Pluie et Soleil par Jean Vaunon
Éditeur : Revue Montalembert
Source : 3e année, n°17, p.65-66
Relation : Notice bibliographique BnF
Pluie et Soleil par Jean Vaunon
Monsieur Jean Vaudon a voulu goûter le plaisir mélancolique de réimprimer ses vers. Il parait qu'ils eurent quelque succès en 1883 –et si aviez la fantaisie d'acheter cette première édition, n'essayez pas: l'auteur nous avertit qu'elle est introuvable. Il nous dit aussi que d'immenses poètes comme Stéphen Liégeard, André Lemoyne, André Theuriet jugèrent ses vers plaisants, et que l'Académie “leur avait souri.” L'auteur enfin avoue qu'il ne les trouve pas mauvais. “Mon recueil sent bon la Vierge Marie et l'Enfant Jésus...”. On ne saurait mieux dire.
- Salut, ô lys de la vallée,
- Rose blanche au parfum vainqueur!
- C'est vous, c'est vous l'Immaculée,
- Notre-Dame du Sacré-Cœur!
Cela doit se chanter sur un air de cantique –Et encore que je ne trouve aucune critique à formuler, le désir me vient de relire les vers admirables de Verlaine:
- Je ne veux plus aimer que ma Mère Marie,
- Tous les autres amours sont de commandement...
Vous trouverez dans Pluie et Soleil d'aimables légendes bretonnes, des contes de Noël, des “morceaux à dire” aux séances de patronages et de collèges.
Dans certains poèmes, Monsieur Jean Vaudon se confie à nous très simplement. Je retiens celui où il nous dit les peintres qu'il aime:
- En avril, aux vergers du pays bas-normand,
- Daubigny fait fleurir les pommiers; c'est charmant.
c'est charmant! –Enfin Monsieur Jean Vaudou évoque les grandes scènes évangéliques:
- Aimez-vous bien, dit-il à ses apôtres,
- Aimez-vous bien, enfants, les uns les autres,
- Comme moi qui vous ai formés,
- Toujours je vous ai tant aimés!
- Pour vous donner enfin la loi sacrée
- Du saint amour qu'au fond des cœurs je crée,
- Depuis longtemps j'étais jaloux
- De manger la Pâque avec vous.
Mettre en vers les paroles du Sauveur –et sur ce rythme sautillant cela est évidemment ingénieux...
Et voici que des vers chantent en moi, ceux de la “Poursuite divine” de l'abbé Le Cardonnel. –Jean Vaudon me pardonnera de vous les citer.
- O mon Dieu vous avez des ruses adorables
- Pour triompher des cœurs et vous les attacher,
- Car vous êtes épris de ces cœurs misérables:
- Jusqu'au bord de l'enfer vous courez les chercher,
- Et vous penchant sur eux doucement vous leur dites
- De céder à l'amour et de ne plus pécher.
- Puis si l'enchantement des vanités maudites
- Ne les a pas lassés, vous ne vous lassez pas
- Vous, de renouveler vos ardentes poursuites,
- Vous allez devant vous et vous tendez les bras;
- Il faudra que demain la brebis égarée
- Y repose arrachée aux ronces d'ici-bas.
- Ah! comme en Emmaüs, dans la calme soirée,
- Qu'au moins sur votre sein, vers le tomber du jour,
- Nous appuyions, Seigneur, notre tête éplorée...!
Et il vous apparaîtra que le sentiment religieux peut inspirer des vers d'une beauté émouvante et simple –qui n'ont rien de commun avec ceux de M. Jean Vaudou.