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26 Septembre

MICMAU_Temps présent_1938_09_30.pdf

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Aujourd’hui, lundi 26 septembre, l’irréparable n’est pas encore accompli et c’est là notre unique raison de ne pas perdre cœur. Puisque les dés ne sont pas jetés, nous espérons “désespérément”. Si les événements sont, comme le dit Pascal, des maîtres que Dieu nous donne de sa main, nous récuserons celui-là, de toutes nos forces, tant que son poing ne pèsera pas sur notre nuque, tant que nos enfants resteront auprès de nous.
Mais même si la menace s’éloigne une fois encore, l’approche seule du fléau immonde, vingt ans après la grande guerre, nous juge et nous condamne, nous, les survivants. En juillet dernier, j’ai fait faire à mon plus jeune fils le pèlerinage de Verdun. Vingt années n’ont presque rien changé à l’aspect du Mort-Homme. La terre y est encore en agonie. Et déjà, il faudrait recommencer!
Outre nos responsabilités particulières, il existe pour toute notre génération une responsabilité collective. Le néant ridicule dans lequel sombre la Société des Nations mesure la faillite de cette espérance dont les morts de Verdun nous avaient faits les héritiers.
Mais à quoi bon parler, maintenant? Je demande pardon à ceux qui me lisent: si le signal de la tuerie était donné, je ne serais même pas bon à “remonter le moral” . Déjà écrire me paraît criminel. Aligner des mots, arranger des phrases… j’ai pu me laisser aller lorsqu’il s’agissait d’autres peuples. Mais aujourd’hui “le reste est silence” … Non! corrigeons ce mot de Shakespeare et disons: “le reste est prière” .

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