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Les Suprêmes Arguments de M. Moitet

Référence : MEL_0415
Date : 25/04/1914

Éditeur : Le Journal de Clichy
Source : 8e année, n°496, p.1-2
Relation : Notice bibliographique BnF

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Les Suprêmes Arguments de M. Moitet

Les suprêmes arguments de M. Moitet sont dans le dernier numéro du Réveil Municipal:
Sa photographie. –Tous les habitants de Clichy peuvent, pour un sou, se payer sa tête;
Sa biographie. –Il y a, je le reconnais, de la crânerie à oser se vanter d’une aussi glorieuse carrière! Il ressort de ce court récit qu’en l’an 1884, M. Georges Motet fut reçu bachelier es-sciences –pas moins! –Il n’est pas encore revenu de son étonnement!
Cela le mène à être répétiteur à Chaptal. Voilà un titre à notre confiance! Un ancien répétiteur à Chaptal possède sur la défense nationale et sur la question financière des compétences devant lesquelles nous nous inclinons. Il serait encore répétiteur à Chaptal, si après une révolte des hommes de service (?), il n’avait été mis en congé illimité. C’est une tradition radiale de débiter dans la carrière par être mis à la porte. Ajoutez à tous ces titres que M. Moitet a des connaissances astronomiques. Ce disciple de Viviani peut-il s’intéresser aux étoiles avec un autre désir que celui de les éteindre? Enfin, il se glorifie d’avoir été un sous-ordre du ploutocrate Berteaux: “la mort seule” nous dit-il a pu séparer ce que l’assiette au beurre avait uni.
Voilà l’homme qui a la candeur de prétendre à nos suffrages! Telle est l’histoire du “candidat unique du parti radical et radical-socialiste” –unique dans le médiocre, oui, au point que même chez les Radicaux nous aurions de la peine à trouver son pareil. Oh! Il a de l’humilité: “Je n’apporte, écrit-il, aucunement ces facultés en apparence invincibles…” Qu’apporte-t-il donc? Il va vous le dire dans ce style dont je vous prie d’admirer la hardiesse: “Je me contente de donner à la cause populaire un cerveau qui peut s’adapter à toutes les assimilations nécessaires”.
—Hé bien! Le peuple, cher M. Moitet, redoute votre cerveau. Il n’en veut pas. J’ose espérer qu’il va repousser à une forte majorité l’offre que vous lui faites de ce cerveau qui s’adapte à des assimilations (depuis le temps que vous corrigez des devoirs de style, vous auriez dû apprendre à ne point saboter ainsi le français…). Mais, sous toutes les formes, vous êtes ennemi du français.
Votre cerveau qui s’est adapté à l’assimilation radicale y a gagné quelques petites travers et singulièrement une tendance au mensonge et un penchant à l’hypocrisie.
Vous dites: “Le programme que je présente à vos suffrages est celui de mon Parti élaboré au Congrès de Pau.” Or vous savez qu’au Congrès de Pau fut décidé le retour par tous les moyens possibles à la loi de deux ans; –dès que vos gens furent au Pouvoir ils ont abandonné cet article du programme. Ils n’ont rien fait de ce qui fut décidé à Pau, parce qu’avant tout ils voulaient se maintenir au pouvoir. Vous êtes le parti de l’assiette au beurre: jetant par-dessus bord vos fameux principes pour vous faire une majorité. Si pour le malheur de ce pays, vous triomphez Dimanche prochain, alors, oui, vous n’irez pas de main morte. Pendant quatre ans vous vous en donnerez à cœur joie de saboter la défense nationale, de travailler pour l’Allemagne.
Quand à la classe ouvrière, vous lui donnerez la seule chose que vous êtes capable de lui donner parce que cela satisfait votre haine et emplit vos poches: vous lui donnerez du curé et encore du curé… Ce que j’ai fait pour la cause du peuple, citoyens, pourrez-vous dire, j’ai chassé ce qui restait encore des sœurs gardes-malade, j’ai fait mourir en exil de vieilles religieuses, j’ai fait voler leurs biens par des Duez, j’ai persécuté les serviteurs et les servantes des pauvres, moi qui compte Rochette parmi mes amis et qui suis au service de la Finance puisque je suis franc-maçon.
Le franc-maçon Moitet! Votons tous contre lui, citoyens de tous les partis! Il est l’ennemi de tous ceux qui veulent réaliser ici bas plus de justice. Depuis que les Radicaux sont au Pouvoir ils n’ont rien fait que de l’anticléricalisme. Ils ont dupé l’ouvrier avec le spectre anticléricale, comme on dupe les enfants en se mettant la tête sous un drap.

Tous contre le franc-maçon Moitet!

[François Sturel]

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François STUREL (pseudonyme de François Mauriac), “Les Suprêmes Arguments de M. Moitet,” Mauriac en ligne, consulté le 19 avril 2024, https://mauriac-en-ligne.huma-num.fr/items/show/415.

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  1. BnF_Journal de Clichy_1914_04_25.pdf