la beauté des corps, combien sont-ils à voir que cette jeune fille en deuil danse sur un charnier?
Mais ceux mêmes qui s’entretuent là-bas en son nom, plaignent-ils l’Espagne? Que représente-t-elle aux yeux de ces Tudesques, de ces Italiens, de ces Anglo-Saxons, de ces Slaves? Il n’est pas de pays plus méconnu, plus dédaigné des nations qui, sous divers vocables, n’ont jamais adoré que la force au service de la matière.
A Madrid, durant les derniers jours de la monarchie, je me souviens d’avoir dîné chez un Grand d’Espagne, vrai modèle du Greco. De son bel œil sali de bile, il observait le représentant d’une puissance étrangère qui, le verre d’alcool à la main, parlait trop fort et dont un rire aviné fendait la face rouge brique: “Quand je songe, me dit l’Espagnol à mi-voix, que ces gens-là nous considèrent comme des singes!”
L’Espagne n’a jamais beaucoup compté à leurs yeux; mais la voici chaque jour plus étrangère à cette bataille des nations qui se livre sur son corps. Elle est foulée aux pieds des Gentils incapables d’entrer dans son mystère. Ces Russes, ces Italiens, ces Allemands viennent vider dans sa maison saccagée une querelle qui ne la concerne pas, et son propre martyre lui demeure une énigme.
Des deux côtés, les chefs ont trafiqué de son âme; des deux côtés ils l’ont livrée à des loups qui font semblant de se manger entre eux… Au vrai, ils se dévorent par procuration. Ils jouent leur partie à des centaines de lieues de chez eux. Quel merveilleux champ de manœuvres! Quel champ de tir inespéré! Ils essaient, sur le corps piétiné de l’Espagne, leurs tanks et leurs torpilles. Ils sont bien les descendants de ceux qui se servaient de leurs esclaves pour expérimenter des poisons.
Il est de moins en moins question de la victime. Ce peuple espagnol, à la fois le plus charnel et le plus spirituel, où toute idée s’incarne, où dans les cœurs les vagues de l’amour divin et de la passion humaine confondent leur écume, ce peuple est devenu la proie de ce qui paraît être le plus hostile à son génie: on l’assassine au nom de systèmes qu’il ne pourrait même concevoir, lui qui, au fond, n’a jamais balancé qu’entre la sainteté et l’anarchie, et dont la roche calcinée sépare l’enfer du ciel. Et il jette sur les nations rangées en cercle autour de son martyre, le regard effaré du taureau couvert de sang, qui ne sait plus ce qu’on lui veut.
Du démon auquel l’Espagne est livrée, on ne saurait dire que la main droite ignore ce que fait la main gauche: les protagonistes de cette guerre civile se doutent-ils que dans chaque camp c’est le même Esprit qui les meut, qui les précipite les uns contre les autres? Un Esprit qui leur est étranger: car l’Espagne a son démon certes, un démon qui n’appartient qu’à elle: cruel et triste, amoureux du sang et de la mort, mais ce n’est pas celui qui, depuis six mois, la déchire. Elle agonise, dévorée par un démon sordide et qui n’est pas à sa mesure. Le Maître de Moscou et de Berlin peut bien fouler ce peuple comme une vendange au pressoir; il ne le possédera jamais de l’intérieur; il règnera sur lui par la vertu de son poing gauche ou par la puissance de son poing droit; mais il ne réduira jamais ce “château” secret de l’âme espagnole où le drame qui se joue dépasse celui de la distribution des richesses, échappe aux catégories de l’époque et rententit dans l’éternité.
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1937-01-09
Title
A name given to the resource
Le démon de l’Espagne
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Le Figaro
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0191
Source
A related resource from which the described resource is derived
112e année, n°9, p.1
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
François MAURIAC
Relation
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<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
massacres, religion, émotion, vendange, guerre d'Espagne
Description
An account of the resource
Le spectacle d’une danseuse espagnole fait surgir l’image des victimes de la guerre civile et le souvenir de l’attitude condescendante du reste de l’Europe pour la nation espagnole.
