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Le Menteur Viviani

Référence : MEL_0414
Date : 18/04/1914

Éditeur : Le Journal de Clichy
Source : 8e année, n°495, p.2
Relation : Notice bibliographique BnF

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Le Menteur Viviani

D’après M. M. du Réveil municipal, M. Viviani a fait bonne justice de “mensonge” de la droite qui l’accusait de n’être point partisan de la neutralité scolaire.
Oui, mais le Viviani qui, en 1914, porte ainsi aux nues la neutralité est le même Vivani qui, en 1904, écrivait dans l’Humanité:
“Et la neutralité? Elle fut toujours un mensonge. Certes, elle fut peut-être un mensonge nécessaire, lorsqu’on forgeait, au milieu des impétueuses colères de la droite la loi scolaire. On promit cette chimère de la neutralité pour rassurer quelques timidités dont la coalition eût fait obstacle au principe de la loi. Mais Jules Ferry avait l’esprit trop net pour croire à l’éternité de cet expédient. Et le malheur, c’est que ses disciples prennent pour un principe ce qui, dans ses mains un peu lourdes, ne fut qu’un prétexte.”
Quel est le menteur?
M. M., brûlant d’admiration pour le discours de Viviani, en cite cette phrase: “Ceux-là ont fondé notre croyance moderne qui repose sur ce principe: l’humanité doit se racheter par elle-même par la souffrance et son labeur.” Ecoutez-moi bien, M. M. (qui êtes je crois, le sympathique vieux Pirouge) –ou cette formule ne signifie absolument rien– ou elle atteste que votre Viviani admet avec nous le dogme du péché originel. Car, enfin, si vous ne croyez pas à la chute pourquoi voulez-vous que l’humanité soit rachetée? A cause des fautes qu’elle commet, me direz-vous. Mais qui décidera que tel est bon ou mauvais? Bonnot et Garnier considéraient que la “reprise individuelle” come ils qualifiaient le vol –était un droit– que la révolte contre la société était le premier des devoirs… Sur quoi baserez-vous votre affirmation contraire? S’il n’y a pas de Dieu, si l’homme ne doit chercher son idéal que sur la terre, comme le veut votre Viviani, prouvez donc aux apaches, aux assassins, à Mme Caillaux, à tous les enfants criminels dont le nombre croît tous les jours, que l’idéal sur la terre ne consiste pas à “jouir” le plus possible! Vous ne le pourrez pas, vieux Pirouge, ni vous, ni même Viviani. De plus intelligents y ont échoué. Vous êtes un grand maladroit, Vieux Pirouge, de vous dire le fils de Voltaire. Ignorez-vous que ce bourgeois-gentilhomme a méprisé le peuple au point de réclamer pour lui un bâton et du foin? Ignorez-vous qu’il disait que “la canaille serait toujours la canaille et ne serait jamais éclairée”? Ah! non! Nous, pour qui tout homme est un âme immortelle rachetée par le sang du Christ, nous aimons trop nos frères pour nous dire les fils de Voltaire!

[F. S.]

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F. S. (pseudonyme de François Mauriac), “Le Menteur Viviani,” Mauriac en ligne, consulté le 19 avril 2024, https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/items/show/414.

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  1. BnF_Journal de Clichy_1914_04_18_2.pdf