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Je me souviens d’une Messe, dans la chapelle de la Sorbonne, où j’étais délégué par l'Académie française et à laquelle assistaient le Recteur, quelques professeurs et beaucoup d'étudiants. Lorsqu'après l’Evangile, le cardinal Verdier se tourna vers cet auditoire redoutable, je ressentis une vague inquiétude qui s'exprime en nous par la question: “Comment va-t-il s'en tirer”.
Mais justement, il ne s'en tira pas: il parla du ton le plus simple et le plus juste, comme un prêtre très pieux, sans qu'aucune de ses paroles pût choquer ou dérouter un auditeur incroyant. Non qu'il fit à cet auditeur la moindre concession. Il n'affectait pas de parler d'autre chose que de ce qui intéresse le salut des âmes; et pourtant il s'adressait à tous: chacun de ces professeurs, et même les francs-maçons devenaient brebis de son troupeau.
La piété toute seule n'eût peut-être pas suffi à expliquer cette réussite. Dans les éloges funèbres qui ne lui ont pas manqué ces jours-ci, on n'a pas assez dit comme le cardinal Verdier était fin. Les vertus chrétiennes le détachèrent des honneurs qui s'étaient abattus sur lui; mais son détachement m'a toujours paru, si j’ose dire, à base d’intelligence. Ces grandeurs de chair que le saint en lui méprisait, l’homme en avait pris l’exacte mesure.
Et de même pour le monde: j’ai eu deux fois l’honneur de dîner à ses côtés. En ces deux occasions, il eut de ces vives remarques dont une extrême charité tempérait l’extrême malice. Ce qui me frappait, dans ce grand et saint Cardinal, c'était cette alliance de l'esprit surnaturel avec l’esprit de finesse.