Type
The nature or genre of the resource
Chronique
émotion
guerre d'Espagne
massacres
religion
Vendange
-
https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/0c3b1ae1e85e16bf8e50c679256f670d.pdf
29998319e2a5973c0330752600725919
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Title
A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
Texte
Ressource textuelle
Text
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Les morts des guerres civiles ne connaissent pas le repos. Ils sont mobilisés outre-tombe. Au-dessus des encriers et des buvards souillés des salles de rédaction, dans un nuage de tabac, les assassinés de Barcelone, les quatorze mille prêtres massacrés, les religieuses violées affrontent les victimes de Guernica et de Badajoz. Ainsi se perpétue la confuse mêlée des catholiques brûlés par les protestants et des protestants brûlés par les catholiques, des guillotinés de la Terreur et des fusillés de M. Thiers. La Révolution et l’Ordre se fournissent mutuellement de martyrs dont le recrutement ne finira qu’avec la férocité humaine, c’est-à-dire jamais.
De la dame qui me dit: “Il n’y a eu que dix-neuf morts à Alméria…” et du politicien qui devant ces cadavres crie d’indignation et déchire ses vêtements, je ne jurerais pas que celui-ci ait le cœur mieux placé que celle-là. Simplement, ces dix-neuf pauvres corps peuvent être utilisés par le politicien, tandis que la dame ne sait qu’en faire, et même elle en éprouve un peu d’embarras; mais il y a de grandes chances pour que l’un et l’autre soient également dépourvus de cette imagination du cœur qui inspirait à Anatole France la dernière phrase de Jean Servien (que je m’excuse de citer de mémoire): “Du sang et de la boue souillaient ses beaux cheveux qu’une mère avait baisés avec tant d’amour…”
J’ai cru longtemps que le mot de Napoléon à Metternich: “Que me fait à moi la vie d’un million d’hommes…” ou ce qui lui échappa devant un champ de bataille gorgé de cadavres: “Une nuit de Paris me réparera tout cela…”, permettait de définir une certaine espèce de grands carnassiers et celle des petits rapaces qui les imite. Mais je sais aujourd’hui que le paisible bourgeois qui, le matin, lit son journal en beurrant des tartines et qui ne s’étonne pas que, depuis son café au lait de la veille, tant de sang ait pu être encore répandu, je sais qu’il nourrit en lui le même sentiment qui dictait à Napoléon ces paroles atroces.
Pourquoi s’en indigner? On ne s’indigne pas contre la nature. Le défaut d’imagination n’est pas un crime. Il n’y a que notre propre mort et celle des êtres que nous aimons qui ne peut se regarder en face. Gardons-nous donc de faire appel au seul cœur des hommes; il faut éveiller en eux cette pitié raisonnable, volontaire, cette pitié “par devoir” qui jette de moins beaux feux, mais plus durables peut-être que ceux de la pitié sensible. Et puisque nous nous savons incapables de considérer les morts de la guerre civile sans les enrôler sous notre bannière, laissons-les dormir en paix. Donnons notre attention aux créatures encore vivantes qui, à l’instant même où j’écris, dans l’un et dans l’autre camp, interrogent avec angoisse le point du ciel d’où les avions surgissent.
Que pouvons-nous pour les habitants des villes menacées? Je pose la question à des gens qui haussent les épaules: “Que voulez-vous ! C’est la guerre! On ne réglemente pas le fléau…” ou encore: “La vie d’un marin du Deutschland vaut celle d’une petite fille d’Alméria. C’est une convention absurde qui nous fait attacher plus de prix aux civils, aux femmes et aux vieillards, qu’aux garçons de vingt ans qui sur terre, sur mer et dans le ciel servent les desseins de Moscou, de Berlin et de Rome.” Il est vrai, mais nous savons qu’en fait nous ne pouvons rien pour ces soldats, alors qu’un soulèvement des consciences en faveur des populations civiles serait, sans nul doute, efficace. Nous l’avons bien vu après la destruction de Guernica. L’acharnement de chacun des partis à crier son innocence et à charger l’adversaire témoigne assez que dans les deux camps les chefs redoutent les courants d’opinion, tels que cette lame de fond irrésistible dont les Empires centraux, dès 1914, éprouvèrent la puissance.
Il semble que du côté rouge on n’ait pas tiré tout le profit possible des zones neutres que le général Franco offrait de constituer sur le front basque. Le refus de collaboration sur ce point nous paraît venir de Valence plus que de Burgos.
