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Badajoz

MICMAU_Sept_1936_08_21.pdf

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Un article de Mauriac

Nous avons déjà dit notre reconnaissance à Mauriac pour avoir exprimé “dans des circonstances troubles et troublées notre conscience catholique”; voici de nouveau un magnifique article, que publie le Figaro du 18 août sous le titre: “Badajoz”:
Je ne crois pas beaucoup aux “cas de conscience insolubles. Même dans l'horreur d'une guerre civile, l'homme sait qu'il peut donner sa vie pour ce qu'il croit être la vérité –qu'il peut défendre la vérité– sa vérité –les armes à la main. Mais il sait aussi que les exécutions en masse des vaincus, que l'extermination de l'adversaire –ce qui était la loi avant le Christ– représente le triomphe le plus affreux que la puissance des ténèbres connaisse en ce monde.
Les massacres et les sacrilèges de Barcelone dictaient aux vainqueurs de Badajoz leur conduite. Ils se réclament de “la religion traditionnelle de l'Espagne”. Ils ont célébré à Séville, Je jour de l'Assomption, l’humble Reine du ciel et de la terre, la Mère des hommes. Celle qui a jeté ce cri que l'humanité n'oubliera pas: “Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles…” Ils n'auraient pas dû, en ce jour de sa fête, verser une goutte de sang de plus que ce qu'exigeait l'atroce loi de la guerre.
Quelle époque, hélas! que celle où le “camp de concentration” apparaît comme une mesure recommandée par la charité et par pitié!
Eh! quoi, ces Espagnols amis des taureaux, accoutumés à parquer ces bêtes furieuses, n'auraient-ils pu entourer, désarmer leurs frères désespérés, les laisser, derrière des palissades, cuver le vin de la vengeance et de la haine? –N’auraient-ils pu commencer tout de suite l'œuvre de la réconciliation et du pardon, au nom de celle dont c'était la fête, ce jour-là, sur la terre et dans le ciel?
Victoire souillée, comme toutes celles de celle lutte fratricide. Et maintenant, Français qui êtes vous-mêmes au bord de la guerre civile, considérez ce qu'elle est: la guerre étrangère ne comporte, le plus souvent, aucune haine réelle. Un des soucis des états-majors, durant le conflit franco-allemand, ce fut la fraternisatipn des troupes. Ces jeunes hommes dressés les uns contre les autres ne se haïssaient pas –et secrètement ils s’aimaient.

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Lucien Romier s'étonnait, hier, que les nations européennes ne fissent rien pour le salut des otages en Espagne. Comme il avait raison. Le problème de l’intervention est mal posé. Il faudrait toujours un plan d'action où tous les partis de tous les pays seraient d'accord pour intervenir. La non-intervention, il faut l'avouer, au dégré de fureur où le drame a atteint, ressemble à une complicité. Au secours des otages dans les deux camps: pour le salut des prisonniers dans les deux camps; c'est sur ce plan-là que tous les Français deviendraient interventionnistes, tous ceux du moins qui ont assez d'imagination pour se représenter ce que signifie ce simple titre dans un journal du soir : La prise de Badajoz.

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