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Les pierres ont crié

MICMAU_Temps présent_1938_07_15.pdf

Revision as of 14 avr. 2015 17:00:01, edited by 147.210.116.173

Dimanche, à Reims, la France a pris conscience de sa mission. Le légat du Pape n’a eu qu’à définir la vocation de la France chrétienne dans le monde pour interpréter les sentiments de tous les Français qui ont gardé la foi dans leur patrie: “La France, a-t-il dit, a été constituée messagère de liberté, source de paix. Mais où est donc cette liberté?” Le cardinal légat la désigne d’un mot: “La primauté de la personne humaine.”
Nous ne désespérons pas d’une nation chargée de défendre, comme le proclamait encore l’archevêque de Reims, “ce que saint Paul appelle la loi de l’esprit qui doit libérer l’homme de toute servitude.” Ainsi donnait-il un démenti à cette campagne de démission poursuivie sournoisement dans une partie de la presse française.
Car c’est au rôle qui est confié que nous jugeons de l’importance d’un protagoniste. Quand on découvre ce qui repose, aujourd’hui, entre les mains de la France, quand ce dépôt sacré apparaît à tous les yeux, il n’est plus possible de douter d’elle, ni de ce qui lui reste encore à accomplir.
Mais qui ne voit qu’en face des manifestations “spectaculaires” de Berlin et de Rome, la démocratie française n’a pas assez souvent l’occasion de prendre conscience d’elle-même et de son rôle providentiel?
Les lieux sacrés de l’Église de France et les grands souvenirs qui s’y rattachent devraient être plus souvent le rendez-vous proposé à tous ceux qui croient que la Nation à laquelle ils appartiennent est toujours la grande Nation.
En montrant cette force-là, qui est toute spirituelle, nous assurerons la Paix. Car ce qui se dresse entre la guerre et nous, la dernière barrière qui nous sépare de cette horreur, c’est le doute, c’est l’hésitation du chancelier allemand et de ceux qui l’inspirent, touchant le degré de notre décadence. Ce visage humilié de la France, cette grimace que certains journaux français lui imposent, il ne la reconnaît plus. La cathédrale de Reims a tenu bon. L’unité française tiendra. La présence du chef de l’État et des ministres du Front populaire, sous ces voûtes qui ont vu Jeanne d’Arc, l’avertissent que la France, le jour où il lui sauterait à la gorge, ne serait plus qu’un corps et qu’une âme, défendue par les vivants et par les morts.