En tout cas, cette médiation à laquelle veulent travailler de toutes leurs forces des catholiques français qui viennent de constituer, à cet effet, un comité d’action, ne naîtra que des initiatives dont à Genève le Comité international de la Croix-Rouge nous donne l’admirable exemple. Ses délégués se prodiguent à Madrid, à Valence, à Barcelone, à Bilbao, à Santander, à Salamanque, à Burgos et à Saint-Sébastien. Nouvelles aux familles, secours aux prisonniers, échange d’otages, envois de matériel, on saura un jour tout ce qui a été fait par des hommes dont le nom ne sera jamais connu. C’est à leur école qu’il faut nous mettre, nous tous qui aimons l’Espagne.
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A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1937-06-11
Title
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Que pouvons-nous?
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Le Figaro
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_0194
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112e année, n°162, p.1
Creator
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François MAURIAC
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Language
A language of the resource
Français
Subject
The topic of the resource
guerre d'Espagne, massacres, Histoire, mort, aide humanitaire
Description
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Constatant l'utilisation partisane qui est faite des morts des guerres civiles, François Mauriac dépasse ce triste constat pour souhaiter que les catholiques constituent un comité d'action sur le modèle de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Croix-Rouge" target="_blank">Croix Rouge</a>, capable d'agir comme médiateur en faveur des populations qui sont encore en vie.
Type
The nature or genre of the resource
Chronique
aide humanitaire
guerre d'Espagne
Histoire
massacres
mort
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https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/files/original/a29918d8402a7496daaa7ec4e5dee919.pdf
d4c2271c792a2059b9a3481281e9094e
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Title
A name given to the resource
Guerre d'Espagne (1936-1939)
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Le Comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne et le Comité espagnol pour la paix civile nous communiquent:
Les méthodes de guerre totale employées contre les non-combattants sont un crime qu’aucune raison stratégique ne saurait justifier et qui déshonorent le camp, quel qu’il soit, qui les utilise. En particulier, les bombardements aériens massifs sur des centres de population civile où les objectifs militaires, s’ils existent [---] doivent être considérés comme des mesures de terrorisme, que ce motif soit avoué ou non.
Nous constatons en ce moment une recrudescence de ces procédés. Barcelone vient d’être la proie du plus écrasant bombardement que l’on ait enregistré depuis les débuts de l’arme aérienne.
Si des raisons de simple humanité suffisent pour condamner un tel massacre de non-combattants, ce massacre devient plus révoltant encore s’il est possible lorsque les chefs responsables des opérations se réclament de la civilisation chrétienne.
Au moment où les gouvernements français et anglais joignent leurs efforts pour obtenir la fin de ces hécatombes, il est utile que l’opinion publique se fasse entendre.
Nous élevons une protestation solennelle contre ces procédés et appelons les hommes de bonne volonté, et spécialement les chrétiens, à joindre leurs voix aux nôtres.
Pour le Comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne:
Mgr E. Beaupin, directeur du Comité catholique des Amitiés françaises à l’étranger; Georges Duhamel, de l’Académie française; docteur de Fresquet, Louis Gillet, de l’Académie française; Jacques Madaule, Gabriel Marcel, Jacques Maritain, François Mauriac, de l’Académie française; Paul Vignaux, Claude Bourdet, secrétaire.
Pour le Comité espagnol pour la paix civile:
Alfred Mendizabal, Victor Montserrat, Juan Roca.
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Title
A name given to the resource
Une protestation contre le bombardement des populations civiles
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1938-03-22
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Le Figaro
Source
A related resource from which the described resource is derived
113e année, n°81, p.1
Relation
A related resource
<a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/PUBLIC" target="_blank">Notice bibliographique BnF</a>
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Pdf
Language
A language of the resource
Français
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne
Comité espagnol pour la paix civile
Subject
The topic of the resource
guerre d'Espagne, massacres, christianisme
Description
An account of the resource
Manifeste signé par le comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne et par le comité espagnol pour la paix civile.
Type
The nature or genre of the resource
Manifeste
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
François MAURIAC
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
MEL_1009
christianisme
guerre d'Espagne
massacres