Les livres: de David à Degas par J-E Blanche
Date : 25/08/1919
Éditeur : Revue des jeunes
Source : 9e année, n°16, p.255-256
Relation : Notice bibliographique BnF
Type : Note de lecture
Les livres: de David à Degas par J-E Blanche
Voici un ouvrage sur la peinture qui, par miracle, n'est pas d'un littérateur mais d'un peintre. Degas s'exaspérait d'entendre les gens de lettres juger de haut celui des arts qui exige le plus qu'on en connaisse la technique pour en bien parler: et Huysmans même ne trouva pas grâce à ses yeux. Jacques Blanche a beau jeu pour nous montrer comme les grands artistes du dernier siècle furent admirés à cause de leurs défauts et malgré leurs qualités. II comprend l'histoire de l'art comme une résurrection: nous n'ignorons aucun tic, aucune manie des peintres qu'il étudie et qu'il fait revivre dans leur milieu social et dans leur atmosphère. Ce témoin a une mémoire terrible. Il appuie sur le trait et s' il ne verse jamais dans la caricature ni dans la charge, il s'en faut de peu. A ceux de nos lecteurs qu'intéresse le catholicisme anglais, je signale l'étude sur Aubrey Beardsley:
“Il y eut vers les années quatre vingt, beaucoup de conversions à Londres. Ce fut une mode et un [engoûment] dans le monde des arts d'embrasser le catholicisme au moment où s'achevait la surprenante cathédrale byzantine, le plus bel édifice moderne de la ville sinon la plus belle église élevée de nos jours; théâtrale, sombre – elle n'était pas encore revêtue de ces mosaïques à fond d'or, des marbres et des onyx sous lesquels doit disparaître sa paroi de briques, mais elle était pleine d'en cens et d'une mise en scène somptueuse. Ce temple dont les coupoles rappellent le décor de Parsifal, attirait ceux que le culte protestant rebute par sa froideur...”
M. Marcel Proust a écrit pour ce beau livre une préface merveilleuse.