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Le Silence de la Presse

MICMAU_Sept_1936_06_26.pdf

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La grande presse a fait le moins d'écho possible aux admirables manifestations de la jeunesse catholique française lors de son congrès jubilaire. Les uns l'ont déploré; d'autres se sont réjouis... J'avoue n'en avoir éprouvé ni surprise, ni chagrin.
Quelle folie d'espérer que ceux qui, par profession, parlent de ce qui n'existe pas, et dont le rôle en ce monde semble être de donner au néant une espèce de substance, puissent comprendre qu'un des événements les plus extraordinaires de notre époque est l'existence d'une jeunesse ouvrière passionnément chrétienne!
Le courant que chacun de ces garçons a dû remonter à l'atelier, dans la famille dans son propre cœur est d'une telle force, il existe contre le Christ une coalition si puissante de son intérêt et de ses passions, que la vue d'un seul jociste devrait pourtant étonner même le rédacteur d'un grand journal. Et que dire alors de leur nombre et de leur organisation!
Mais ce qui est, n'est pas dans les journaux. La Presse a horreur de ce qui est au point qu'elle en est arrivée à créer des feuilles dans lesquelles il n'y a, à la lettre, rien, et dont le succès est en raison directe de ce rien. La grande découverte des Emile de Girardin d'aujourd'hui, c'est que le public n'ayant jamais lu que les titres, on peut supprimer les articles, sans même qu'il s'en aperçoive.
D'ailleurs, même les feuilles sérieuses ne reflètent pas la véritable histoire. Ce que Balzac appelait l' envers de l'histoire contemporaine leur échappe. L’histoire universelle est faite de millions d'histoires individuelles –et la victoire de la grâce dans un seul cœur importe à tout l'univers.
Depuis la guerre, les économistes font rire à cause de leur sûreté dans l'erreur. Ce dont leurs calculs ne tiennent pas compte, c'est cela qui compte justement. Les milliers de garçons ouvriers, paysans, étudiants que j'ai vus à Notre-Dame, dans la nuit de la Pentecôte, priant d'une seule âme et d'une seule voix, ça ne valait peut-être pas le cliché de Paris-Soir, entre tous les veaux à cinq pattes de l'actualité. Et pourtant, au cœur même du prolétariat, l'action de cette jeunesse ouvrière qui n'est qu'amour peut avoir –même sur le plan temporel– des conséquences qu'on ne peut mesurer.
En attendant, elle est un signe de bénédiction et de grâce: le signe que nous ne sommes pas abandonnés, que nous sommes toujours protégés, toujours aimés, et qu’en dépit des apparences contraires, le monde continue d'être vaincu.

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