Abel Hermant et la Jeunesse
Date : 01/02/1927
Éditeur : Le Divan
Source : 19e année, n°126, p.65
Relation : Notice bibliographique BnF
Type : Portrait
Abel Hermant et la Jeunesse
M. ABEL HERMANT est un romancier qui n'écrit pas avec son cœur. On ne saurait dire de lui “qu'il porte son cœur en écharpe”. Les feux de son esprit qu'il projette sur les gens rappellent ces lumières impitoyables dont ne triomphent que les très jeunes visages. La seule jeunesse désarme ce moraliste sans illusion. Il faut que son Courpière dépasse la trentaine pour devenir décidément hideux. M. Abel Hermant accorde à l’humanité cette absolution éphémère: “Et c'est être innocent que d'être jeune et beau.” Hors la jeunesse, il ne reconnaît que “le pouvoir des esprits sur les esprits qui leur sont inférieurs” comme écrivait superbement Pascal à la reine de Suède.
A ce lucide ennemi de toutes les nuées, il faut pourtant un refuge, un paradis: une jeunesse qui ne passe pas. Ainsi se repose-t-il en esprit dans une Athènes selon son cœur –qui peut-être rappelle moins la ville de Périclès que Magdalen-Collège– et s'évade-t-il d’un monde où la beauté ne règne pas et où il ne saurait pardonner à personne (non plus qu’à lui-même) ce crime inexpiable de vieillir.